Yom Kippour : comprendre la signification de la fête juive, marquée par un jeûne de 25 heures

Yom Kippour : comprendre la signification de la fête juive, marquée par un jeûne de 25 heures

La fête juive de Yom Kippour débute ce vendredi 11 octobre au soir jusqu'au lendemain soir. Elle correspond à un jeûne de 25 heures.

La fête juive de Yom Kippour a débuté vendredi 11 octobre au soir. Il s'agit d'une des fêtes juives les plus importantes. Les fidèles souhaitent expier leurs fautes grâce à un jeûne de 25 heures, une série de plusieurs prières, des excuses à leurs proches blessés et d'autres traditions. Le jeûne a débuté vendredi à 18h50 et se terminera le samedi 12 octobre à 19h54, soit 25 heures de jeûne. Il précède donc le coucher du soleil le premier jour et se clôture au coucher du soleil le jour suivant. Celui-ci est jugé obligatoire par la religion pour les hommes de plus de 13 ans et les femmes de plus de 12 ans. Pendant ce jour saint, cinq prières s'enchainent à la synagogue pour ceux qui veulent obtenir le pardon divin. 

► Consultez les horaires de Yom Kippour par ville sur un site spécialisé 

Yom Kippour, une fête austère comme Roch Hachana

À l'instar de Roch Hachana, autre fête très importante du calendrier hébraïque, Yom Kippour est une fête austère. Appelé "le Shabbat des shabbats", la journée sainte se termine par un grand repas familial et festif de rupture du jeûne. À noter toutefois que l'observance de Yom Kippour peut légèrement varier en fonction des communautés. Pour les Juifs séfarades, il s'agit du "jeûne blanc". Ils s'habillent ainsi de blanc pour symboliser leur désir de pureté et de libération des péchés.

Dans leur liturgie, on retrouve ainsi des musiques plutôt joyeuses, en comparaison de celles des Juifs ashkénazes. Pour ces derniers, l'attitude est plus solennelle. La joie originelle du jour est admise, mais la remémoration des martyrs et des disparus tient une place importante. 

Quelle est la date de cette fête juive ?

Les dates et horaires du jeûne changent en fait chaque année. Si Yom Kippour n'est pas célébré à la même date d'une année sur l'autre, c'est parce que celle-ci dépend du calendrier hébraïque, qui se réfère à la Genèse de la Bible. Il est composé de 12 mois ou de 13 mois lunaires selon les années, et de semaines de sept jours commençant le dimanche et se terminant le jour du shabbat, c'est-à-dire le samedi.

Les mois lunaires sont plus courts que les mois du calendrier grégorien (alternativement 29 ou 30 jours) : c'est pour cette raison que le 10 du mois de Tichri est une date fluctuante si l'on se réfère au calendrier d'usage.

La fête de Yom Kippour se célèbre en fait peu après Roch Hachana (alias Shana Tova), la fête marquant une nouvelle année civile dans le calendrier hébraïque et ouvrant 10 jours de pénitence : le jour du grand Pardon a toujours lieu 10 jours après le premier jour de Roch Hachana (voir pourquoi ici) et commence la veille au soir de ces +10 jours. Il s'agit d'une journée chômée, mais non fériée, vue par les croyants comme célébration la plus sainte de l'année.

D'où le "grand pardon" tire-t-il son origine ?

"Le jour du grand pardon" est une fête religieuse. Il commémore le jour où Dieu a pardonné au peuple juif pour la faute du Veau d'Or, relatée dans le livre biblique de l'Exode. Selon ces écrits, lorsque Moïse est monté sur le mont Sinaï pour recevoir les Tables de la Loi, les Hébreux ont créé une idole en forme de veau à partir des bijoux fondus des femmes et des enfants. Le prophète, découvrant l'adoration de l'idole, que le troisième Commandement interdit, aurait brisé alors les Tables de la Loi de colère. Moïse passa alors deux fois 40 jours au sommet de la montagne pour obtenir le pardon de son peuple auprès de Dieu. Le dixième jour du mois de Tichri, il fut accordé.

Yom Kippour constitue pour les juifs le dixième jour des dix jours de pénitence. Cette période, allant de Roch Hachana à Yom Kippour, "Techouva", est consacrée à l'introspection et à la repentance. Durant ces dix jours, il est recommandé de faire son possible pour rectifier les torts commis envers les autres.

Comment souhaiter un "Joyeux Yom Kippour" ?

Il y a plusieurs manières de souhaiter Yom Kippour. On peut dire "Gmar H'atima tova" (en prononçant le "H" façon "j" espagnol), ou encore, et c'est bien plus facile à retenir, "Bon Kippour". Si vous voulez assurer un proche de confession juive de vos meilleurs vœux après Yom Kippour, soit après la sonnerie du Choffar, instrument à vent ancestral qu'on fait retentir pour rompre le jeûne, alors vous pouvez également dire "Hag Samea'h". Cette formule qu'échangent également les fidèles juifs entre eux désigne une fête appelée Souccot, et célébrée quelques jours plus tard. Terme hébraïque, "Souccot" se réfère à une fête de pèlerinage, dont la prescription figure dans la Torah, le livre sacré pour les juifs. C'est lors de Souccot qu'est célébré ce que les croyants considèrent comme un soutien divin durant "l'Exode des enfants d'Israël". Souccot se déroule pendant sept jours, rythmés par des rites commémoratifs.

Coucher de soleil sur le mur des Lamentations à Jérusalem. © Maria Dubova_123RF

Quels sont ses significations, rituels et interdits ?

Yom Kippour signifie "jour de l'expiation". Durant ce jour de ferveur, les juifs s'abstiennent de travailler et s'infligent le jeûne. La privation de nourriture et de boisson commence la veille de Yom Kippour, une demi-heure avant le coucher du soleil ("tossefet Yom Kippour") et s'achève après le coucher du soleil du lendemain. Le jeûne dure au total 25 heures, et il est obligatoire pour tout juif, pour les hommes dès l'âge de 13 ans et pour les femmes dès l'âge de 12 ans. Cependant, le jeûne n'est pas autorisé pour les personnes susceptibles d'en souffrir, comme les personnes malades, les personnes souffrant de diabète ou encore les femmes venant d'accoucher dans les trois derniers jours. De manière plus générale, cinq interdictions sont à observer pour se détacher du monde matériel :

  • l'interdiction de boire et de manger
  • l'interdiction d'avoir des relations conjugales
  • l'interdiction de se laver
  • l'interdiction de s'oindre le corps avec des huiles et des lotions (qui symbolisent les plaisirs superficiels)
  • l'interdiction de porter des chaussures en cuir (qui symbolisent les biens matériels et le confort)

Il est également interdit de travailler, les juifs devant se rendre longuement à la synagogue pour y prier et demander pardon à Dieu pour leurs fautes et celles de la communauté. Les croyants demandent pardon individuellement à toute personne qu'ils auraient pu blesser et s'excusent des offenses commises envers elle. Yom Kippour requiert cinq prières obligatoires tout au long de la journée. La célébration de Yom Kippour varie selon les communautés. Les séfarades se vêtissent par exemple de blanc afin d'affirmer leur volonté de se libérer de leurs pêchés.

La fin du jeûne est signifiée dans les synagogues par la sonnerie du shofar, un instrument de musique à vent fabriqué à partir d'une corne de bélier. Les croyants se réunissent alors en famille ou au sein de leur communauté pour "casser le jeûne". Les mets préparés pour célébrer la fin de la fête diffèrent selon les traditions : les séfarades ont pour habitude de manger des gâteaux secs accompagnés d'une citronnade alors que les ashkénazes préfèrent en général une boisson chaude et du fromage ou du poisson fumé. Après un repas léger, on sert un plat au poulet ou un bouillon.

Qu'est-ce que la Achoura ?

L'Achoura est un jeûne effectué par de nombreux musulmans. Ils suivent ainsi, rappelle le site spécialisé Saphir News, une tradition prophétique enjoignant les croyants à s'abstenir de manger et de boire pendant les 9e et 10e jours du mois lunaire de Muharram (premier mois du calendrier musulman). "Ashura" ("dix" en arabe) est une fête islamique commémore différents épisodes prophétiques qui auraient eu lieu ce jour-là, selon les hadiths auxquels on se réfère, précise Kamel Meziti, historien : "l'expiation d'Adam et Ève, après leur 'chute' sur Terre, (...) l'accostage de l'arche de Noé (Nûh) ; le salut d'Abraham (Ibrahim) sauvé du feu de Nemrod ou encore celui de Jonas (Yûnus) sauvé des entrailles de la baleine…" 

Pourquoi parler d'Achoura dans une page sur Yom Kippour ? Parce que cette célébration fait figure de trait d'union entre judaïsme et islam. D'après la Sunna (tradition prophétique), en 622, le prophète Muhammad va ainsi à la rencontre des juifs de Médine le jour du Yom Kippour. Muhammad leur demande pourquoi ils jeûnent et ces derniers répondent qu'ils commémorent "le jour où Dieu donna la victoire à Moïse et aux fils d'Israël sur Pharaon et ses hommes".

Muhammad rétorque alors qu'il est, lui, lié aux anciens prophètes bibliques, et qu'il est donc "plus en droit" de jeûner ce jour-là. À partir de là, le Prophète va ordonner aux croyants musulmans de jeûner ce jour-là, considérant Moïse comme "plus proche" d'eux, et incorporant par là même Achoura dans l'islam. 

Dans la tradition islamique, un hadith réfère à la recommandation du jeûne d'Achoura : "Quant au jeûne du jour de 'Ashura', j'espère qu'Allah l'acceptera en tant qu'expiation pour l'année qui l'a précédé. " (Sahih Muslim)

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