Le Pushpa, navire fantôme russe, a-t-il lancé des drones sur l'Europe ? La carte de sa trajectoire sème le doute

Le Pushpa, navire fantôme russe, a-t-il lancé des drones sur l'Europe ? La carte de sa trajectoire sème le doute Le Pushpa, navire identifié comme membre de la "flotte fantôme" russe, stationne au large de Saint-Nazaire depuis le samedi 27 septembre. Il est soupçonné d'avoir joué un rôle dans les incursions de drones russes en Europe.

Que fait le Pushpa au large des côtes françaises ? Le bateau pétrolier long de 244 mètres stationne à la frontière des eaux territoriales françaises, au niveau de Saint-Nazaire en Loire-Atlantique, depuis le samedi 27 septembre rapporte ICI Loire Océan. Depuis, le bâtiment fait des ronds dans l'eau selon des images de l'AFP ou encore de LCI. Un comportement étrange pour ce pétrolier ayant pris le départ à Primorsk en Russie le 20 septembre pour une arrivée prévue à Vadinar en Inde le 20 octobre. Les manouvres du Pushpa deviennent même suspectes quand on sait que le navire fait partie de la "flotte fantôme russe".

Il est l'un des 900 bateaux pétroliers achetés d'occasion par un proche de Vladimir Poutine au début de la guerre en Ukraine dans le but de continuer à vendre des hydrocarbures en contournant les sanctions européennes. Ces navires, non immatriculés, utilisant des pavillons de complaisance qui changent régulièrement et sans équipage identifié, peuvent circuler sans être détectés. Certains bateaux sont toutefois repérés et répertoriés dans les registres de l'Organisation maritime international, comme le Pushpa qui collectionne les sanctions européennes.

Plus que de transporter illégalement du pétrole, le Pushpa et les autres navires fantômes russes sont suspectés par les Européens de servir la guerre menée par la Russie en menant des opérations de déstabilisation et de sabotage. "Ces navires sont soupçonnés, par exemple, d'avoir sectionné des câbles internet sous-marins en mer Baltique à plusieurs reprises", a expliqué l'eurodéputée française Nathalie Loiseau sur Franceinfo, le mercredi 1er octobre. Ils sont à présent suspectés de jouer un rôle dans les incursions de drones russes ou supposés russe en Europe. Le Pushpa est ainsi au cœur de l'enquête des autorités danoises sur le survol de plusieurs sites sensibles, comme des bases militaires et des aéroports, par des drones non-identifiés au Danemark.

Le passage suspect du Pushpa au large du Danemark

Sur son chemin entre Primorsk et Saint-Nazaire, le navire fantôme russe a navigué au large des côtes danoises entre le 22 et le 25 septembre selon l'analyse des données du site maritime spécialisé VesselFinder réalisée par l'AFP. Les incursions de drones dans l'espace aérien danois ont eu lieu le 22, 24 et 25 septembre. D'après le site spécialisé The Maritime Executive, le Pushpa a pu servir de "plateforme de lancement" à des drones ou de "leurre". "Un tel navire aurait pu servir de plateforme aux drones", a confirmé Jacob Kaarsbo, ex-analyste en chef du renseignement militaire danois auprès du journal BT. Si les autorités danoises envisagent cette piste, elles n'ont pas encore confirmé de lien entre la présence du navire et les survols de drones.

D'autres navires fantômes russes sont également suspectés selon The Insider : l'Astrol 1 et l'Oslo Carrier 3. Un bâtiment de la marine russe a également été identifié à 12 miles des côtés danoises le 25 septembre, Aleksandr Chabaline. Alors que l'Astrol 1 et l'Oslo Carrier 3 sont passés dans le détroit d'Øresund, tout près de Copenhague, le Pushpa est passé par l'autre côté de l'île de Seeland où se trouve la capitale à environ 80 kilomètres de l'aéroport.

Une enquête française contre le Pushpa, mais pas de survol de drone

Tenu au fait de l'enquête danoise et des soupçons portant sur le Pushpa, Emmanuel Macron a appelé à être "très prudent" sur les accusations formulées contre le bateau. La présence du navire inquiète tout de même les autorités françaises et une enquête a été ouverte pour "défaut de documentation de la nationalité et du pavillon du navire" et "refus d'obtempérer" par le parquet de Brest. Elle concerne des "délits maritimes signalés le 29 septembre 2025 par le préfet maritime de l'Atlantique, susceptibles de mettre en cause certains membres de l'équipage d'un navire", écrit le procureur Stéphane Kellenberger comme le rapporte Le Parisien.

Après l'arraisonnement du navire survenu samedi, des militaires français sont montés à bord du pétrolier de la flotte fantôme russe le mercredi 1er octobre a indiqué l'AFP. Les militaires, en treillis et cagoulés, patrouillaient sur le pont du bateau dans l'après-midi. Le soir même, le procureur de Brest annonçait le placement en garde à vue de deux membres d'équipage présentés comme le commandant du navire et son second. Pour l'heure, le Pushpa n'a fait que stationner au large des côtes françaises et n'est pas soupçonné d'avoir pris part à des opérations de stabilisation sur le sol français.