Nouvelle-Calédonie : déjà deux morts, une "insurrection" redoutée par les autorités

Nouvelle-Calédonie : déjà deux morts, une "insurrection" redoutée par les autorités Deux personnes ont été tuées durant les émeutes en Nouvelle-Calédonie. Le haut-commissaire de la République, Louis Le Franc, juge la situation "insurrectionnelle" et regrette une "spirale mortelle".

La Nouvelle-Calédonie a connu une deuxième nuit d'émeutes du mardi 14 au mercredi 15 mai. Mais le bilan des dernières heures est nettement plus lourd : deux personnes ont été tuées a annoncé Louis Le Franc, le haut-commissaire de la République sur l'archipel. La première victime est morte par balle à Nouméa, "pas d'un tir de la police ou de la gendarmerie, mais de quelqu'un qui a certainement voulu se défendre" a expliqué le représentant de l'Etat français à la presse, sans donner plus de détails. Concernant le deuxième décès, aucune précision n'a été faite sur les circonstances de la mort par le bureau du haut-commissaire.

En plus des deux morts, des centaines de blessés sont à déplorer selon Gérald Darmanin. Parmi ces victimes on compte "une centaine de gendarmes qui ont été évacués alors que l'on attaquait à la hache leur gendarmerie et que l'on tirait sur eux à balles réelles" a ajouté le ministre de l'Intérieur.

Face à l'ampleur des violences, Emmanuel Macron a appelé au calme et a adressé un courrier aux élus locaux. Le chef de l'Etat a condamné des violences "indignes" et a invité les représentants calédoniens indépendantistes et loyalistes à trouver un accord sur un texte plus global que l'actuelle réforme "avant la fin juin" et la réunion du Parlement en Congrès pour adopter le texte sur l'élargissement du corps électoral local. Le président de la République a également convoqué un Conseil de défense et de sécurité nationale ce mercredi matin pour se pencher sur la situation en Nouvelle-Calédonie qui connait ses plus importantes violences depuis les années 1980.

Le Haut-Commissaire de la République évoque une situation "insurrectionnelle"

Alors que les violences se poursuivent, malgré les mesures mises en place en Nouvelle-Calédonie comme le couvre-feu ou le déploiement massif des forces de l'ordre, les autorités redoutent le pire. "Je vous laisse imaginer ce qui va se passer si des milices se mettaient à tirer sur des gens armé", a déclaré Louis Le Franc qui qualifie la situation d'"insurrectionnelle". Plusieurs "échanges de tirs de chevrotine entre les émeutiers et les groupes de défense civile à Nouméa et Paita" et une "tentative d'intrusion à la brigade de Saint Michel" ont été recensés.

Les tensions et violences qui touchent l'archipel ont été ravivées par le vote de l'Assemblée nationale qui a adopté la réforme constitutionnelle très contestée par les élus calédoniens indépendantistes. Certains partis indépendantistes appellent au retrait du texte et à l'apaisement, jugeant que le calme ne pourra pas revenir tant que la réforme dans sa version actuelle sera dans les tuyaux. Les présidents des partis indépendantistes calédoniens ont dénoncé et condamné le déchaînement de violences et appelé à poursuivre les discussions.

140 interpellations à Nouméa

Le Haut-Commissaire de la République fait également état, ce mercredi, de 140 interpellations seulement à Nouméa. Les établissements scolaires "resteront fermés jusqu'à nouvel ordre" précise le vice-rectorat de la Nouvelle-Calédonie. L'aéroport de Tontoura, lui, reste pour l'heure fermé aux vols commerciaux. "L'heure n'est pas grave, elle est très grave. Si l'appel au calme n'est pas entendu, il va y avoir beaucoup de morts dans l'agglomération de Nouméa aujourd'hui. On est rentrés dans une spirale dangereuse, une spirale mortelle" regrettait Louis Le Franc lors d'une conférence de presse. "S'il le faut je ferais appel aux forces militaires, par demande de concours" a-t-il dit.