Bruno Le Maire : le ministre de l'Economie reconduit dans le gouvernement Borne

Bruno Le Maire : le ministre de l'Economie reconduit dans le gouvernement Borne BRUNO LE MAIRE. Ces cinq années passées à Bercy n'auront pas suffi à Bruno Le Maire qui repart pour un nouveau mandat de ministre de l'Economie. Le remaniement ministériel a été annoncé par l'Elysée dans l'après-midi.

[Mis à jour le 20 mai 2022 à 17h12] C'est reparti ! Le secrétaire général de l'Elysée Alexis Kohler en a fait l'annonce officielle depuis le perron de l'Elysée : Bruno Le Maire est reconduit à son poste de ministre de l'Economie. Bruno Le Maire, qui a conservé ce poste durant tout le premier quinquennat d'Emmanuel Macron, a été jugé assez important pour rester malgré la volonté du président de "donner un nouveau souffle" à sa politique en élaborant une "nouvelle méthode" et en changeant ses troupes. Figure de la droite française, il a prouvé son utilité dans le camp LREM ces dernières années. Le locataire de Bercy s'était d'ailleurs dit "serein" quant au remaniement ministériel en préparation. Pour autant, son bilan est contrasté. Linternaute revient sur ces cinq années de mandat.

Le parcours de Bruno Le Maire 

Après cinq années en poste, l'officialisation de sa reconduction a été faite par l'Elysée. Quels étaient les arguments en faveur de son maintien au gouvernement? Le premier est son parcours remarqué dans les institutions. De l'avis de ses proches, Bruno Le Maire était "programmé" pour devenir ministre. Ses diplômes de Sciences Po Paris et de l'ENA en poche, il est directement entré au ministère des Affaires étrangères à la Direction des Affaires stratégiques, de Sécurité et du Désarmement. Un poste qui lui permit quelques années plus tard de collaborer avec le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Dominique de Villepin, en 2002 et 2004. Il se fit alors remarquer en aidant le ministre à la rédaction du célèbre discours de l'ONU du 14 février 2003 contre la guerre en Irak. En 2005, alors que Dominique de Villepin est devenu Premier ministre, il obtient d'être son directeur de cabinet. Officiellement adhérent au parti UMP en 2007, il fut nommé en 2008 secrétaire d'Etat aux Affaires européennes au sein du gouvernement Fillon, puis ministre de l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Pêche en 2009. Après un temps de battement (voir sa biographie), c'est l'heure de gloire avec la nomination au poste de ministre de l'Economie dans le gouvernement d'Edouard Philippe.

Le bilan du premier mandat de Bruno Le Maire en tant que ministre de l'Economie

Quel bilan pour ce ministre reconduit ? Lorsque Jean Castex est devenu Premier ministre en 2019, Bruno Le Maire bénéficie d'un allongement de poste et réceptionne le dossier "relance de la croissance". Et pour cause, les crises sont bien là. Pour "déminer le terrain" de la crise des gilets jaunes, il a fallu mettre en place une rallonge budgétaire d'environ 10 milliards d'euros. Pour faire face à la pandémie dont les ravages se sont fait ressentir dans tous les secteurs, il a fallu accélérer le fonds de solidarité, creuser la dette et accorder des prêts. Sur le plan international, il a fallu assurer les tractations avec l'Union européenne, notamment en s'investissant dans l'élaboration du plan de relance européen et résoudre l'épineuse question des licences de pêche post-Brexit. Puis, il a fallu gérer une inflation record en partie due à la guerre en Ukraine et à la hausse du prix des céréales. Derrière toutes ces turbulences, c'était bien Bruno Le Maire qui coordonnait les décisions. Une longévité à Bercy pour le moins "singulière", comme il le disait lui-même (propos rapportés par La Croix), le poste étant habituellement caractérise par un fort turnover (pour rappel, il est le seul ministre de l'Economie depuis 1995 à avoir tenu tout un mandat).

S'il reste aujourd'hui en poste, ce n'était pas chose assurée. Malgré sa longue expérience politique et les nombreuses responsabilités qu'il a eues depuis 2017, Bruno Le Maire ne figurait pas parmi les noms de ceux dont la reconduction est assurée. C'est en tout cas ce qu'avançait Politico dans sa newsletter du 18 mai, révélant qu'Emmanuel Macron est circonspect face aux "ambitions présidentielles" qu'entretiendrait Bruno Le Maire. En outre, il était dit que le président était en train de réfléchir à une recomposition de ce portefeuille, avec la volonté de déconcentrer les pouvoirs du futur ministre de l'Economie et des Finances, notamment en faisant du ministère des Comptes publics un ministère à part entière, sachant qu'Olivier Dussopt, l'actuel occupant du poste, n'était que ministre délégué durant ce premier mandat. Le poste serait alors allégé (élément qui n'a pas encore été confirmé par l'Elysée), alors même que les ministères des Finances et de l'Economie avaient été fusionnés en 2016. Etant donné le "CV" politique et la carrière de Bruno le Maire, on pouvait s'attendre à ce qu'il soit réticent à accepter une fonction au champ d'action restreint. Surtout, le doute provenait de son bilan qui, avec un Budget 2022 chargé en dépenses et une difficile lutte contre l'inflation (avec la continuelle flambée du prix des énergies), restait mitigé. Il a essuyé de nombreuses critiques de la part de l'opposition, en particulier de la gauche insoumise qui a pu l'accuser de délaisser l'aspect social, avec des mesures fiscales comme la fin de l'ISF, prélèvement forfaitaire unique et le prélèvement à la source. En outre, si sa légitimé technique et européenne est plutôt au beau fixe, son poids politique reste marginal. 

Bruno Le Maire est-il candidat aux législatives ?

Bruno Le Maire a déclaré le 5 mai dernier à Evreux, en Normandie, qu'il ne serait pas candidat aux élections législatives. A 53 ans, il a un ancrage local conséquent en Normandie. En 2007, il était élu pour la première fois dans la 1ere circonscription de l'Eure, sous l'étiquette de l'UMP. Réélu en 2012, il a conservé la circonscription jusqu'en 2017, où, s'il fut reconduit une troisième fois en juin, ce fut pour un mandat très éphémère : un mois au total. Il avait préféré rendre sa casquette pour se focaliser sur son nouveau poste de ministre de l'Economie, des Finances et de la Relance. Cette année donc, il n'entend pas concourir à la députation.

Il avait précisé ce choix dans un communiqué publié sur son compte Twitter : "Conformément à mes engagements, je ne ferai pas plus de trois mandats dans la première circonscription de l'Eure. Par conséquent, je ne me représenterai pas aux élections législatives des 12 et 19 juin". Il a cependant tenu à affirmer qu'il resterait "totalement engagé dans la vie politique nationale" : l'annonce d'aujourd'hui nous confirme qu'il disait vrai.

En quoi consiste le poste de ministre de l'économie ?

Chargé de préparer et d'exécuter la politique économique et financière du gouvernement, le ministre de l'Economie constitue un pilier de l'administration centrale située dans le quartier de Bercy, à Paris. Il a pour mission générale de conseiller, préparer et exécuter la politique "définie par le Gouvernement dans le domaine de l'économie, des finances, de la consommation et de la répression des fraudes ainsi qu'en matière d'industrie, de services, de petites et moyennes entreprises, d'artisanat, de commerce, de postes et communications électroniques, de suivi et de soutien des activités touristiques, comme le détaille le site officiel du gouvernement.

Ce ministre est compétent pour gérer la politique de croissance et de compétitivité de l'économie française, la législation fiscale, la réglementation, l'analyse et le contrôle de la commande publique, la politique monétaire et financière au niveau national, européen et internationale, ou encore le soutien aux nouvelles technologies, leur promotion et leur diffusion.

Qui sont les derniers ministres de l'économie ?

Il est à noter qu'en 2016, le ministère de l'Economie et des Finances est réunifié après avoir été scindé en deux ministères en 2014. Voici la liste des prédécesseurs de Bruno Le Maire au ministère de l'Economie et des Finances :

  • Michel Sapin (août 2016 - mai 2017)
  • Emmanuel Macron (août 2014 - août 2016)
  • Arnaud Montebourg (mars 2014 - août 2014)
  • Michel Sapin (mars 2014 - août 2016)
  • Pierre Moscovici (mai 2012 - mars 2014)
  • François Baroin (juin 2011 - mai 2012)
  • Christine Lagarde (juin 2007 - juin 2011)
  • Jean-Louis Borloo (mai 2007 - novembre 2010)
  • Thierry Breton (février 2005 - mai 2007)
  • Hervé Gaymard (novembre 2004 - mai 2005)
  • Nicolas Sarkozy (mars 2004 - novembre 2004)