Les mots préférés des politiques décryptés "L'impétrant" d'Arnaud Montebourg

Le socialiste Arnaud Montebourg a utilisé le mot "impétrant" lors de la primaire socialiste, pour désigner les deux finalistes Martine Aubry et François Hollande, popularisant ce terme. Mais l'a-t-il vraiment utilisé à bon escient ? Retour sur sa signification.

 Impétrant terme désuet, remis au goût du jour par Arnaud Montebourg. Le député socialiste le répéta à plusieurs reprises lors d'un débat télévisé organisé à l'occasion des primaires du PS : "Sur France 2, Arnaud Montebourg a qualifié Martine Aubry et François Hollande d'"impétrants". Mais était-ce pour parler de "candidats", ce qui est un contresens, ou de "bénéficiaires" ?" (Sud-Ouest du 11/10/11). Interrogé à ce sujet sur RTL, Laurent Fabius a reconnu que c'était "un joli mot qui oblige à ouvrir le dictionnaire". Excellent conseil.

Pour le Dixel, il s'agit d'une "personne qui a obtenu quelque chose d'une autorité", par exemple un diplôme, un privilège ou un titre.

"Si Arnaud Montebourg cherchait à gagner en clarté et en compréhension auprès du commun des mortels, le terme d'impétrant n'était peut-être pas le plus approprié."

Alain Rey nous apprend que le verbe "impétrer", dérivé de pater ("père"), "rare sinon inusité", est un terme de droit. Montebourg, avocat, est donc censé connaître le sens précis du mot. A-t-il confondu avec "imposteur" ou volontairement employé "impétrant" pour son ambiguïté ? Car il peut tout aussi bien signifier, dans le contexte des primaires : "chef" (qui est un titre), donc premier secrétaire du Parti socialiste – ou encore (puisqu'il ne peut être question de diplôme) : "privilégié", par exemple par les sondages... si ceux-ci ont une quelconque autorité.

Conclusion du journaliste de Sud-Ouest Jefferson Desport : "Si Arnaud Montebourg cherchait à gagner en clarté et en compréhension auprès du commun des mortels, le terme d'impétrant n'était peut-être pas le plus approprié."