Bruno Le Maire candidat à la primaire LR : programme, sondages, résultats... Peut-il remporter l'élection ?

Bruno Le Maire candidat à la primaire LR : programme, sondages, résultats... Peut-il remporter l'élection ? Bruno Le Maire est maintenant officiellement candidat à la primaire des Républicains (LR). Mais quelles sont ses chances ? Le député de l'Eure, qui joue la carte du renouveau, veut s'imposer comme une alternative à Alain Juppé et Nicolas Sarkozy.

[Mis à jour le mardi 23 février à 23h35] C'est maintenant officiel : Bruno Le Maire a annoncé sa candidature à l'élection présidentielle, mardi 23 février, en s'ajoutant à la liste des prétendants à l'investiture que décernera la primaire de la droite et du centre. C'est à Vesoul, loin du tout Paris, que le chantre du "renouveau" a déclaré ses ambitions, lors d'une réunion publique. "Ma décision est simple, forte, inébranlable. Oui, je suis candidat pour être président de la République", a déclaré Bruno Le Maire avant d'ajouter que "les hommes providentiels" étaient "du passé". Il lancera d'ailleurs sa campagne le samedi 5 mars aux Docks de Paris. 

Le député de l'Eure avait fait sensation en novembre 2014 en privant Nicolas Sarkozy d'un retour triomphal à la présidence des Républicains, en recueillant 29,2 % des voix lors d'un scrutin très commenté. Bruno Le Maire se lance maintenant dans une nouvelle bataille pour conquérir une place de choix au sein de l'appareil du parti.

Bruno Le Maire peut-il vraiment être désigné candidat de la droite à l'issue des primaires ? C'est peu probable, tant l'opinion publique et celle des sympathisants des Républicains et de l'UDI semble privilégier - pour l'heure - l'adoubement d'Alain Juppé ou de Nicolas Sarkozy. Mais le quadra, s'il ne parvient pas à renverser la tendance, peut s'installer dans le paysage politique comme l'alternative moderne, l'incarnation d'une nouvelle voie, du franc parler, de la jeunesse, de l'audace, etc. Bref, comme l'une des personnalités incontournables de l'avenir politique de la droite. Ne bénéficiant pas des mêmes réseaux que ses principaux concurrents, Bruno Le Maire joue des coudes dans les médias, au sein de l'Assemblée, et multiplie les réunions publiques pour se positionner comme l'un des plus ardents opposants à la majorité en place : c'est lui qui a pris l'initiative parlementaire de la grogne sur le RSI et sur la réforme du collège, lui encore qui veut porter à droite la colère des agriculteurs. Ces derniers mois, son ambition s'est très habilement appuyée sur un plan com' des plus solides avec deux leitmotivs principaux : apparaître (très) régulièrement sur les plateaux de télé ou de radio ; incarner autant que faire se peut le leadership de son électorat sur des sujets qui constituent à la fois des marqueurs de droite et qui sont considérés comme les plus concernants (impôts, travail, chômage, école). Ce mercredi, pour s'assurer une nouvelle tournée médiatique et faire connaître ses propositions pour le pays, il publie un livre, "Ne vous résignez pas" (Albin Michel).

Bruno Le Maire : quel programme, quelles idées ?

Le député de l'Eure développe ses idées en les inscrivant autour de trois priorités, qu'il énonce assez pédagogiquement dans les médias, jouant la double carte astucieuse du pragmatisme et des valeurs. A Linternaute.com, il expliquait déjà, en juin 2014, vouloir "un Etat régalien puissant" qui rétablisse "l'autorité de l'Etat". Et d'ajouter alors : "Le deuxième pilier de mes propositions, ce sont des entreprises libres. (…) Le troisième sujet : l'éducation, qui doit être le grand combat de la droite". Etatiste et libéral, mais aussi héraut du renouvellement de la classe et des pratiques politiques : le créneau pourrait lui aller comme un gant si cet énarque pouvait faire oublier son passé de conseiller de Dominique de Villepin à l'Intérieur, à Matignon, et de membre du gouvernement Fillon sous Nicolas Sarkozy qui lui avait confié le ministère de l'Agriculture... Sur le terrain de la nouvelle donne, Bruno Le Maire n'est pas dupe, il devra convaincre que, malgré ses antécédents de haut fonctionnaire et d'homme de ministères, il incarne le changement. Au Monde, il confie à ce sujet : "Je torpillerai l'ancien régime, je torpillerai les technocrates car j'en suis un. Enarque, ancien normalien, major de l'agrégation de lettres… Ils savent que je les connais bien. Juppé préservera l'ancien régime. Moi, je le foutrai en l'air, c'est ça qui se joue en 2017".

Reste la question de la matrice idéologique de Bruno Le Maire sur les questions de société. Le député s'est démarqué assez radicalement en s'annonçant favorable au mariage homosexuel, conscient que la droite au pouvoir ne pourrait pas revenir dessus. Lui qui assume une certaine forme de radicalité en matière économique est de fait assez modéré sur les questions sociales. A plusieurs reprises, dans les médias, il a fait part de ses regrets sur "l'obsession" de certains cadres de la droite à faire de "la question identitaire" une priorité.

Sur le plan international, Bruno Le Maire fait aussi entendre sa différence en demandant à François Hollande de faire intervenir les troupes françaises au sol en Syrie, dans une opération menée avec la coalition, afin de "détruire" Daesh. 

Une pointe d'anti-élitisme est assez facile à assumer. Mais, celle-ci est contre-balancée par la conviction de pouvoir rénover son camp. Dans son ouvrage "Ne vous résignez-pas", il assure pouvoir s'imposer comme l'homme de la synthèse : "Je porte en moi toutes les droites, la droite orléaniste et libérale, la droite gaulliste et bonapartiste, la droite plus à droite qui rejetait de Gaulle et à laquelle je me suis toujours farouchement opposé".

En vidéo - 35 heures, allocations chômage, cumul des mandats, immigration, etc. : les idées de Bruno Le Maire exposées dès 2014 sur notre plateau :

"Bruno Le Maire - 35h, allocations chômage, cumul, immigration"

Sondages : Le Maire troisième homme de la primaire ?

La dernière enquête d'opinion effectuée par l'institut Ipsos le 9 février 2013 crédite Bruno Le Maire de 11 % d'intentions de vote à la primaire de la droite et du centre. L'homme du "renouveau" est loin du favori Alain Juppé (44 %) et de Nicolas Sarkozy (32 %), mais il est devant l'ancien Premier ministre François Fillon (9 %), et devant tous les autres prétendants (Nadine Morano, Nathalie Kosciusko-Morizet, Hervé Mariton, etc...).

Bruno Le Maire peut se réjouir d'une dynamique qui semble à son avantage depuis quelques semaines. Le 26 janvier 2016, il était encore donné derrière François Fillon dans un sondage Ifop (avec respectivement 10 et 12 % des voix). Mais contrairement à l'ancien Premier ministre, le quadra BLM n'a pas encore lancé sa première grande opération média ni mis en vente son ouvrage dans les rayons des libraires.

Le député de l'Eure peut-il remporter cette élection ? Comme il le confie au Monde, il affiche sans complexe de très hautes ambitions : "Si je gagne la primaire, et je vais la gagner, Sarkozy, Juppé et Fillon, ne vont pas demander de poste. C'est pour cette raison que cette campagne sera féroce". Et de se lancer dans des critiques personnelles à l'endroit de ses principaux rivaux, lui qui se fixait jusque-là comme principe de ne jamais faire d'attaques ciblées sur les hommes : "Moi, j'ai encore plein de rêves. Que c'est bon de se lever le matin et de vouloir diriger le pays, je ne suis pas là pour gérer une fin de carrière ou prendre ma revanche sur François Hollande".

Bruno Le Maire : des soutiens, quel réseau ? 

Le jeune ambitieux compte déjà 31 "parrains" : 19 députés et 12 sénateurs. Dans une tribune publiée sur le site internet du JDDl, ces derniers ont pris la peine d'appeler à sa candidature pour lui préparer le terrain. "Nous souhaitons que Bruno Le Maire soit candidat à la primaire de l'alternance des 20 et 27 novembre 2016 pour qu'il devienne le prochain Président de la République". Pour eux, c'est même assez évident, Bruno Le Maire incarne "ce que les Français attendent depuis trop longtemps : des solutions responsables, courageuses et efficaces". Et d'ajouter, sur un ton tout aussi modeste : "A l'écoute de tous les acteurs de notre pays, Bruno Le Maire réformera la France pour lui redonner toute sa fierté et son dynamisme". On y retrouve le centriste Yves Jégo, alors que la question d'une participation de l'UDI à la primaire de la droite n'est pas encore tranchée. Bruno Le Maire compte parmi ses soutiens de poids l'ancien ministre et ancien commissaire européen Michel Barnier, le député Thierry Solère - en charge de l'organisation de la primaire -, le député Franck Riester - l'un des seuls élus de droite à avoir voté la loi sur le mariage pour tous -, la députée Laure de Raudière.

En réalité, Bruno Le Maire manque de réseau de poids dans l'appareil du parti. En revanche, le député a su s'entourer d'un cercle très actifs de militants jeunes et très actifs sur les réseaux sociaux. Ces derniers ne manquent jamais l'occasion de relayer sur Twitter, sur Facebook et auprès des journalistes politiques les déplacements de leur champion en province. Et il y a de quoi faire : depuis 2012, Bruno Le Maire a effectué plus de 300 déplacements, qui, de son preuve aveu, sont plus exigeants et coûteux en énergie que la charge d'un ministère.

Crédit vignette - WITT/SIPA