Macron s'accorde avec Poutine sur un point et a une idée derrière la tête
C'est une date à marquer d'une pierre blanche : celle où Emmanuel Macron et Vladimir Poutine ont repris contact après trois ans de silence radio. Le mardi 1er juillet 2025, les deux chefs d'Etat ont annoncé s'être entretenus au téléphone pendant plus de deux heures lors d'un échange conjointement organisé par Paris et Moscou selon l'Elysée. La ligne entre le président de la République et son homologue russe était coupée depuis septembre 2022, après un dernier échange sur la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia alors occupée par les forces russes, les deux hommes s'opposant sur la résolution du conflit et s'accusant mutuellement de ne pas vouloir la paix.
L'annonce de la discussion entre Emmanuel Macron et Vladimir a donc créé la surprise, d'autant que les deux hommes ont parlé de l'Ukraine même si le sujet principal de leur échange était le programme nucléaire iranien. Concernant l'Ukraine, les trois ans de silence et l'enlisement du conflit n'ont pas fait évoluer les positions respectives de Paris et de Moscou. Emmanuel Macron, qui avait prévenu son allié Volodymyr Zelensky avant le coup de téléphone, a "souligné le soutien indéfectible de la France à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de l'Ukraine" avant d'appeler "à l'établissement, dans les meilleurs délais, d'un cessez-le-feu et au lancement de négociations entre l'Ukraine et la Russie". De son côté, Vladimir Poutine a à nouveau déroulé ses exigences et conditionné un accord de paix en Ukraine à "l'élimination des causes profondes de la crise ukrainienne" et à la prise en compte "de nouvelles réalités territoriales".
Aucune avancée donc. L'échange entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine n'a cependant pas été inutile puisqu'il a permis aux deux chefs d'Etat de se mettre d'accord sur un point concernant l'Iran et son programme nucléaire. Paris et Moscou ont "décidé de coordonner leurs démarches et de se parler prochainement afin de faire le suivi ensemble" du dossier iranien et ont convenu de résoudre les crises du Moyen-Orient "par la diplomatie". L'appel entre le locataire de l'Elysée et le maître du Kremlin ne devrait donc pas être une prise de contact isolée.
Si le dialogue est renoué entre les deux hommes, cela ne signifie pas qu'ils partagent la même vision sur la capacité nucléaire de l'Iran. Le président français s'oppose à ce que l'Iran se dote de l'arme nucléaire et a insisté "sur l'urgence que l'Iran se conforme à ses obligations au titre du Traité de non-prolifération des armes nucléaires, et notamment à la pleine coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique". En face, le dirigeant russe, dont le pays a longtemps entretenu des relations stratégiques avec l'Iran, reconnaît à Téhéran "le droit" de développer un programme "nucléaire civil". Un désaccord qui risque, lui aussi, d'être difficile à surmonter.
Cette ambition d'Emmanuel Macron
Une discussion de deux heures pour si peu de résultats ? Emmanuel Macron doit tout de même se réjouir de son échange avec Vladimir Poutine, car en rouvrant le dialogue avec la Russie le chef de l'Etat replace l'Europe dans le jeu politique international. Alors que la reprise des échanges entre la Russie et les Etats-Unis après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche a relégué l'Europe au second rang dans les discussions mondiales, le président de la République compte revenir à la table des négociations au nom de l'Europe. Pour cela, reprendre des échanges directs avec la Russie sans attendre après les retours de Donald Trump et sans subir les conséquences de possibles accords entre les deux pays paraît indispensable. Plus que pour l'Ukraine ou pour l'Iran, c'est pour retrouver et asseoir sa position sur la scène internationale qu'Emmanuel Macron avait intérêt à s'entretenir avec Vladimir Poutine.