Harcèlement scolaire : des chiffres alarmants surveillés par un "baromètre" annuel

Harcèlement scolaire : des chiffres alarmants surveillés par un "baromètre" annuel Plus d'un élève par classe subit du harcèlement selon les premiers chiffres d'une enquête nationale rendus publics ce lundi 12 février. Une situation que la ministre Nicole Belloubet veut surveiller et combattre.

Fraichement nommée ministre de l'Education nationale, Nicole Belloubet s'empare d'un "sujet majeur" : le harcèlement scolaire. Dans la lignée de Gabriel Attal qui a fait de la lutte contre le harcèlement à l'école une de ses priorités lorsqu'il était à la rue de Grenelle, la nouvelle ministre prévient contre ce "véritable fléau qu'il nous faut absolument réguler et sur lequel il faut agir". Les chiffres sont sans équivoque : "plus d'un élève par classe en moyenne subit du harcèlement", a rappelé Nicole Belloubet lors de sa visite dans le collège Robert Schuman à Reims, ce lundi 12 février.

Le harcèlement sévit à chaque niveau d'étude : 5% des écoliers du CE2 au CM2 en sont victimes, 6% des collégiens et 4% des lycéens. Ce sont les conclusions des résultats partiels de l'enquête menée en novembre auprès des élèves grâce au questionnaire d'auto-évaluation distribué dans le cadre du plan interministériel de la lutte contre le harcèlement. Ces chiffres ont été communiqués ce lundi après que 17 000 des 7,5 millions de questionnaires ont été dépouillés. Outre les cas d'harcèlement rapportés, l'enquête montre qu'une part non négligeable d'élèves doit faire l'objet d'une vigilance accrue face au risque de harcèlement : 19% des écoliers du CE2 au CM2, 6% des collégiens et 5% des lycéens.

"Un baromètre annuel du harcèlement en milieu scolaire"

"Pour bien apprendre, pour arriver à maîtriser ses connaissances, il faut vivre dans un espace où la sérénité règne, où il n'y a pas de violences de quelque sorte qu'elle soit", a déclaré la ministre de l'Education depuis le collège rémois assurant qu'un "élève ne doit pas venir dans son établissement scolaire la peur au ventre, mais au contraire le sourire aux lèvres". Au vu des résultats de l'enquête sur le harcèlement scolaire, Nicole Belloubet a annoncé "la création d'un baromètre sur le harcèlement" qui sera publié chaque année et qui, en cas de difficultés relevées dans une classe ou un établissement, pourra donner lieu à des enquêtes approfondies. Ce baromètre reposera sur une enquête similaire à celle menée en novembre 2023 avec un questionnaire distribué à chaque élève français. La ministre ajoute que lorsqu'un questionnaire révélera une situation à risque, "une nouvelle auto-évaluation individuelle au cours de laquelle l'anonymat sera levé, avec l'accord des parents" pourra avoir lieu.

L'objectif derrière cet outil de mesure de la situation est de donner "à l'ensemble des acteurs impliqués les moyens d'agir efficacement". La ministre a d'ailleurs profité de son déplacement pour annoncer ou confirmer une poignée de mesures comme la mise en place de cours d'empathie ou la création de "brigades" dans chaque académie pour intervenir dans les établissements scolaires, repérer et lutter contre les situations de harcèlement. Ces équipes mobiles comptent désormais 150 fonctionnaires de l'Education nationale comme des inspecteurs, de psychologues ou des contractuels formés à l'exercice. La ministre a également promis une meilleure rémunération des infirmières scolaires, qui ont un rôle de coordinatrice dans les établissements, avec une prime annuelle de 1250€.

La ministre a demandé aux rectorats à mettre en œuvre toutes les mesures de lutte contre le harcèlement en place. Les recteurs ont également été prévenus du caractère prioritaire de cette lutte. L'année dernière plusieurs enfants et adolescents qui étaient victimes de harcèlement se sont suicidés, pour certains la famille avait signalé la situation aux établissements sans que cela suffise à mettre un terme à la situation.