François Hollande : sa conférence de presse pour les nuls

François Hollande : sa conférence de presse pour les nuls François Hollande voulait, au travers de sa conférence de presse, expliquer aux Français la logique des mesures prises et à venir. Y est-il arrivé ? Y voit-on plus clair ? Nous avons tenté de reconstituer les grands chapitres de son discours.

La première conférence de presse de François Hollande a eu lieu ce mardi, en fin d'après midi, à l'Elysée. Le chef de l'Etat, en baisse dans les sondages, voulait faire œuvre de pédagogie après 6 mois de présidence Hollande. Dans un discours de trois quarts d'heure, devant près de 400 journalistes, il a dit comprendre "l'inquiétude des Français et leurs doutes à l'égard du politique". Mais il a surtout tenté d'y remédier en donnant les grands chapitres de sa politique en cours et à venir. Est-il parvenu à convaincre ? Les Français y verront-ils plus clair dans l'action de l'exécutif après cette intervention ? Difficile de se prononcer pour le moment. Mais L'Internaute a tout de même tenté de schématiser les grands axes de son discours.

Trois enjeux selon Hollande : Europe, compétitivité, désendettement

"Nous vivons bien plus qu'une crise : un changement du monde." Le discours de François Hollande a commencé par cette tirade censée souligner l'importance des enjeux, mais aussi, peut-être, expliquer les difficultés que traverse encore la France. Premier grand sujet choisi par le Président pour répondre à cette crise : le "rétablissement progressif des comptes publics", qui serait, selon lui, "déjà engagé". Plus tard, il a confirmé que l'objectif des 3 % de déficit public en 2013 était maintenu, malgré les prévisions alarmantes des experts. Et outre ce "désendettement", deux autres "défis majeurs" ont été cités : la "réorientation de l'Europe" et la "compétitivité économique". Sur l'Europe, le chef de l'Etat a particulièrement mis en perspective son bilan après 6 mois, que certains jugent bien pâle. "J'y ai consacré toute mon énergie", a-t-il déclaré, vantant le "Pacte de croissance" et le "mécanisme de stabilité" adoptés récemment. "Une nouvelle donne s'est distribuée en Europe" a-t-il affirmé. Tandis qu'on lui reproche d'avoir repris mot pour mot le traité négocié par Nicolas Sarkozy avant lui, il a soutenu que "le traité budgétaire européen a été complété et renégocié". Plus tard, lors des questions des journalistes, il a aussi réaffirmé sa vision d'une "Europe à plusieurs vitesses, pour que la zone euro devienne une force en tant que telle".

Trois objectifs pour Hollande : croissance, emploi, jeunesse

"Ma mission : redresser la croissance, réduire le chômage. C'est sur ces seuls résultats que je demande à être jugé." Par cette phrase, François Hollande a résumé les objectifs qu'il se fixe pour le quinquennat. Il a d'ailleurs insisté sur le volet de l'emploi, alors que les dernières statistiques suivent une mauvaise série. "La lutte contre le chômage sera la priorité du quinquennat. Ce sera ma responsabilité." De manière sans doute moins concrète que la croissance et le chômage, il a enfin donné un indicateur plus global qui permettra selon lui de dire si son quinquennat a été une réussite ou un échec : "Je veux que les jeunes vivent mieux dans 5 ans qu'aujourd'hui." Un objectif déjà fixé lors de la campagne présidentielle.

Trois chantiers de Hollande : désendettement, compétitivité, emploi

Au moment d'indiquer ou de rappeler la feuille de route de ces premiers mois et de la suite du quinquennat, François Hollande a repris les éléments présentés en préambule, quitte à se répéter. Les trois chantiers majeurs selon lui sont donc le désendettement, la compétitivité et l'emploi. "Le désendettement est le premier étage du redressement ; le second, c'est la compétitivité", a-t-il d'ailleurs énuméré. Sur le premier chantier, celui du désendettement, François Hollande est revenu sur la réduction des déficits prévue pour les années à venir. Accusé d'assommer les Français sous les taxes, il a ainsi soutenu la nécessité d'un budget 2013, prévoyant 20 milliards de hausses d'impôts et 10 milliards d'économies pour revenir aux 3 % de déficit public. Plus tard, à l'occasion d'une question d'un journaliste, il a affirmé que les économies pour l'Etat atteindront "12 milliards d'euros par an" soit "50 milliards sur cinq ans". La réduction des effectifs dans la fonction publique (hors police et éducation) a été soulignée. "La question est de savoir comment nous nous organisons. Cela commence dans chaque administration, y compris dans cette maison", a-t-il ajouté.

Sur le second chantier, celui de la compétitivité, François Hollande a évoqué le rapport Gallois, rendu la semaine dernière au gouvernement et qui a donné lieu à un crédit d'impôt de 10 milliards pour les entreprises, compensés par une hausse de la TVA. "Le crédit d'impôt sera simple, sans formalités, et concernera toutes les entreprises dès le 1er janvier 2013", a promis le chef de l'Etat. En revanche, il s'est défendu de toute atteinte au pouvoir d'achat au sujet de la TVA. "Je n'ai pas voulu affaiblir le pouvoir d'achat des Français en 2013, pour ne pas affaiblir la demande quand nous renforçons l'offre." Il laissera donc passer un an avant d'augmenter le taux de TVA de 19,6 % à 20 % : "La restructuration des taux de TVA ne sera effective qu'au 1er janvier 2014." Et il rappelle que cette mesure est très éloignée de la "TVA sociale" de Nicolas Sarkozy parlant d'une "augmentation de 0,4 point, soit 4 fois moins que ce que prévoyait la précédente majorité."

Dans le chantier de la compétitivité, François Hollande a évoqué ses répercussions sur l'emploi. "Les Français sont sceptiques, à juste titre", a reconnu le Président. "Tant de promesses ont été faites... Tout à été dit, mais tout n'a pas été tenté", a-t-il lancé, affichant un certain volontarisme. "Le chômage va continuer à augmenter de manière continue pendant encore un an", a-t-il concédé. Revenant sur le redressement de l'éducation pour préparer les jeunes à l'emploi (notamment par le recrutement de professeurs en plus), il a estimé que "ce sera long avant que l'éducation ne fournisse les meilleures qualifications". Il a donc justifié deux mesures d'urgences : les emplois d'avenir et les contrats de génération. "Il faut donc agir dans l'urgence, c'est pourquoi j'ai fait les contrats d'avenir."

Enfin, le troisième chantier est à venir celui-là. Il s'agit de la "négociation sur la sécurisation de l'emploi". François Hollande a fait de ce "troisième rendez-vous", après le désendettement et la compétitivité, une priorité. "Je considère que c'est la plus importante depuis longtemps." Une concertation a déjà été entamée entre les partenaires sociaux dont le chef de l'Etat attend beaucoup. "J'appelle toutes les organisations syndicales et les employeurs à nouer cette négociation, à faire ce compromis historique."

Conclusion : "Je ne prépare pas le sort d'une prochaine élection, je prépare le sort d'une prochaine génération"

En conclusion de son discours enfin, François Hollande a voulu prendre un ton plus solennel. "Je suis responsable de l'avenir de la France", "j'ai fait le choix du redressement", a-t-il martelé. "Je ne prépare pas le sort d'une prochaine élection, je prépare le sort d'une prochaine génération", sera sans doute l'une des phrases clés de son intervention devant les journalistes. Il en a profité pour évoquer le rapport de Lionel Jospin censé donner un relief institutionnel à son quinquennat."Lionel Jospin vient de me remettre un rapport, un de plus (sourire). Ses propositions, je les fais miennes [...]. Des le début de l'année prochaine, un texte sera préparé par le gouvernement", a-t-il indiqué. Parmi les mesures principales, il a réaffirmé la fin du cumul des mandats. "Le non cumul des mandats, nous le ferons". Puis il a conclu : "Le cap est fixé. Comment l'appeler ? La reconquête, la reconquête de notre avenir. L'engagement que j'ai pris il y a plus de 6 mois sera respecté."

François Hollande a promis qu'il reviendrait "régulièrement" s'expliquer devant la presse, "tous les six mois". Un exercice qu'il avait pourtant exclu lorsqu'il était candidat.

EN VIDEO -  François Hollande a nié tout "virage" dans sa politique, lors de sa première grande conférence de presse à l'Elysée, et s'est voulu pédagogue en justifiant ses choix fiscaux et le cap suivi par son gouvernement, six mois après son investiture.

"Hollande nie tout "virage" et fait de la pédagogie"