Maëva B., l'ex-compagne de Salah Abdeslam, doublement mise en examen : un projet terroriste stoppé par la police
Des soupçons de recel illicite impliquant le seul survivant du commando des attentats du 13 novembre 2015 à une garde à vue de son ex-compagne pour "association de malfaiteurs terroriste en vue de la commission d'un crime d'atteinte aux personnes". La Sous-direction antiterroriste (SDAT) s'est intéressée de près à Maëva B., ancienne compagne et correspondante épistolaire de Salah Abdeslam, ces derniers jours.
La jeune femme, placée en garde à vue le 4 novembre, a de nouveau été interpellée pour des motifs terroristes vendredi 7 novembre et se trouvait encore en garde à vue ce lundi grâce à une dérogation rarement accordée. Si les gardes à vue pour terrorisme peuvent durer 96 heures, elles peuvent également être prolongée jusqu'à 144 heures en cas de soupons d'un un projet d'action violente "imminent".
Lundi en toute fin de soirée, Maëva a finalement été doublement mise en examen et incarcérée. Lui sont reprochés d'une part la remise d'une clé USB à son ancien compagnon, Salah Abdeslam, et d'une autre un projet d'attentat djihadiste déjoué. Pour la partie concernant le projet d'attentat, Maëva a été mise en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle aux côtés de deux autres protagonistes.
À l'origine, une enquête pour "recel illicite d'objet en détention"
Tout à commencer avec une enquête du parquet national antiterroriste pour "recel illicite d'objet en détention" après que l'analyse de l'ordinateur de Salah Abdeslam a révélé, en janvier 2025, la possible détention de vidéos et écrits de propagande djihadiste et une éventuelle connexion sur les ports USB. Le détenu dispose un ordinateur sans accès à Internet dans le cadre d'une formation. Les soupçons se sont alors portés sur Maëva B., une des seules personnes à être autorisées à rencontrer le terroriste au parloir.
Si les enquêteurs n'ont pas trouvé la clé USB qu'ils cherchaient, ils ont mis la main sur autre chose avec l'examen du téléphone et du matériel information de la jeune femme de 27 ans. Maëva B. aurait évoqué "des projets de rejoindre une organisation djihadiste à l'étranger ou de commettre un attentat sur le sol français", selon les informations du Parisien.
Un projet djihadiste ou terroriste en trio
Originaire du Tarn-et-Garonne, Maëva B. a entamé une correspondance avec Salah Abdeslam dans les alentours de 2018. La jeune femme qui s'est convertie à l'islam après une période d'anorexie est décrite par les services de renseignement comme proche de "la mouvance radicale". Elle a pu rencontrer le terroriste du 13 novembre, au titre de leur relation intime même s'ils n'ont jamais été mariés, à compter de 2024 après la condamnation définitive de l'individu. Leur relation s'est dégradée dans le courant de l'année 2025 et les investigations ont mis en évidence une rupture de tout contact depuis le mois d'avril.
Outre la fin des échanges avec Salah Abdeslam, les investigations de la SDAT ont révélé la correspondance de Maëva B. avec deux individus considérés comme radicalisés : un jeune homme de 20 ans habitant à Montpellier, dans l'Hérault, et à qui la suspecte s'est unie lors d'un mariage religieux, ainsi qu'une jeune femme vivant en Isère. Ce sont les discussions de ce trio sur des projets djihadistes et/ou terroristes qui ont poussé le PNAT à élargir l'enquête initiale au chef d'"association de malfaiteurs terroriste en vue de la commission d'un crime d'atteinte aux personnes". Le mari et la correspondante de Maëva B. avaient également été placés en garde à vue le vendredi 7 novembre.
S'il semble avoir été question de mener une action terroriste sur le sol français entre les trois individus, selon Le Parisien qui cite des sources proches de l'enquête, les contours dudit projet devaient encore être définis par les investigations.
Salah Abdeslam étranger au projet d'action terroriste
Visé par l'enquête pour recel illicite et placé en garde à vue à ce titre les 4 et 7 novembre, Salah Abdeslam a finalement été relâché. Le détenu condamné pour les attentats du 13 novembre "n'apparaît pas impliqué dans un projet d'attentat", a affirmé Céline Berthon, la patronne de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui est cosaisie de l'enquête, ce lundi 10 novembre au micro de RTL. S'il est toujours "radicalisé", Salah Abdeslam "n'est pas poursuivi, encore moins condamné" pour un nouveau projet terroriste, "plus que jamais, la présomption d'innocence demeure" ont déclaré les avocats français du djihadiste, Mes Olivia Ronen, Benoit David et Martin Vettes, dans un communiqué.
Pour clarifier la situation, le PNAT a annoncé dans un communiqué publié ce lundi avoir ouvert deux informations judiciaires : l'une pour recel illicite d'objet en prison pour laquelle Maëva B. a été mise en examen ce lundi et Salah Abdeslam ultérieurement ; l'autre pour le projet d'attentat sous la qualification "d'association de malfaiteurs terroriste criminelle" qui concerne Maëva B., son mari et sa correspondante.