Affaire Pélicot : pourquoi l'avocate de la défense ne comprend pas la polémique provoquée par ses vidéos

Affaire Pélicot : pourquoi l'avocate de la défense ne comprend pas la polémique provoquée par ses vidéos Vivement critiquée après avoir partagé plusieurs vidéos concernant le procès sur les réseaux sociaux, Me El Bouroumi s'est depuis expliquée. "Je ne comprends pas ce qui vous choque", a-t-elle notamment déclaré.

Le procès des viols de Mazan a donné lieu à des scènes peu communes concernant certains avocats de la défense, prenant la parole publiquement sur l'affaire à travers leurs réseaux sociaux. Parmi eux, Nadia El Bouroumi, représentant deux des accusés. Après avoir interpellé avec une certaine virulence Gisèle Pélicot pendant l'audience, comme le rappelle Le Dauphiné Libéré, elle a ensuite publié une vingtaine de stories, des vidéos éphémères sur son compte Instagram, dans lesquelles elle évoque les échanges tenus pendant l'audience. Des vidéos qui ont créé un véritable tollé sur les réseaux sociaux. 

"Ces vidéos sont pour moi l'occasion d'expliquer les enjeux de ce procès"

Moquée et insultée sur les réseaux sociaux, Nadia El Bouroumi a accordé une interview à BFMTV, ce vendredi 20 septembre pour s'expliquer au sujet des vidéos publiées sur ses réseaux sociaux. "Je ne comprends pas ce qui vous choque, parce que j'ai un compte Instagram depuis déjà 4-5 ans, où j'explique mes journées de travail au delà de ce qui peut paraître puisque tout le monde ne connaît pas le système judiciaire. Ces vidéos ont été l'occasion pour moi d'expliquer les enjeux de ce procès sur la question de la soumission chimique", a-t-elle répondu au journaliste de la chaîne d'information en continu qui s'est dit choqué par le procédé utilisé par l'avocate de la défense, à savoir, la publication de vidéos sur Instagram. 

Interpellée sur certaines de ses interventions durant le procès, notamment sur la possibilité que Gisèle Pélicot ait pris part d'une façon ou d'une autre à des "jeux sexuels", Me El Bouroumi se défend d'avoir traitée la principale victime de l'affaire comme une coupable : "Je lui dis 'Mme Pélicot, vous êtes victime, vous avez tout mon soutien et celui des avocats de la défense'. Ma stratégie n'est pas celle de dire que Mme Pélicot n'est pas une victime".

Elle assure cependant faire son travail d'avocat de la défense, qui plaide l'innocence et l'acquittement de ses deux clients, en posant des questions sur l'implication ou non de Gisèle Pélicot et au sujet de la soumission chimique. "Je suis avocat de la défense, je lui pose des questions et je comprends dans le cadre de mon intervention que finalement, lorsqu'elle est sous soumission chimique contrairement à ce que nous avait dit l'expert, ce n'est pas un poids mort. C'était simplement, techniquement, discuter de la soumission chimique et des conséquences que ça peut avoir. Mais il faut avoir envie d'écouter ce que je dis, il faut avoir envie d'entendre que je suis avocat de la défense et il faut avoir envie aussi de ne pas faire des raccourcis. Et ça c'est très compliqué, d'où l'utilisation pour moi de mes réseaux sociaux pour expliquer aux gens au delà de ce qui peut paraître dans les médias et les journaux".

Reste que certains mots utilisés par Nadia El Bouroumi à l'égard de Gisèle Pélicot peuvent choquer. L'avocate a notamment parlé de "l'indécence" de Gisèle Pélicot lors de son intervention sur BFMTV en se référant au choix de la victime de refuser le huis clos pour la diffusion des certaines images et de vidéos de viols durant les audiences.

Le ton est monté durant le procès entre les deux femmes après la diffusion d'une série de 27 photos intimes retrouvées dans les documents de Dominique Pélicot. Gisèle Pélicot disant se sentir "humiliée" a lancé : "On cherche à me piéger, c'est une évidence. On veut montrer que j'ai appâté ces individus pour venir chez moi et que j'étais consentante." En avocate de la défense, Nadia El Bouroumi avait répondu en haussant la voix : "Il y a eu un débat sur la présentation publique de ces photos. Je suis une femme, je suis gênée ! On ne voulait pas que ce soit diffusé devant tout le monde. Vous êtes en colère, mais vous êtes aussi responsable de cette diffusion !". Ce vendredi 20 septembre, l'avocate ajoute que Gisèle Pélicot "s'est mise à hurler" au moment de répondre et qu'elle a "pris le micro et j'ai demandé à ce que les choses soient remises en place". Et Nadia El Bouroumi d'ajouter : "Vous considérez que je lui ai hurlé dessus, vous l'apprécierez ou pas, peu importe. Par contre, vous n'utilisez que la forme, vous ne retenez pas le fond". "Quel est le rapport entre ce que je dis, ce que j'explique, avec l'énergie qui est la mienne, et l'indécence de Madame Pélicot ?"

"Les médias décident de ce procès-là"

Me El Bouroumi estime que les médias pourraient jouer un rôle dans la décision du procès des viols de Mazan : "Je me rends compte que ces vidéos ont été tellement déformées quant à leur contenu et quant à leur conséquence (...) C'est le traitement que vous faites, vous, médias, de ce qui peut être dit (...) en fait, on ne peut rien faire avec vous. On ne peut rien faire, et c'est ce que j'explique aussi dans ce procès. J'ai l'impression finalement que quoi que l'on fasse, la décision est prise, les médias décident de ce procès-là (...) Je suis victime de votre harcèlement et de vos insultes par les réseaux sociaux. Non, il n'y a rien d'indigne". 

La principale intéressée a aussi été questionnée par le journaliste de BFMTV sur une vidéo publiée entrain de danser sur le titre "Wake Me Up Before You Go-Go" de Wham!, signifiant "réveille-moi avant de t'en aller". "J'ai fait une vidéo parce que, suite à mes interventions dans le cadre du procès, j'ai été insultée, humiliée, mes enfants ont bloqué leur compte, ça personne n'en parle. J'ai effectivement réagi avec humour", se justifie-t-elle.