Fillon reste candidat : "Je ne cèderai pas"
[Mis à jour le 1er mars 2017 à 12h49] Est-ce la fin de la campagne présidentielle de François Fillon ? Il a tenu une très courte conférence de presse à 12h30 depuis son QG. Les choses sont désormais claires : François Fillon a consulté ses proches et a longuement considéré son retrait ou la poursuite de la campagne. Il a donc pris la décision la plus difficile de sa vie politique : il poursuit sa campagne électorale, malgré la probable mise en examen à venir, s'en remettant au verdict "du suffrage universel".
Il a d'abord qualifié la décision des juges souhaitant le mettre en examen d'"assassinat politique". "Ce n'est pas seulement moi qu'on assassine, c'est l'élection présidentielle". "Je me rendrai à la convocation des juges, je ne désespère pas de la justice [...] Mais aujourd'hui c'est à vous mes chers compatriotes que j'en appelle. C'est au peuple français que je m'en remets", a-t-il annoncé. "Oui, je serai candidat à l'élection présidentielle", a-t-il martelé. "Au-delà de la procédure judiciaire, c'est au peuple français et à lui seul que j'en appelle désormais. Seul le suffrage universel et non pas une procédure menée à charge peut décider qui est le prochain président de la République. Je ne céderai pas, je me rendrai pas, je ne me retirerai pas".
Fillon toujours candidat face à la gronde
C'est une véritable crise qui a secou" la droite ce mercredi matin. Selon les informations du JDD, François Fillon a annulé sa visite au Salon de l'agriculture après avoir reçu, dans la matinée, une convocation par les juges d'instruction en charge de l'affaire Penelope Fillon. Il a fait venir ce matin ses avocats à son QG de campagne, pour une réunion de crise, pour établir une stratégie : faut-il répondre à la convocation des juges ou bien refuser de coopérer avec la justice ? Selon les informations de Mediapart et du Figaro, la justice souhaite le convoquer "en vue d'une mise en examen".
L'ancien Premier ministre a téléphoné dans la matinée à Nicolas Sarkozy, puis à Alain Juppé, selon plusieurs médias, qui font le point sur la réunion de crise qui s'est tenue dans la matinée. Le candidat de la droite a convoqué son équipe resserrée, après avoir parlé longuement à ses conseillers juridiques. Selon un journaliste du Figaro, l'hypothèse d'un retrait de François Fillon de cette élection présidentielle a été sérieusement évoquée. Plusieurs sources avançaient par ailleurs la possibilité de la présence d'Alain Juppé lors de la conférence de presse. Selon plusieurs sources journalistiques s'appuyant sur des témoignages de cadres LR, le retrait de François Fillon avait été acté. Mais Nicolas Sarkozy aurait refusé qu'Alain Juppé reprenne le flambeau de la candidature de la droite.
Selon plusieurs sources, le retrait de François Fillon serait acté mais la question de qui reprend le flambeau pas tranchée #planB
— Jean-Baptiste Garat (@Figarat) 1 mars 2017
Selon un élu #lesrepublicains @Fillon_2017 voudrait passer le relais à @alainjuppé mais @NicolasSarkozy y serait opposé
— sohuet1 (@sohuet1) 1 mars 2017
La campagne verrouillée de François Fillon
Depuis plusieurs jours, plusieurs médias se font l'échos des difficultés rencontrées par l'équipe de François Fillon pour organiser ses déplacements. Tout est fait pour s'assurer de sa sécurité, mais aussi pour veiller à ce que le candidat ne se retrouve pas à des Français hostiles à sa candidature.
Les journalistes doivent se contenter d'un très succinct communiqué de presse faisant part du "report" de la visite de François Fillon, sans nouvelle date ni la moindre explication. La seule chose qui est certaine, c'est que l'annulation de la venue du candidat de la droite a été décidée à la dernière minute, laissant certains de ses proches, et des membres de son équipe de campagne dans l'embarras. Dominique Bussereau, intégré dans le premier cercle, présent, lui, Porte de Versailles, a avoué aux journalistes sur place qu'il n'était pas au courant du "report" de ce déplacement.
"On en est même à repérer toutes les issues de secours possibles, au cas où ça tournerait mal. C'est plutôt le genre de dispositif que l'on fait pour un président en fin de mandat, quand les réformes douloureuses sont passées", confiait mardi un membre de l'équipe de campagne dans Le Parisien. Mais en pleine campagne, refuser d'aller à la rencontre des producteurs et des agriculteurs porte de Versailles ressemble à une terrible résignation. "Quand tout va bien, le Salon de l'agriculture est toujours un moment agréable pour les politiques. Mais quand on est dans la panade, c'est un peu plus compliqué", admet encore un soutien du candidat au Parisien, ajoutant : "Dans le meilleur des cas, il n'échappera pas à quelques sifflets. Si c'est filmé, ça suffira pour faire du mauvais buzz". Manifestement, François Fillon n'a plus envie de faire du "mauvais buzz". Pourtant, la seule manière pour lui de ne plus être malmené, c'est de se retirer de la course à l'Elysée.
Le candidat de la droite ne prend plus le train, par crainte des comités d'accueil dans les gares, explique encore Le Monde, qui s'appuie sur des confessions de proches, très inquiets. L'un d'eux explicite : "La marge d'action est réduite car on a le souci que le candidat ne soit pas interpellé par des opposants lui parlant de Penelope. Cette seule image pourrait gâcher ses visites".