Quel ministre de l'Intérieur RN ? Chenu et Leggeri favoris
Si le Rassemblement national apparaît comme "aux portes du pouvoir" comme il est fréquent de l'entendre depuis le début de cette campagne législative, cela implique notamment le choix et la constitution d'un hypothétique gouvernement autour de Jordan Bardella si le RN venait à s'imposer au soir du 7 juillet, lors du second tour des élections législatives anticipées. Dans ce cas précis, il conviendrait de nommer un homme, ou une femme, au ministère de l'Intérieur, poste actuellement occupé par Gérald Darmanin. Si les candidats ne sont pas légion pour faire office de "Premier flic de France", deux hommes semblent tenir la corde même si les responsables du parti lepéniste n'ont pas laissé planer le moindre doute sur un éventuel ministrable.
Toutefois, la désignation de l'eurodéputé Fabrice Leggeri comme ministre de l'Intérieur pourrait se poser. Haut fonctionnaire de 55 ans, Fabrice Leggeri est notamment passé par l'ENA et l'ENS. Il intègre ensuite le ministère de l'Intérieur en 1996, puis prend la tête de Frontex, l'Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, en 2015, notamment "dans la section du trafic transfrontalier, des frontières et des visas" explique Marianne. Une nomination "sur proposition du ministre de l'Intérieur socialiste (de l'époque) Bernard Cazeneuve" révèle Mediapart. Un poste qu'il occupe jusqu'à sa démission, en 2022.
Des procédures qui pourraient gêner Fabrice Leggeri ?
Une enquête disciplinaire de l'Olaf, Office européen de lutte antifraude, l'a notamment contraint à démissionner de Frontex. Un rapport l'accusait alors de "ne pas avoir respecté les procédures et de s'être démontré déloyal vis-à-vis de l'Union européenne". Après sa démission, l'Olaf aurait enquêté sur "d'éventuelles fautes et/ou irrégularités dans le fonctionnement et la gestion interne commises" par le directeur ou "par d'autres membres du personnel de l'entreprise". L'Olaf a également demandé à Frontex "d'engager les procédures disciplinaires appropriées" à cause d'un "comportement et de ses actions envers trois membres de l'agence, dont l'ancien directeur exécutif adjoint". Toujours selon ce même rapport, Fabrice Leggeri aurait eu, entre 2017 et 2021, "un style de gestion fondé sur une micro-gestion excessive et une centralisation du processus décisionnel, ainsi que sur la méfiance à l'égard du personnel". Il aurait eu un "impact négatif" sur l'atmosphère de travail et le "bien-être" du personnel.
Et le moins que l'on puisse dire, c'est que Fabrice Leggeri avait reçu un soutien indéfectible de la part de la patronne du RN, Marine Le Pen, notamment dans l'affaire de complicité de crime contre l'humanité et complicité de crime de torture, accusant Fabrice Leggeri d'avoir participé au refoulement d'embarcations de migrants par les autorités grecques vers la Turquie mais aussi à des interceptions de migrants qui tentaient de rejoindre l'Italie par des gardes-côtes libyens. Marine Le Pen avait apporté son soutien à Fabrice Leggeri sur X : "les associations d'extrême-gauche, partisans de la submersion migratoire et complices des passeurs, veulent réduire au silence ceux qui défendent le principe du contrôle des frontières" avait-elle déclaré en avril dernier.
Un poste taillé pour ce taulier du RN, Sébastien Chenu ?
Une place de ministre de l'Intérieur qui pourrait, aussi, être confiée à un ténor du parti, Sébastien Chenu. Vice-président du Rassemblement national depuis 2022 et vice-président de l'Assemblée nationale de 2022 au 9 juin 2024, jusqu'à la dissolution par Emmanuel Macron, l'homme de 51 ans dispose d'une large expérience en politique et de la confiance de Marine Le Pen. Un ministère pourrait lui être confié, pourquoi pas celui de l'Intérieur, voire la présidence de l'Assemblée nationale. D'après les informations de BFMTV, il pourrait bien espérer une promotion dans les rangs du RN.
Vice-président de la communauté d'agglomération de Beauvais, adjoint au maire de Beauvais puis conseiller régional des Hauts-de-France, Sébastien Chenu, après de longues années dans les rangs de l'UMP, rallie le Front National en 2014 et devient député français sous la bannière RN en 2017. Au sujet d'un éventuel poste de ministre si le Rassemblement national venait à l'emporter lors des prochaines Législatives, le principal intéressé préfère jouer la carte du pragmatisme : "Marine Le Pen va se préparer à devenir présidente de la République" durant les deux prochaines années. "Je serai ce que Marine Le Pen veut" a-t-il précisé.
Le 13 juin dernier, le président LR à l'initiative du Rassemblement des droites et d'un rapprochement avec le RN, Eric Ciotti, a affirmé que si Jordan Bardella était élu comme "Premier ministre, des élus LR seront au gouvernement". Très décrié, le patron de la droite française a également indiqué que le poste de ministre de l'Intérieur ne lui avait pas été promis. Ce dernier devra également faire face à une enquête ouverte pour "détournement de fonds publics" visant sa campagne des législatives de 2022 indiquait le lundi 17 juin Le Figaro. Une enquête a été ouverte le 31 mai dernier, après un signalement du représentant local dans les Alpes-Maritimes de l'association contre la corruption Anticor.