"Un mélange entre du vomi et des chaussettes sales" : une odeur infecte envahit certaines rues, la cause est toujours la même
"Entre du vomi et des chaussettes sales", "une odeur acide très forte", "ça sent le beurre rance"... Les riverains interrogés ne mâchent pas leurs mots pour décrire les odeurs qui ont gagné leurs rues. A Paris, Rouen ou Bordeaux, le même phénomène revient chaque année. "Parfois, j'ouvre mes fenêtres et l'odeur arrive directement dans mon appartement, c'est très désagréable", se désole Martin, trentenaire bordelais, interrogé récemment par Le Figaro.
"Quand on reste à la sortie de l'école pour attendre notre enfant, on se bouche le nez !", y témoigne aussi un père de famille devant une école maternelle. Ces dernières années, les questions et récriminations se sont multipliées. A Rouen, Jézabel Saumur, responsable du patrimoine arboré municipal, reconnaissait dès 2023 à Actu.fr recevoir "de nombreuses plaintes des riverains" excédés par ces odeurs persistantes. Mais d'où vient donc cette puanteur automnale ?
Aussi surprenant que cela puisse paraître, ce sont les arbres qui en sont responsables ! Plus précisément les ginkgos bilobas femelles, dont les ovules tombés au sol dégagent en se décomposant une forte odeur "qui peut faire penser à du parmesan, du beurre rance ou à du contenu gastrique" selon Jézabel Saumur.
Arbre préhistorique ayant même survécu à la bombe atomique à Hiroshima, le ginkgo fascine par sa résilience. Introduit en France au 18ème siècle, il est très prisé par les villes pour sa beauté et sa résistance... malgré ce désagrément olfactif. Didier Jeanjean, adjoint au maire de Bordeaux chargé de la nature en ville, a expliqué au Figaro qu'il s'agit d'un "problème identifié" et que les services municipaux "intensifient le nettoyage des trottoirs à l'automne pour limiter les désagréments".
Car une fois les arbres femelles arrivés à maturité, difficile de revenir en arrière ! A Rouen, la mairie avait été flouée en achetant par erreur des ginkgos femelles à un pépiniériste hollandais. N'ayant pas obtenu gain de cause auprès de son fournisseur, la municipalité avait même été tenté d'abattre ces arbres femelles avant de faire machine arrière.
Bordeaux de son côté a tiré les leçons et ne "plante plus de ginkgos femelles" assure Didier Jeanjean au Figaro. Les villes font donc le choix de conserver ces arbres, malgré une nuisance "très ponctuelle" d'un mois par an. Les riverains devront s'accommoder encore quelques semaines... et fermer les fenêtres !