Turquie : la France hostile à l'intervention en Syrie, le foot s'en mêle

Turquie : la France hostile à l'intervention en Syrie, le foot s'en mêle L'intervention militaire contre les Kurdes, en Syrie, génère des tensions diplomatiques entre la France et la Turquie. Et l'équipe de foot turque soutient la politique d'Erdogan...

La Turquie ne cache pas ses ambitions : l'offensive militaire dans le nord de la Syrie, lancée la semaine dernière, a pour objectif très clair de repousser de sa frontière les Unités de protection du peuple (YPG), des forces kurdes considérées par Ankara comme "terroristes". Les Turcs veulent instaurer une "zone de sécurité" de 32 km et répriment toute résistance des Kurdes, qui occupent d'importantes régions du nord et du nord-est syrien. Les bombardements turcs et les combats au sol ont été violents ce week-end, tuant au moins 150 personnes dont 26 civils selon l'OSDH (l'Observatoire syrien des droits de l'Homme).

Les forces kurdes, alliés stratégiques des Occidentaux dans la lutte contre Daesh en Syrie, ont dénoncé l'attitude des Etats-Unis, qui ont d'abord sous-entendu qu'ils ne s'opposeraient pas à une intervention turque, avant de retirer 1000 soldats du nord de la Syrie. La France a condamné l'offensive turque en des termes diplomatiques forts. Dans un communiqué officiel, Emmanuel Macron a regretté que l'intervention puisse "entraîner des conséquences humanitaires dramatiques, une résurgence de Daech dans la région, et une déstabilisation durable du nord-est syrien". "La France accentuera ses efforts diplomatiques, en étroite coordination avec ses partenaires de la coalition contre Daech, dans le cadre de l'Union européenne, de l'Otan et du Conseil de sécurité des Nations unies, pour obtenir la cessation immédiate de l'offensive turque en cours", ajoute le communiqué. La France a par ailleurs suspendu toute vente d'armes à la Turquie.

Un salut militaire sur la pelouse du Stade de France ?

Dans ce contexte d'hostilité diplomatique entre la France et la Turquie, la rencontre de football organisée au Stade de France ce lundi 14 octobre s'annonce très tendue. Ce match France-Turquie est classé à haut risque par les autorités qui ont mobilisé près de 600 agents des forces de l'ordre et 1 400 stadiers. Entre 20 000 et 35 000 supporters turcs sont attendus dans les gradins et ces derniers pourraient manifester leur soutien à la politique du président Recep Tayyip Erdogan. Ce week-end, les joueurs ont célébré leur but face à l'Albanie avec un salut militaire, ce qui a poussé l'UEFA à rappeler à l'ordre la fédération turque. "Ce n'est pas une guerre, c'est une opération contre le terrorisme et nous soutenons notre pays ", s'est justifié le milieu offensif Irfan Can Kahveci, alors que toute référence politique est interdite par les instances du football européen.

Le sélectionneur turc a lui-aussi défendu la position de ses joueurs. "Tout le monde doit condamner le terrorisme. Tous les grands pays sont sur le terrain, mais c'est la Turquie qui en souffre le plus. Nos soldats sont nos enfants et nous les encourageons", a-t-il déclaré devant la presse après le match, tout en appelant tous les suporters au calme. "ll peut y avoir des provocations dans les tribunes, mais je veux qu'ils applaudissent les Bleus. Ils viennent pour voir un match de foot et le foot, c'est la paix", a-t-il ajouté.