Netanyahou accusé de "manipuler" la lutte contre l'antisémitisme, sa lettre à Macron se retourne contre lui
La missive du Premier ministre israélien à la présidence française a été envoyée mardi 19 août. Benyamin Netanyahou y critique la décision de la France et du président de la République, Emmanuel Macron, de reconnaître l'État de Palestine. Selon le Premier ministre de l'État hébreu, cette décision nourrit la montée de l'antisémitisme en France. L'Élysée a répondu le même jour en qualifiant la déclaration de Benyamin Netanyahou de "erronée" et "abjecte". La France a également souligné que cette accusation d'Israël "ne demeurera pas sans réponse". Elle réaffirme également que "la République protège et protégera toujours ses compatriotes de confession juive. La période exige gravité et responsabilité, pas amalgames et manipulations", selon des propos rapportés par France info.
Le lendemain, la gauche française, via une intervention notamment de la porte-parole du Parti socialiste français, Chloé Ridel, a dénoncé "l'instrumentalisation" de l'antisémitisme par le Premier ministre israélien. Elle déclare également sur France info que : "Reconnaître l'État palestinien, c'est une mesure de justice historique [...] qui vise à empêcher Benyamin Netanyahou et son gouvernement de mettre fin à la solution à deux États, puisque c'est ce qu'il essaie de faire en annexant la Cisjordanie, en préparant l'occupation de Gaza".
Instrumentaliser lantisémitisme comme le fait Netanyahou est très grave.
— Chloé Ridel (@ChloeRidel) August 20, 2025
La reconnaissance de lEtat de Palestine par la France est une mesure de justice et de paix, pour lempêcher de torpiller la solution à deux Etats par lannexion de la Cisjordanie et loccupation de Gaza. pic.twitter.com/KyFJtvMs0L
À gauche, d'autres réactions ont suivi comme celle de Mathilde Panot, présidente du groupe insoumis à l'Assemblée nationale. Invitée de France inter, elle a déclaré que "c'est lui [Benyamin Netanyahou, NDLR] qui est en train de propager la haine partout dans le monde". Elle a poursuivi en estimant que "Instrumentaliser l'antisémitisme comme une arme diplomatique est honteux non seulement parce que ça affaiblit la lutte nécessaire contre l'antisémitisme, mais surtout parce que cela vise à assimiler les juifs dans le monde à une politique génocidaire d'un criminel poursuivi par la Cour pénale internationale", a-t-elle dénoncé.
Répondre à "l'angoisse réelle des Juifs de France"
Dans une tribune publiée sur le site du Point, l'historien Marc Knobel revient sur "l'instrumentalisation" par le Premier ministre israélien d'un problème réel dans le cadre d'une stratégie diplomatique. Il écrit ainsi : "En associant directement ce sursaut de haine à la position diplomatique française, Netanyahou franchit un seuil : un choix de politique étrangère se voit érigé en déclencheur de menaces contre les Juifs de France". Il poursuit son analyse un peu plus loin en expliquant que "L'antisémitisme cesse alors d'être traité comme un fléau autonome, il devient une arme rhétorique destinée à délégitimer quiconque n'adhère pas à la ligne israélienne actuelle".
Sans minimiser l'histoire française quant au problème de l'antisémitisme qu'il explique exister sous différents courants politiques, d'extrême gauche comme d'extrême droite, Marc Knobel remet au centre de la nécessaire réflexion de "l'angoisse réelle des Juifs de France [qui] se retrouve reléguée au second plan, utilisée comme levier dans un affrontement diplomatique, alors qu'elle mériterait respect, écoute et action sincère".
Rappelons qu'en France et selon les derniers chiffres fournis par le ministère de l'Intérieur, entre janvier et mai 2025, 504 actes antisémites ont été recensés (dont 323 atteintes aux personnes). Comme le rappelle le journal 20minutes, le chiffre est en baisse de 24% sur un an, mais il est un doublement (+134%) par rapport à la même période en 2013.