Attentat à Paris : l'assaillant radicalisé "revendique" l'attaque, son suivi socio-judiciaire interroge

Attentat à Paris : l'assaillant radicalisé "revendique" l'attaque, son suivi socio-judiciaire interroge L'auteur de l'attentat à Paris, Armand Rajabpour-Miyandoab, a revendiqué l'attaque durant sa garde à vue et l'a présentée comme une réponse à la "persécution des musulmans". Déjà condamné, fiché S et atteint de troubles psychiatriques, l'homme était surveillé de près.

C'est un attentat perpétré par un individu radicalisé connu de la justice. L'attaque est survenue le samedi 2 décembre, vers 21 heures, entre le quai de Grenelle et le pont de Bir-Hakeim dans le 15ème arrondissement de Paris, à seulement quelques pas de la tour Eiffel. Dans sa course meurtrière, l'assaillant Armand Rajabpour-Miyandoab a tué un homme et en a blessé deux autres. Rapidement interpellé le Franco-Iranien de 26 ans a été placé en garde à vue dès le samedi soir et a, au fil des auditions, "assumé et revendiqué" l'attaque menée en réponse à "la persécution des musulmans dans le monde".

Seulement quelques minutes avant l'attentat, l'homme avait prêté allégeance à l'Etat islamique dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, laissant peu de doute sur le caractère terroriste de l'attaque. Le parquet national antiterroriste (PNAT) s'est d'ailleurs immédiatement saisi de l'affaire en ouvrant une enquête pour "assassinat", "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste" et "association de malfaiteurs terroriste criminelle".

L'auteur de l'attentat, fiché S et déjà condamné

L'assaillant a été identifié comme un Franco-Iranien de 26 ans prénommé Armand Rajabpour-Miyandoab. Fiché S pour radicalisation islamiste, l'homme est connu des services de renseignement, mais il est aussi connu de la justice puisqu'il a déjà été condamné pour association de malfaiteurs dans un précédent projet d'attaque en 2016 dans le quartier parisien de La Défense. A l'époque, le jeune homme converti à l'islam se rapproche de la mouvance radicale et entre en contact avec le djihadiste Maximilien Thibaut, parti avec sa femme et ses enfants rejoindre l'Etat islamique en 2015 et présumé mort. Il échange également avec Larossi Abballa, le tueur du couple de policiers tué à Magnanville en 2016, et avec Adel Kermiche, un des terroristes responsables de la mort du père Hamel à Saint-Étienne-du-Rouvray en 2016. Ce sont ses contacts avec le dernier qui lui valent une interpellation et une condamnation.

Armand Rajabpour-Miyandoab était libre depuis 2020, mais faisait toujours l'objet d'une surveillance particulière due à sa radicalisation, notamment des mesures individuelle de contrôle administratif et de surveillance (Micas). Il était également suivi par le dispositif Pairs-Paris chargé de l'accompagner dans son processus de désengagement idéologique et de déradicalisation. Depuis sa libération, l'homme assurait s'être "éloigné de la religion" grâce à sa mise à distance des prosélytes en prison. Le profil de l'assaillant était toutefois encore difficile à cerner selon les différents témoignages des médiateurs de Pairs-Paris dont certains ont assuré ne pas croire à sa déradicalisation auprès de Médiapart.

Outre la radicalisation de l'individu, c'est aussi son profil psychiatrique qui est au cœur de l'enquête. Armand Rajabpour-Miyandoab a développé des troubles durant sa détention et suivait un traitement médicamenteux comprenant des neuroleptiques jusqu'à l'arrêt des soins, convenu avec son médecin, en mars 2022. Une nouvelle expertise avait pourtant conclu en août 2022 à la reprise nécessaire d'un traitement et délivré une injonction de soins. Dans son dernier rapport daté d'avril 2023 le médecin n'avait identifié aucune dangerosité psychiatrique. Le comportement de l'assaillant avait toutefois été signalé en octobre 2023 par sa mère qui avait refusé de recourir à une hospitalisation forcée.

Quatre personnes mises en garde à vue

En plus d'Armand Rajabpour-Miyandoab, trois autres personnes ont été placées en garde à vue après l'attentat de Paris : les parents de l'assaillant et une jeune femme radicalisée de 27 ans et fichée S que l'homme avait rencontré la veille de l'attaque. Les enquêteurs ne savent pas encore si elle a joué un rôle dans l'attaque. La mère et le père de l'auteur de l'attaque ont été remis en liberté dans la soirée du lundi 4 décembre. La garde à vue de l'assaillant peut durer jusqu'à 96 heures, soit jusqu'à mercredi 6 décembre au soir.

Pendant sa garde à vue, l'assaillant n'a pas gardé le silence et a "expliqué" son geste qu'il "assume et revendique totalement". L'attaque est selon lui une réponse à la "persécution des musulmans dans le monde". Des déclarations qui pourraient faire écho à la guerre entre Israël et le Hamas. L'homme aurait également évoqué son projet de mourir en martyr.

Qui sont les victimes de l'attentat de Paris ?

Un homme est mort dans l'attaque perpétrée à Paris, il s'agit d'un touriste germano-philippin qui était âgé de 24 ans. Le jeune homme, infirmier de profession, était venu passer des vacances en France avec sa petite amie. Poignardé et gravement touché, il n'a pas pu être sauvé malgré l'intervention rapide des secours. L'assaillant a ensuite traversé le pont Bir-Hakeim et s'en est pris à un touriste britannique de 65 ans qui a été blessé. La dernière victime est également un homme, âgé de 60 ans, qui a été frappé par un marteau. Aucun des deux hommes n'a eu son pronostic vital engagé.

Comment s'est déroulée l'attaque à Paris ?

L'attaque a éclaté entre le quai de Grenelle et le pont Bir-Hakeim, dans un quartier très touristique de la capitale et à seulement quelques mètres de la tour Eiffel. L'assaillant Armand Rajabpour-Miyandoab a crié "Allah Akbar" et a mortellement poignardé un homme à la double nationalité allemande et philippine. Après avoir pris la fuite depuis le XVe vers le XVIe arrondissement, il a attaqué deux autres personnes à l'aide d'un couteau et d'un marteau, dont un Anglais frappé au visage alors qu'il se promenait avec sa femme et son enfant.

Pris en chasse par des membres des forces de l'ordre présents sur place, l'homme a été interpellé après quelques mètres de course par les agents qui ont fait usage d'un pistolet à impulsions électriques (taser) pour l'arrêter. L'assaillant a aussitôt été placé en garde à vue.

Ce drame a provoqué une vive réaction de la part des autorités. Emmanuel Macron a exprimé trad dans la soirée ses "condoléances à la famille et aux proches du ressortissant allemand décédé" et a évoqué d'ores et déjà une "attaque terroriste" sur le réseau social X (ex-Twitter). "Mes plus sincères remerciements aux forces de secours qui ont permis d'interpeller un suspect avec célérité", a-t-il salué. Gérald Darmanin a lui aussi loué le sang froid et l'intervention rapide de la police et a affirmé que la France ne cédera rien face au terrorisme. La Première ministre Elisabeth Borne a également rendu hommage aux victimes et salué le courage des forces de l'ordre.