Les eurodéputés français sont-ils si nuls ? Motivation : à revoir

Si la vocation européenne des élus français est difficile à estimer sans tomber dans le jugement de valeur, il faut bien reconnaître que bon nombre de candidats présentés par les politiques n'ont pas le profil du parlementaire - ou futur parlementaire - dévoué à l'Europe. L'étude de la fondation Schuman révèle que 18 % des eurodéputés français ont démissionné de leur mandat depuis 2009, presque un élu sur cinq. A titre de comparaison, seuls 4 % des Allemands, 6 % des Britanniques et 10 % des Italiens ont mis fin à leur mission en pleine mandature. 

presque 1 eurodéputé français sur 5 a abandonné son mandat.
Presque 1 eurodéputé français sur 5 a abandonné son mandat. © Parlement européen

Le taux élevé de démissionnaires français démontre évidemment un véritable désintérêt pour ce mandat européen, abandonné dès que l'occasion s'y prête pour d'autres activités. Parmi les élus qui ont jugé préférable de quitter leurs fonctions au Parlement européen, on retrouve entre autres l'ancien ministre de l'Education nationale Vincent Peillon, l'ancien Premier secrétaire du PS Harlem Désir, aujourd'hui secrétaire d'Etat aux Affaires européennes.

Il est aussi regrettable de constater que parmi les candidats les mieux placés pour être élus, on retrouve beaucoup de perdants aux dernières élections législatives : Nadine Morano, Michèle Alliot-Marie et Renaud Muselier, tous battus, ont été investis par l'UMP. Si tu ne peux aller à l'Assemblée nationale, tu iras au Parlement européen... Et que dire de Pascal Durand (EELV) qui a récemment dû quitter la tête de son parti, ou de Florian Philippot (FN), battu aux législatives puis aux municipales ? Tous deux sont sûrs d'être élus et d'avoir un mandat pour les 5 prochaines années.

Le sentiment que certains candidats ou parlementaires élus à Strasbourg le sont pour des raisons internes aux partis politiques français semble donc se confirmer. Par ailleurs, il n'est pas inutile de rappeler que depuis l'adoption de la loi du 13 janvier 2009, il est possible pour un élu européen français devenu ministre de récupérer son siège à Strasbourg, ce qui accroit l'impression de mandat parachute. Une particularité française, puisque dans la quasi-totalité des autres pays de l'Union Européenne, toute démission du Parlement européen est définitive.