Procès Le Scouarnec : le pédophile avait une astuce abjecte pour contraindre les enfants
Joël Le Scouarnec devant la justice. Ce lundi 24 février 2025, s'ouvre devant la cour criminelle du Morbihan pour une durée de quatre mois le procès de l'ancien chirurgien. Le septuagénaire est poursuivi pour des viols aggravés et violences sexuelles aggravées sur 299 victimes, des crimes commis pendant trente ans en toute impunité.
Pour rappel, l'homme de 74 ans a été condamné à quinze ans de réclusion criminelle en 2020 pour abus sexuels sur mineurs par la cour d'assises de Charente-Maritime. Sa voisine de 6 ans l'avait dénoncé, victime de viol. Il avait également violé une nièce, et agressé sexuellement une jeune patiente ainsi qu'une autre nièce. Dans son second procès qui démarre ce lundi et qualifié comme le plus important en termes de pédocriminalité en France, Joël Le Scouarnec encourt une peine maximale de 20 ans de réclusion. 65 avocats, 470 journalistes, un amphithéâtre entier destiné au public, un second aux parties civiles... L'audience qui se tient dans l'ancienne faculté de droit de Vannes s'annonce hors normes.
Des actes commis à l'hôpital, à l'abri des regards
L'ex-médecin sera jugé pour des faits perpétrés entre 1989 et 2014 dans des hôpitaux de l'ouest de la France, principalement en Bretagne. S'il tenait à jour un carnet, dans lequel étaient inscrites des informations précises sur ses victimes, ainsi que les sévices infligées sous couvert de geste médical, c'est bien ce dernier détail qui interpelle. Dans des écrits très détaillés, un mode opératoire saute aux yeux. Ses actes odieux ont été commis dans l'enceinte d'hôpitaux, à l'abri des regards.
Il s'agit d'abord d'attouchements sexuels effectués sous couvert d'actes médicaux. Des gestes commis lorsque ses patients étaient anesthésiés, sans avoir la possibilité de réagir. "Les victimes de l'époque étaient endormies et sédatées. Elles n'étaient pas en état de percevoir les faits et ni de les dénoncer. J'observe aussi que Monsieur Le Scouarnec a souligné la furtivité de ses actes et les stratégies de dissimulation qui étaient les siennes", expliquait le procureur de Lorient Stéphane Kellenberger, le 7 octobre 2024. Une astuce odieuse utilisée à plusieurs reprises par le médecin.
Au total, l'ex-chirurgien exerce dans une quinzaine d'établissements de l'ouest. Lorient, Quimperlé, Le Mans, Nantes, Saint-Brieuc... Selon les informations de France 3 Bretagne, c'est dans une clinique vannetaise, celle du Sacré-cœur, qu'il fera le plus de victimes. Plus de 200 entre 1994 et 2003. Ici aussi, le mode opératoire est le même. Il profite de la vulnérabilité de ses patients, souvent en visite pour une appendicite. La moyenne d'âge de ses victimes est de 11 ans selon le parquet de Lorient.
"On fait confiance à son médecin"
Pour passer à l'acte, Joël Le Scouarnec prend le soin de se retrouver seul avec ses victimes. Hors de question de commettre ces gestes en bloc opératoire, mais plutôt dans la chambre des patients, au calme, lorsque les jeunes enfants pour là plupart sont presque endormis, ou trop faibles pour avoir la moindre réaction, si tant est qu'une réaction soit possible à cet âge là face à un médecin qui peut apparaître comme impressionnant et détenant l'autorité.
Pour certaines victimes, éveillées au moment des crimes commis, elles indiquent ne s'être aperçues de rien. Les gestes du médecin étaient perçus comme de véritables actes médicaux. "Moi, il m'a fait ça pendant une auscultation médicale et avec les yeux d'une petite fille, on fait confiance à son médecin", raconte une de ses victimes pour France 3 Bretagne. "Ma mère m'a demandé si je voulais porter plainte. J'ai dit non. Joël était sur un piédestal et je me sentais déjà assez coupable comme cela. Je voulais oublier", confie de son côté une deuxième victime auprès de France Info. Dans les écrits de l'homme de 74 ans, il décrit plusieurs fois des caresses, des masturbations de petits garçons, des pénétrations anales et vaginales avec les doigts.
À chaque acte son compte-rendu
Dans un mode opératoire bien huilé, il prend soin de noter, pour chaque victimes, des informations bien précises dans ses "carnets noirs", par exemples intitulés "mes lettres pédophiles : nom du patient, âge, domicile, hôpital, date et description des faits commis. Pour chaque victime, ses informations étaient notées par le chirurgien. Des écrits dans lesquels il s'adressait directement à la victime, "mon petit", "ma chère", parfois ce dernier leur disait même "je t'aime".
"Tout en fumant ma cigarette du matin, j'ai réfléchi au fait que je suis un grand pervers. Je suis à la fois exhibitionniste [...] voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste [...], pédophile. Et j'en suis très heureux", peut-on par exemple lire sur un extrait de son carnet, en date du 10 avril 2004.