Changement d'heure : après l'heure d'été 2023, déjà une date pour l'heure d'hiver
Le changement d'heure d'été 2023 a eu lieu dans la nuit du samedi 25 au dimanche 26 mars en France. Chaque année depuis 1976, la date du passage à l'heure d'été se situe ainsi fin mars (plus précisément le dernier dimanche du mois), une date immuable pour que les Français puissent se souvenir de cet instant.
La fin du changement d'heure a été actée dans l'Union européenne il y a déjà plusieurs années, mais la mesure perdure. Le prochain changement d'heure, celui de l'heure d'hiver, a d'ailleurs déjà une date : il aura lieu le dernier dimanche d'octobre. Le 29 octobre, nous passerons ainsi à l'heure d'hiver 2023.
A quelle date et à quelle heure s'effectue le changement d'heure ?
La mécanique du changement d'heure est immuable depuis les années 1970. La date du changement d'heure d'été est toujours fixée le dernier week-end complet du mois de mars. Celle du passage à l'heure d'hiver le dernier week-end complet d'octobre.
Lors du changement d'heure d'été, à 2 heures du matin dans la nuit du samedi au dimanche, il faut toujours faire partir les aiguilles de sa vieille montre ou de son horloge ancestrale en avant d'une heure. La règle est simple : le dernier dimanche de mars, à 2 heures du matin, la France entière passe immédiatement à 3 heures. Une manoeuvre qui fait passer la France à GMT+2 et, plus concrètement, fait perdre une heure de sommeil dans la nuit mais gagner une heure de luminosité en fin de journée.
Prochain changement d'heure en octobre 2023
Le passage à l'heure d'hiver suit le cheminement inverse à la fin octobre : à 3 heures du matin dans la nuit du samedi au dimanche, il faut reculer les aiguilles d'une heure pour revenir à 2 heures. Cette fois, en revenant à GMT+1, on gagne une heure de sommeil, mais le soleil se couche plus tôt en soirée. Le prochain changement d'heure, celui d'hiver, aura ainsi lieu dans la nuit du samedi 28 au dimanche 29 octobre 2023.
Pourquoi change-t-on d'heure en France en mars et en octobre ?
Le changement d'heure d'hiver et d'été tel qu'on le connaît aujourd'hui a été instauré par décret en 1975, suite au choc pétrolier. Il s'agit alors d'instaurer une heure d'été à GMT+2, soit deux heures de décalage avec l'heure naturelle, dès le mois de mars suivant. Objectif : mieux faire coïncider éclairage naturel et activités humaines à partir du printemps, pour réaliser des économies d'énergies.
La fin mars est alors choisie pour coïncider avec l'équinoxe de printemps, synonyme de retour des beaux jours et des journées qui rallongent. Le retour à l'heure "normale" (soir GMT+1) est logiquement fixée à l'inverse à l'approche de l'équinoxe d'automne, soit à la fin du mois d'octobre. Le week-end et en particulier la nuit du samedi au dimanche va vite apparaître comme le moment où l'impact immédiat du changement d'heure sera le plus limité.
C'est l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) qui a initié le changement d'heure saisonnier, en tant qu'agence gouvernementale chargée de veiller à l'optimisation de la facture énergétique. Dans une synthèse de 2010, l'organisme estimait encore à 440 GWh l'économie réalisée l'année précédente grâce au changement d'heure.
Le changement d'heure a été harmonisé à l'échelle européenne dès 1998 et est aujourd'hui appliqué par l'ensemble des Etats membres de l'UE et 70 pays au total. Il est pourtant vivement controversé depuis des années. Ses détracteurs pointent avant tout des gains énergétiques trop limités, a fortiori avec l'évolution des technologies et des usages, ainsi que des effets négatifs sur la santé, le sommeil et la sécurité routière. Plusieurs votes importants sur le changement d'heure ont déjà eu lieu et un processus est en cours pour mettre un terme à cette mesure.
Le changement d'heure d'été 2023 est-il le dernier ?
Non, le changement d'heure d'été, qui a eu lieu en mars, n'est pas le dernier et il est probable que le changement d'heure d'hiver 2023 ne le soit pas non plus. En mars 2019, après consultation, le Parlement européen a adopté un projet à la majorité pour mettre fin au changement d'heure, mais il ne sera pas mis en place avant plusieurs années. Ledit projet de directive prévoyait une suppression du changement d'heure rapide : pour ce faire, chaque Etat membre devait trancher entre rester à l'heure d'hiver ou rester à l'heure d'été. Le Parlement européen avait d'ailleurs plaidé pour une coordination entre les Etats membres et la Commission européenne pour que l'application des heures permanentes (d'hiver et d'été) dans les différents pays ne perturbe pas le fonctionnement du marché intérieur.
La directive devait être adoptée par le Conseil à la fin 2020, puis transposée par les Etats membres, souligne le site officiel Vie Publique. Seulement, à cause de la crise sanitaire liée au Covid-19, du Brexit, puis aux bouleversements occasionnés par la guerre en Ukraine, sans oublier les hésitations des dirigeants européens, le texte en question sur la fin du changement d'heure n'est plus à l'ordre du jour "et ne devrait pas être discuté dans un avenir proche", conclut le site de l'administration française. Et une fois remis sur la table, les débats devraient être longs : "C'est à chaque Etat membre de décider de l'heure légale qu'il souhaite adopter" a ainsi confirmé la Commission européenne à Euronews à l'automne 2022.
En quoi consisterait l'heure d'été toute l'année ?
En février 2018, le Parlement européen a sondé les citoyens de l'UE sur le sujet du changement d'heure. Parmi les 4,6 millions d'Européens qui ont répondu, 84% se sont dit pour la fin du changement d'heure. En mars 2019, une consultation citoyenne, menée en France cette fois auprès de 2,1 millions de participants, via le site de l'Assemblée nationale, avait aussi donné une nette préférence française pour la fin du changement d'heure (83,71%). Et les Français se prononçaient également assez nettement (près de 60%) pour rester définitivement à l'heure d'été comme heure saisonnière permanente : 59,17% des répondants ont choisi cette option contre 36,97% pour l'heure d'hiver, pourtant plus proche de l'heure dite "solaire" ou naturelle. 46,62% invoquaient la santé et les rythmes biologiques ; 22,15% des répondants expliquaient leur choix par leur volonté de permettre le développement d'activités de loisirs en fin de journée ; 10,16% entendaient favoriser les économies d'énergies ; 10,72% assurer un bon fonctionnement des échanges avec les pays voisins et enfin 8,93% mentionnaient la sécurité routière.
La France se dirige donc vers la suppression du (double) changement d'heure et vers le maintien de heure d'été toute l'année, même si ce choix reste à confirmer. En tenant compte des fuseaux horaires existants, le 20 décembre, soit la journée la plus courte de l'année, le soleil se lèverait ainsi à 10h06 pour Brest et 9h18 pour Strasbourg, au lieu de respectivement 9h06 et 8h18 en heure d'hiver. Le décalage sera aussi visible en soirée, ce qui n'est pas sans impact sur la vie quotidienne.
- Avantages. Le maintien de l'heure d'été toute l'année nous permettrait de synthétiser plus de vitamine D vitale à notre organisme, puisque nous profiterions de plus de lumière naturelle en fin de journée. La convivialité serait aussi renforcée, avec des soirées en plein air plus longues. Selon Olivier Fabre, fondateur de l'association européenne pour l'heure d'été et maire de la commune de Mazamet (Tarn) qui s'est exprimé dans Le Parisien le 24 mars 2019, l'heure d'été (pour rappel, +2 heures de décalage par rapport à l'heure légale) favorise aussi l'économie du tourisme "car les gens sortent et consomment plus quand il fait jour". Les sportifs pratiquant leur loisir à l'extérieur devraient aussi opiner du chef.
- Inconvénients. Si on se base sur l'heure réelle (astronomique), le coucher du soleil a lieu à 20h en France lors des jours les plus longs de la deuxième quinzaine de juin, avec évidement des disparités de quelques minutes selon l'endroit où l'on se trouve sur le territoire. La nuit quant à elle ne tombe pas avant 21h et il ne fait pas nuit noire avant 23h. Si les Français peuvent alors bénéficier de très longues soirées ensoleillées, les enfants de 6-7 ans doivent, eux, se coucher en plein jour (vers 20h30, soit plus de deux heures avant la tombée de la nuit), et les personnes âgées qui dînent tôt se voient servir leur dîner à l'heure "réelle" du goûter.
En hiver, le maintien de l'heure d'été aurait aussi des conséquences non-négligeables sur le lever des enfants. En heure astronomique, aux mois de décembre-janvier, le soleil retarde son lever jusqu'à environ 7h30, le jour commençant à montrer le bout de son nez une heure avant, vers 6h30. Sous l'heure d'été, la levée du jour sera donc artificiellement reportée à 9h ou 10h du matin. L'heure de lever et le chemin des enfants vers l'école se fera donc totalement dans la nuit, et il ne fera pas complètement jour quand ils commenceront leurs activités scolaires. Quant au petit-déjeuner, un des seuls moments des journées d'hiver où l'on peut profiter de la lumière naturelle non-électrique, il se fera encore davantage à la lumière électrique qu'avec l'heure d'hiver.
L'heure européenne se verrait également sérieusement perturbée l'hiver : en l'état, la France afficherait alors potentiellement l'heure légale de la Grèce, deux heures de plus que l'Angleterre et une heure de plus qu'en Allemagne. De quoi mettre à mal l'organisation des communications et des transports, et obliger les Etats concernés à modifier leur propre système horaire pour plus de cohérence.
Enfin, l'environnement ne serait pas à la fête : le Sénat précise dans un texte sur le choix de l'heure suite à la suppression du changement d'heure que les économies d'énergies estimées sur l'ensemble de l'année via le changement d'heure actuel, soit 1,5 milliard de kilowatts-heure, seraient surpassées par les dépenses de chauffage et d'éclairage impliquées par les sombres matinées d'hiver.