Christelle Morançais : Première ministre ? Un profil qui séduit l'Elysée
Emmanuel Macron devrait nommer son nouveau Premier ministre dans les prochains jours. Alors que le chef d'Etat a décidé de prendre son temps pour ce choix difficile, les conjectures vont bon train. Parmi les noms qu'on souffle, celui de Christelle Morançais, l'actuelle présidente de la région Pays-de-la-Loire, vice-présidente du parti Les Républicains : dès le 25 avril, Le Point parle d'elle comme d'une des "futures recrues" du parti présidentiel, puis L'obs la classe parmi les personnes "avec qui Macron va gouverner". Christelle Morançais a-t-elle le profil qui convient pour le poste ? L'hypothèse qu'elle soit sur la short-list du chef de l'Etat est soulevée.
Adhérente à l'UMP (ancien nom des Républicains) depuis 2002, elle devient une militante active en 2011, pendant la deuxième campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy. Après avoir brigué plusieurs mandats sans succès, elle est élue au conseil régional des Pays-de-la-Loire en 2015, dont elle devient la deuxième vice-présidente. Le 19 octobre 2017, suite à la démission du président du conseil régional Bruno Retailleau, elle prend sa suite et devient la première femme présidente des Pays-de-la-Loire. Elle est réélue à ce poste après les régionales 2021, que sa liste remporte dans une triangulaire avec plus de 46% des voix, près de douze points devant la liste d'union de la gauche et des écologistes.
Une LR macro-compatible
Pourquoi le profil de Christelle Morançais plairait-il à Emmanuel Macron ? Tout d'abord, d'après de nombreuses sources proches du président de la République, l'intention de ce dernier est de nommer une femme. Le poste n'a en effet été confié qu'à des hommes depuis le court mandat d'Edith Cresson, entre 1991 et 1992.
Les résultats des élections régionales 2021 l'attestent, Christelle Morançais est une figure politique populaire dans sa région. De plus, quoique membre du parti les Républicains, elle assume une certaine proximité politique avec le chef d'Etat actuel : certes, elle a été la porte-parole de Valérie Pécresse lors de la campagne présidentielle. Mais cela ne l'a pas empêchée, dès le résultat du deuxième tour de l'élection, de se réjouir publiquement de la victoire d'Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Mieux que ça, elle a appelé dans un communiqué au rassemblement derrière le président réélu : "Je suis une femme de droite, je suis attachée à mes convictions, mais je considère que, dans le contexte extrêmement tendu dans lequel nous vivons, il faut savoir tendre la main, se rassembler et s'ouvrir", écrivait-elle le soir du deuxième tour. "Rien ne serait pire que l'aveuglement idéologique, le déni des réalités ou le goût de la revanche… Emmanuel Macron a désormais la responsabilité d'unir le pays. À nous de l'aider à bâtir l'unité dont la France a tellement besoin", ajoutait-elle encore.
Autre indice de sa proximité avec la macronie : Christelle Morançais est apparue proche d'Edouard Philippe lors de la campagne des régionales, en 2021. On l'avait alors aperçue, le 13 juin 2021, buvant une bière en terrasse à la Baule avec l'ancien Premier ministre d'Emmanuel Macron.
"Ce ne sont que des spéculations"
Christelle Morançais est-elle véritablement sur la liste des prétendants à Matignon ? "Il y a eu zéro contact, ce ne sont que des spéculations", ont affirmé les proches de la vice-présidente du parti les Républicains, le 27 avril à Ouest France. Le lendemain, en déplacement dans la Sarthe, la présidente de région a éludé les questions qu'on lui posait à ce propos : "Je ne ferai aucun commentaire sur ce sujet", a-t-elle répondu lors d'une visite à Avoise. Plus tard dans la journée, en réunion publique à Sablé-sur-Sarthe, elle a déclaré : "On parle beaucoup de moi mais il y a beaucoup de spéculations. Ce que je peux vous dire c'est que je n'ai pas été appelée, je n'ai pas non plus été à l'Élysée en cachette, comme certains peuvent le dire."
Rappelons aussi que certains ministres et proches d'Emmanuel Macron ont laissé entendre que le futur chef du gouvernement serait plutôt issu de la gauche, ce qui disqualifierait la vice-présidente des Républicains. Emmanuel Macron lui-même a affiché sa volonté de nommer une personne avec une fibre écologiste, ce qui n'est pas particulièrement le cas de Christelle Morançais. Deux femmes issues de la gauche se seraient d'ailleurs déjà vu approcher pour discuter du poste dans les derniers jours et l'auraient refusé, d'après les informations de BFMTV et du Parisien : Valérie Rabault, présidente des députés socialistes, et Véronique Bédague, l'ancienne directrice de cabinet de Manuel Valls. Reste à savoir si le chef d'Etat s'en tiendra aux intentions qu'il a exprimées d'ancrer son deuxième mandat plus à gauche que le premier, ou s'il préfèrera nommer, après Edouard Philippe et Jean Castex, un troisième Premier ministre – ou une Première ministre - venant du parti des Républicains.