Primaire à droite et du centre : mais au fait, où est le centre ?
[Mis à jour le 16 novembre 2016 à 16h19] La primaire de la droite et du centre débute ce dimanche 20 novembre. Ou plutôt la primaire de la droite "sans le centre". Contrairement à son appellation officielle, le scrutin organisé par les Républicains ne fait intervenir aucun candidat issu d'un parti centriste. Du Modem à l'UDI, aucun parti estampillé au centre ne s'est associé au projet. Du côté de François Bayrou par exemple, la rupture avec l'UMP puis les Républicains est consommée depuis des lustres. Et le président-fondateur du Modem n'est pas non plus un fan du principe des primaires, qui donnent selon lui la prime aux plus radicaux dans leurs camps. On verra si le résultat de la primaire de la droite lui donnera raison dès ce dimanche.
Sans s’associer à cette "élection avant l'élection", François Bayrou a pourtant décidé de soutenir quasi-officiellement le favori, Alain Juppé. Le maire de Bordeaux et celui de Pau, en bons voisins aquitains, se connaissent depuis longtemps et s'apprécient. Ils furent tous les deux des ministres de Chirac et sont tous les deux des "tempérés". Le nom de François Bayrou fût un temps cité comme potentiel futur Premier ministre du président Juppé s'il était élu à l'issue de l'élection présidentielle. Mais c'est plutôt un poste de ministre qui pourrait lui être réservé, pourquoi pas celui de la Justice croit même savoir Le Parisien. En attendant, François Bayrou se prépare : si Alain Juppé est battu lors de cette primaire et si elle venait à désigner Nicolas Sarkozy, alors il déciderait lui même de se lancer dans la course. De quoi rendre verts de rage l'ancien président et ses proches qui ont mitraillé sa position (et par ricochet celle d'Alain Juppé) dans les dernières semaines de campagne.
EN VIDEO - Le cas Bayrou a été inévitablement abordé lors de ce deuxième débat de la primaire de la droite. Alain Juppé a clarifié la situation : François Bayrou qui le soutient ne sera pas Premier ministre.
L'UDI un pied dans la primaire, un pied dehors
Au Modem, pas une voix ne semble mettre en porte-à-faux ce ticket Juppé-Bayrou. La fidèle Marielle de Sarnez, vice-présidente du Modem, était d'ailleurs au Zénith de Paris pour soutenir Juppé ce lundi soir. Elle a salué à la tribune homme "rassembleur" et salué son ouverture au centre. Mais il ne faut pas aller bien loin pour trouver un avis divergeant. Mécontent du rapprochement avec Juppé, le député des Pyrénées Jean Lassalle, un autre ancien proche de François Bayrou, a préféré claquer la porte du parti et se porter directement candidat à la présidentielle. Celui qui se voit comme "Un berger à l'Élysée" (le titre de son livre aux éditions La Différence), qui a mené une grève de la faim très médiatique en 2006 ou encore chanté à l'Assemblée, pronostique la défaite du maire de Bordeaux dès le premier tour de la primaire. Et il invite François Bayrou à le rejoindre "quand il en aura fini avec Juppé".
Les divisions se font plus nettes encore à l'UDI. Le mouvement fondé par Jean-Louis Borloo a décidé dès le mois de mars 2016 de ne pas s'associer à la primaire de la droite, par un vote de ses militants. Ce qui n'a pas empêché son président Jean-Christophe Lagarde de les appeler à aller voter à la primaire et de soutenir lui aussi Alain Juppé. Comme Marielle de Sarnez et la sénatrice de Paris Chantal Jouanno, Lagarde a même joué les chauffeurs de salle au Zénith, pour le dernier grand meeting du candidat dans la dernière ligne droite.
Le centre en ordre dispersé
Jean-Christophe Lagarde n'est d'ailleurs pas le seul à soutenir Alain Juppé au sein de l'UDI. Le 12 octobre 2016, ce sont 600 élus de la coalition du centre qui ont rallié le maire de Bordeaux via une tribune. On compte également chez ses soutiens un certain Philippe Vigier, président du groupe centriste à l'Assemblée ou encore Laurent Hénart, président du Parti radical valoisien... Mais comme souvent, le centre part bel et bien parti en ordre dispersé pour cette primaire. Le président du Nouveau Centre Hervé Morin, élu avec les voix des Républicains à la tête de la région Normandie en décembre dernier, a décidé de soutenir son voisin, le député de l'Eure Bruno Le Maire, qui n'avait pas ménagé ses efforts lors de sa campagne des régionales. Le député de Seine-et-Marne Yves Jégo s'est lui aussi prononcé en faveur de l'ancien ministre de l'Agriculture.
D'autres, comme le député du Loir-et-Cher Maurice Leroy, le député maire d'Issy-les-Moulineaux André Santini, ou encore le sénateur-maire de Meudon Hervé Marseille, resteront quant à eux fidèles à Nicolas Sarkozy. D'autres encore préféreront jouer la carte NKM, comme le député du Tarn et président de l'Alliance centriste (membre de l'UDI) Philippe Folliot. Rassemblant depuis 2009 les nostalgiques des années UDF, l'Alliance centriste a été fondée par Jean Arthuis qui soutient de son côté... Emmanuel Macron, comme l'a récemment rapporté Ouest-France. Le parti n'a pas pris officiellement position pour la primaire. Ayant manifestement tourné la page, Jean-Louis Borloo est lui aussi resté muet.