Meurtre de Lola : Le Pen et Zemmour "main dans la main" à une marche jeudi ?

Meurtre de Lola : Le Pen et Zemmour "main dans la main" à une marche jeudi ? Après les invectives de LR et du RN à l'Assemblée mardi, la récupération du meurtre sordide de Lola continue, avec une marche soutenue par les deux partis rivaux d'extrême droite...

La récupération politique du meurtre de Lola, cette jeune fille de 12 ans, tuée et probablement torturée vendredi 14 octobre, dans le 19e arrondissement de Paris, aura été complète en moins d'une semaine. Alors qu'on peine encore à comprendre les circonstances et les motifs du crime et que l'enquête ne fait que commencer, une marche devrait être organisée dans la capitale ce jeudi, à l'initiative de l'Institut pour la justice (IPJ). Une organisation de droite radicale qui entend défendre les victimes et plaide pour une justice plus sévère.

En mémoire de Lola donc, mais aussi de "toutes les victimes", l'association a reçu l'assentiment de Marine Le Pen comme d'Eric Zemmour, qu'on croyait pourtant irréconciliables depuis l'élection présidentielle. Détail significatif : le Rassemblement national et Reconquête ! se trouveront donc côte à côte à cette  manifestation. Si Eric Zemmour a assuré qu'il serait personnellement présent, du côté du RN, c'est Jordan Bardella qui devrait mener une "délégation d'élus du parti". Les intentions de Marine Le Pen ne sont pas encore connues. Le HuffPost dit avoir eu la confirmation que la patronne du RN serait bien présente avant de se rétracter. Plusieurs autres organisations de droite radicale ou d'extrême droite seront aussi de la marche, comme l'Action française, Civitas ou encore le syndicat étudiant Uni. Il n'est pas encore exclu que certains leaders de la droite - Eric Ciotti ou Bruno Retailleau - participent, mais la prudence était de mise ce mercredi.

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Si le sort de Lola semble autant émouvoir l'extrême droite, c'est certainement à cause du caractère sordide du drame, mais d'abord en raison du profil de la principale suspecte, Dahbia B. La jeune femme, née en Algérie, était arrivée en France en 2016, avec un visa étudiant. Visa périmé depuis 2019. Depuis le 22 août, celle-ci faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire qui était restée sans suite. Une illustration, selon le Rassemblement national, le parti Reconquête ! d'Eric Zemmour, mais aussi selon une partie des Républicains, des failles du gouvernement en matière d'immigration et de politique de reconduite à la frontière des étrangers en situation illégale.

Si le prénom de Lola circule depuis le week-end dernier sur les réseaux de la fachosphère et dans la bouche de plusieurs leaders d'extrême droite, il a finalement été invoqué dans un cadre solennel ce mardi, à l'Assemblée nationale, sur les bancs de LR comme sur ceux du RN, pour la séance des questions au gouvernement. Eric Pauget, député LR des Alpes-Maritimes, aura été le premier à l'offensive : prévenant que sa "colère" l'avait emporté sur sa "pudeur", ce dernier a souligné "la faiblesse de la République" ainsi que le "laxisme" de la politique du gouvernement en matière d'immigration. Et Eric Pauget, sous les applaudissements des élus du Rassemblement national, d'exiger un "droit au procès", balayant d'un revers de main des doutes sur la responsabilité pénale de la suspecte, comme sa présomption d'innocence. Dahbia B. ferait d'ores et déjà selon lui partie de "ces bourreaux qui n'ont leur place que dans l'avion ou en prison".

La présidente du groupe RN à l'Assemblée nationale, Marine Le Pen, aura abondé en jugeant que Dahbia B. "n'aurait pas dû se trouver sur notre territoire depuis plus de trois ans" et que "trop de crimes et de délits sont commis par des immigrés clandestins qu'on n'a pas voulu ou pas su renvoyer chez eux".

Macron et le gouvernement obligés de réagir

Face à l'émotion suscitée par le meurtre de Lola, l'exécutif a été obligé de réagir à commencer par son sommet. Dès lundi, Brigitte Macron s'exprimait sur la mort de Lola en marge d'une visite dans un collège. Un "drame abominable et intolérable" qui ne doit "plus jamais être" selon elle. La présidence de la République a pour sa part laisser fuiter mardi une information selon laquelle Emmanuel Macron avait déjà reçu la famille de la petite victime à l'Elysée afin de l'assurer "de toute [sa] solidarité et de [son] soutien".

Quant aux attaques de la droite et de l'extrême droite, la Première ministre Elisabeth Borne a appelé mardi à l'Assemblée à la "décence" et demandé qu'on laisse "la police et la justice faire leur travail". Elle suivait une intervention du ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, scandalisé que des élus puissent "se servir du cercueil d'une gamine de 12 ans comme on se sert d'un marchepied".

Ce mercredi, Elisabeth Borne se trouvait de nouveau sous le feu des élus, au Sénat cette fois, le président du groupe Les Républicains, Bruno Retailleau, a estimé que la première ministre faisait une "erreur en réduisant la mort de Lola à une simple actualité". Ce à quoi elle a répondu qu'"en politique, nous devons toujours choisir la dignité".

Un peu plus tôt, le porte-parole du gouvernement Olivier Véran reconnaissait que le gouvernement devait "évidemment faire mieux" concernant l'application des obligations de quitter le territoire et que l'exécutif travaillait "d'arrache-pied pour que les expulsions puissent avoir lieu dès lors que les arrêtés sont annoncés".