Macron-Valls : ils ne se supportent plus, mais pas de démission en vue ?

Macron-Valls : ils ne se supportent plus, mais pas de démission en vue ? Emmanuel Macron et Manuel Valls peuvent-ils travailler ensemble jusqu'en 2017 ? Les deux hommes sont passés de l'entende cordiale à l'agacement mutuel ces dernières semaines.

Les deux hommes auraient pu être de vrais alliés tant ils partagent de mêmes ambitions politiques : Emmanuel Macron et Manuel Valls ont tous deux la volonté de moderniser le parti socialiste - du moins d'incarner la gauche moderne de demain, ont envie de briser les tabous qui "sclérosent" selon eux la société française et le débat public. Sauf que l'un est Premier ministre et qu'il est davantage obligé aux compromis que le second, qui persiste, lui, depuis Bercy, à afficher une liberté de parole parfois déconcertante. Les indiscrétions pullulent ces dernières semaines et fuitent dans la presse au sujet de leurs animosités mutuelles : Manuel Valls ne supportait déjà pas il y a des mois qu'Emmanuel Macron le ringardise en réfléchissant dans la presse sur les 35 heures et sur le statut des fonctionnaires, en assumant un social-libéralisme décomplexé. Il a choisi ces dernières semaines de le contrarier publiquement et de le cadenasser politiquement. Sa prochaine loi, dite Noé (nouvelles opportunités économiques) pourrait être intégrée à celle de la ministre du Travail : Myraim El Khomri. Le gouvernement évoquera sans doute un encombrement parlementaire. Mais il s'agit surtout d'une manière de ne pas laisser la main au jeune ministre et de "gauchiser" une réforme qui doit être perçue comme un geste à l'endroit des salariés. 

Le Parisien croit savoir qu'il s'agit du désaveu de trop pour Emmanuel Macron. Selon les confidences recueillies par le quotidien, qui évoque un "bras de fer engagé entre Bercy et Matignon", le ministre de l'Economie pourrait démissionner. "Valls veut pousser Macron vers la sortie", rapporte ainsi un cadre du PS. Pour un proche de François Hollande, son éviction donnera des gages à la gauche de la gauche, et ce n'est pas rien à 18 mois de la présidentielle 2017, même si sa popularité dans l'opinion est manifeste : "C'est un phénomène d'opinion, mais il n'a aucune troupe, aucun courant, rien. Il finira comme Villepin", confie-t-il.

La rivalité entre Valls et Macron, du pain béni pour Hollande

"À leur façon de se comporter, à leurs mimiques, on voit bien qu'il y a un agacement réciproque. Mais c'est Valls qui cache le moins son trouble. Macron, lui, ne dit rien. Il est plus impassible, impavide. Il se maîtrise", confiait récemment un ministre au Figaro. Le journal a d'ailleurs consacré la semaine dernière un article sur l'affrontement discret mais réel auquel se livreraient les deux hommes. On y apprend qu'Emmanuel Macron n'est pas dupe, qu'il parle ouvertement à ses amis des "croche-pattes de Matignon". Mais aussi que François Hollande pourrait bien profiter de la situation. Ainsi, si le ministre de l'Economie perd l'initiative sur sa grande loi Macron 2, il pourrait ne pas tout perdre. "Macron sait comment Hollande fonctionne. S'il lui serre le garrot, il le gratifiera ensuite. Il pourrait lui donner un grand Bercy. La seule limite à la méchanceté de Hollande, c'est son intelligence", explique un ami du ministre au Figaro.

La démission du jeune ministre sera-t-elle acceptée ? Pour François Hollande, la présence d'Emmanuel Macron au gouvernement permet de contrecarrer l'image de réformiste novateur de Manuel Valls et l'empêche de jouir du monopole de l'agitateur d'idées. Les deux hommes sont après tout assez complémentaires : l'un a parfaitement endossé le rôle de l'austère et intransigeant Premier ministre, parlant à l'envi sécurité et valeurs de la République. L'autre incarne l'impertinence, l'agilité, l'audace dans une classe politique figée et souvent réticente au changement.

Mais le Premier ministre aura son mot à dire lors du prochain remaniement. Et son agacement est désormais perceptible. Sur le plateau de BFM TV, alors qu'on lui fait remarquer la popularité du locataire de Bercy, il répond : "Moi aussi, j'ai incarné le renouvellement et le changement. Vous savez, ça passe vite".

En vidéo - Emmanuel Macron est devenu le héros d'un jeu vidéo

"Emmanuel Macron héros d'un jeu vidéo (vidéo)"

Crédit vignette : Yoan Valat/AP/SIPA