Manifestant blessé et amputé d'un testicule : que s'est-il passé ?

Manifestant blessé et amputé d'un testicule : que s'est-il passé ? Une enquête de la police des polices a été ouverte après des faits de violences d'un policier sur un jeune homme pendant les manifestations du 19 janvier, à Paris. La victime a dû être amputée d'un testicule et a porté plainte.

[Mis à jour le 23 janvier 2023 à 18h49] S'ils ont été rares, quelques heurts ont eu lieu en marge des manifestations du 19 janvier à Paris. Les forces de l'ordre ont eu recours à des grenades de désencerclement et parfois à des coups de matraque... qui n'étaient peut-être pas toujours justifiés. C'est un geste en particulier qui a entraîné l'ouverture d'une enquête par l'inspection générale de la police nationale (IGPN) pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique", ce lundi 23 janvier. La police des polices est chargée de mener les investigations sur un coup porté à l'encontre d'un jeune homme de 26 ans. Lequel a été grièvement blessé à l'entre-jambe et a dû subir l'amputation d'un testicule selon les informations du Figaro et de BFMTV.

Le franco-espagnol a pu être interrogé par Libération à la suite de ce coup très violent, il a annoncé porter plaine "pour que cela s'arrête, car je ne suis pas la première personne à subir des violences de la part de policiers, sauf que là, la scène était filmée" a déclaré l'homme qui devait rejoindre son cousin, adhérent de la CGT au sein du cortège le 19 janvier. L'ingénieur qui vit en Guadeloupe a raconté de son point de vue cette agression : "le policier tombe du ciel, il prend de l'élan, il saute avec tout son poids juste à côté de moi et, en même temps, il me donne un grand coup de matraque au niveau de l'entrejambe" a-t-il narré, toujours à Libération. De son coté le gouvernement, par le biais de son porte parole a réagit demandant "une enquête claire ".

Le préfet de police de Paris Laurent Nunez, a indiqué avoir demandé "au directeur de l'ordre public et de la circulation (DOPC) à ce que les circonstances exactes de l'incident rapporté soient éclaircies". Mais la préfecture a ajouté que les faits ont eu lieu "dans un contexte d'extrême violence et dans le cadre d'une manœuvre de police pour interpeller des individus violents".

La victime opérée et "sous le choc"

Le jeune homme victime du coup de matraque serait sorti de l'hôpital après l'opération mais serait encore "sous le choc", selon la chaîne d'information en continu. La victime du coup policier, un ingénieur franco-espagnol vivant en Guadeloupe, a déposé une plainte pour ce "geste extrêmement violent et gratuit qui confine au sadisme", a fait savoir son avocate Me Lucie Simon.

Le jeune homme était en train de filmer les CRS avec son téléphone alors que les forces de l'ordre étaient attaquées par des jets de projectiles et intervenaient pour disperser des "Black Blocks". Selon l'avocate du jeune homme, "un premier policier lui a donné un coup de pied, il est tombé et s'est retrouvé sur le dos". "Il était alors parfaitement inoffensif lorsqu'un policier lui a assené un coup de matraque de manière parfaitement délibérée dans les parties génitales", a-t-elle indiqué dimanche à l'antenne de BFMTV.

"Sa vie est en train de basculer avec des conséquences irréversibles sur sa santé physique et sa santé mentale", a ajouté l'avocate du jeune homme. "Mon client est dans l'incompréhension. Il me racontait sur son lit d'hôpital qu'il est pris par cette image de ce policier qui se jette sur lui, qui lui assène ce coup. Il dit que c'est un cou cruel, qu'il y a volonté de faire mal.

La plainte est déposée pour le chef exact de "violences volontaires ayant entraîné une mutilation par personne dépositaire de l'autorité publique". Et Me Simon d'ajouter : "C'est une qualification criminelle, on n'est pas dans un état de légitime défense ou de nécessité, j'en veux pour preuve les images qu'on a et le fait qu'il n'ait pas été interpellé par la suite". "Nous demandons l'identification du policier. On a besoin d'entendre le policier, de savoir sa version quand bien même je doute qu'elle nous satisfasse", a ajouté l'avocate. "On regrette une forme d'inertie judiciaire dans ce dossier", a-t-elle aussi regretté.