NKM candidate à la primaire LR : loin dans les sondages, un programme très libéral
[Mis à jour le 07 mars 2016 à 10h07] Nathalie Kosciusko-Morizet devrait se déclarer officiellement candidate à la primaire Les Républicains (LR) ce mardi 8 mars à l'occasion de la Journée de la femme. La députée de l'Essonne serait l'invitée du journal de 20h de TF1, d'après le JDD. Elle devrait ensuite commencer sa campagne sur les chapeaux de roues : un livre au ton très personnel doit paraître le 9 mars aux éditions Albin Michel, "Nous avons changé le monde". Le lendemain, elle devrait être l'invitée de la Journée de la femme digitale à Paris qui met à l'honneur les femmes ayant réussi dans le secteur du numérique. Enfin, le premier déplacement de la NKM candidate devrait avoir lieu le vendredi 11 mars en Haute-Savoie, avance encore le JDD.
Plusieurs signes laissaient penser ces dernières semaines que Nathalie Kosciusko-Morizet s'apprêtait à déclarer sa candidature en vue de l'élection présidentielle 2017. La députée de l'Essonne aurait déjà trouvé son QG de campagne qui se situerait dans le 6e arrondissement de Paris, au niveau du carrefour de l'Odéon, selon BFMTV. Quelques semaines auparavant, NKM avait créé l'association de financement de son micro parti "La France droite". Puis la sortie imminente de son livre avait fini de dissiper les derniers doutes sur sa participation à la primaire LR. Mais NKM, déjà loin dans les sondages, pourrait avoir des difficultés à convaincre. Celle qui s'est imposée en refusant la stratégie du ni-ni de Nicolas Sarkozy lors des régionales tente de recruter parmi les possibles électeurs d'Alain Juppé qui, lui, caracole déjà en tête des enquêtes d'opinion.
Le programme de NKM pour la primaire LR
Le programme de NKM pour la primaire n'est pas encore connu bien évidemment, mais Nathalie Kosciusko-Morizet est l'une des représentantes la droite "humaniste". Un courant des Républicains tourné vers le centre, sur le terrain des valeurs tout du moins. Elle s'oppose ainsi à la "droite dure" incarnée par Laurent Wauquiez qui l'a remplacé en tant que numéro 2 de LR après son éviction en décembre dernier. "A force de se droitiser, les républicains finiront par quitter les Républicains", a-t-elle d'ailleurs déclaré au Parisien peu après sa mise à l'écart. "On ne redressera pas la France avec des réactionnaires mais avec des visionnaires", a-t-elle aussi dit sur France Info.
Sur la crise des réfugiés, par exemple, NKM prône une restriction de l'immigration économique et du regroupement familial, mais rappelle que pour elle "le droit d'asile n'est pas conditionnel". "Quand quelqu'un se noie, on ne lui demande pas ses papiers, on lui tend la main", a-t-elle ainsi affirmé sur Radio Classique-LCI en septembre dernier. Sur le mariage pour tous, quand une partie de son camp s'opposait purement et simplement à une union pour les couples de même sexe, elle en acceptait le principe tout en refusant l'idée de l'adoption et de l'accession à la PMA.
Sur le terrain économique, NKM ne se place pas autant au centre que son image le laisse croire. Celle qui fut secrétaire d'Etat chargée du développement de l'Economie numérique défend une politique franchement libérale. "Il faut supprimer toute référence à une durée légale unique du travail en deçà du plafond européen de 48h et laisser les branches ou entreprises négocier leurs propres règles", a-t-elle affirmé à La Tribune. Une proposition pour le moins radicale qui va de pair pour elle avec une dégressivité des allocations chômage et l'un de ses dadas, accompagner l'"uberisation" de l'économie et la remise en cause du salariat comme "modèle dominant". La députée a ainsi expliqué à plusieurs reprises vouloir donner un statut aux travailleurs indépendants afin de fixer les règles de base. Autre proposition économique de NKM, réserver le statut de fonctionnaire à quelques fonctions régaliennes comme la magistrature.
Nathalie Kosciusko-Morizet, un style singulier
Nathalie Kosciusko-Morizet a toujours intrigué les médias du fait du personnage qu'elle a créé autour de sa personnalité. Elle n'a, tout d'abord, jamais laissé tomber son franc-parler. Jacques Chirac l'a un jour qualifiée d'"emmerdeuse", Nicolas Sarkozy aimerait sûrement faire de même aujourd'hui. "Croire que le parti se renforce en s'épurant, c'est une veille idée stalinienne", lance NKM devant les caméras peu après son éviction de la direction des Républicains. Sur le plateau du Grand Journal deux mois plus tôt, elle traite les climato sceptiques de "connards". Et lorsque les commentaires dérivent vers le sexisme, elle ne mâche pas ses mots. "Monsieur Thréard, je ne vous fais pas de commentaire sur votre coiffure", s'énerve-t-elle lors d'un Talk avec le journaliste du Figaro en novembre 2013 alors que ses choix capillaires sont très commentés dans la presse. "Je trouve ça déplacé que vous preniez du temps de parole dans une interview sérieuse et politique pour me parler de sujets que vous n'aborderiez pas avec des hommes".
EN VIDEO - Évincée, NKM dénonce une "veille idée stalinienne"
NKM est une franc-tireuse mais elle traîne aussi une image de "bourgeoise" qui lui porte souvent préjudice. On reproche à la députée d'être déconnectée de la réalité, elle est d'ailleurs souvent moquée sur les réseaux sociaux pour ses envolées lyriques. En pleine campagne présidentielle de 2012, celle qui était alors la porte-parole de Nicolas Sarkozy s'était montrée bien incapable de donner le prix d'un ticket de métro au micro d'Europe 1. Elle l'avait évalué à 4 euros alors qu'il coûtait en réalité 1,70 euro. Mais c'est en novembre 2013 que NKM a peut-être fait sa plus grande erreur de com', une fois de plus à propos du métro parisien. "Le métro est pour moi un lieu de charme (…). Je prends souvent les lignes 13 et 8 et il m'arrive de faire des rencontres incroyables", déclarait-elle au magazine Elle. "Je ne suis pas en train d'idéaliser le métro, c'est parfois pénible, mais il y a des moments de grâce". Il n'en fallait pas plus pour que les internautes se déchaînent. Lors de cette nouvelle campagne électorale, NKM devra prendre garde à ses adversaires mais aussi à elle-même et éviter à tout prix les faux pas médiatiques.
Sondages : NKM peut-elle gagner la primaire LR ?
A en croire les sondages de ces dernières semaines, Nathalie Kosciusko-Morizet n'a quasiment aucune chance de remporter la primaire des Républicains face aux leaders Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. D'après le dernier sondage BVA pour Orange et iTélé, seulement 9 % des Français souhaiteraient que la députée de l'Essonne représente la droite et le centre à la présidentielle, derrière Bruno Le Maire (10 %), François Fillon (11 %), Nicolas Sarkozy (11 %) et Alain Juppé (47 %). Selon l'Ifop-Fiducial, NKM plafonne sous les 5 %. Dans ses résultats de février pour iTélé, Paris Match et Sud Radio l'institut de sondage ne la crédite que de 3 %. Son score maximum était de 4 % en décembre.
Si Nathalie Kosciusko-Morizet a peu de chances de remporter la primaire, cette campagne qui s'annonce n'en reste pas moins une opportunité. Celle qui s'est retournée contre Nicolas Sarkozy après avoir été sa porte-parole en 2012 a ici l'occasion de faire entendre sa voix. Et surtout de devenir une personnalité qui compte au sein des Républicains, et pourquoi pas, une future présidentiable.