Clémence Guetté Première ministre ? Pourquoi c'est possible

Clémence Guetté Première ministre ? Pourquoi c'est possible Si la proposition d'un Premier ministre consensuel de gauche pour représenter le Nouveau Front populaire n'a pas encore été formulée par l'alliance, le nom de Clémence Guetté, proche de Jean-Luc Mélenchon est cité.

Après la victoire de l'Union de la gauche aux élections législatives anticipées, LFI, le PCF, EELV et le PS doivent désormais annoncer le nom du prochain Premier ministre issu de leur rangs qui sera proposé à Emmanuel Macron. Et si certains rejettent l'idée d'un chef de gouvernement issu de LFI, '"il faut trouver une figure qui apaise" et "si on veut gouverner, il faut le nom le plus consensuel possible" glisse un membre du NFP à Politico, les insoumis ne semblent pas l'entendre de cette oreille, à commencer par une des figures montantes côté LFI, Clémence Guetté.

"Nous sommes un collectif et ça va changer de la monarchie présidentielle" lançait la députée du Val-de-Marne ce mardi matin sur LCI. Elle poursuit : "Nous devons proposer un nom de Premier ou Première ministre mais aussi toute une équipe gouvernementale (...) et nous ne manquons pas de talent" argumente-t-elle. Sans nommer le moindre nom, la moindre piste, cette très proche de Jean-Luc Mélenchon assure que malgré l'absence de majorité absolue à l'Assemblée nationale pour le Nouveau Front populaire (NFP), l'alliance fera "fonctionner la démocratie parlementaire", notamment pour faire appliquer son programme.

Fidèle de Jean-Luc Mélenchon depuis 2010

Née le 15 mars 1991 à Bressuire dans les Deux-Sèvres, fille d'un père homme au foyer et d'une mère professeure d'anglais, Clémence Guetté obtient son baccalauréat scientifique avec mention "très bien" puis une licence de lettres à l'Université de Poitiers. Durant un an, elle intègre Agro Pris Tech, pour se former aux politiques de l'environnement. C'est en 2010 qu'elle adhère au Parti de gauche fondé par Jean-Luc Mélenchon. Un homme qu'elle suivra six ans plus tard, en rejoignant La France insoumise (LFI). En 2017, Clémence Guetté est nommée secrétaire générale du groupe parlementaire LFI à l'Assemblée nationale. Elle participe également à l'élection présidentielle de 2017 et aux législatives.

En 2019, lors du départ de Charlotte Girard, elle prend sa place comme coordinatrice du programme de l'Avenir en Commun dans la campagne de l'Union populaire, proche de la candidature de Jean-Luc Mélenchon pour la présidentielle de 2022. "J'ai toujours ressenti une forme de révolte, de colère. Je viens d'une famille modeste sur le plan financier, j'ai grandi dans un environnement imprégné de discussions politiques, même si mes parents n'étaient pas militants" déclarait-elle en mai 2022 dans les colonnes de Madame Figaro. En 2021, elle est candidate pour la première fois aux élections régionales. Tête de liste LFI en Nouvelle-Aquitaine, elle récolte 5,67 % des voix, soutenue par le PCF et le NPA. Un an plus tard, en 2022, elle est élue comme députée dans la 2e circonscription du Val-de-Marne sous la bannière NUPES. Elle siège au Parlement avec LFI et est membre de la commission du Développement durable et de l'Aménagement du territoire de l'Assemblée nationale. Lors des récentes élections législatives, Clémence Guetté a été réélue dès le premier tour (30 juin 2024) dans sa circonscription du Val-de-Marne en recueillant 55 % des suffrages exprimés.

Clémence Guetté, la "figure qui doit apaiser et réparer le pays" ?

La France insoumise a annoncé avoir été force de proposition pour le poste de Premier ministre avec plusieurs noms avancés selon Jean-Luc Mélenchon. "Olivier Faure a proposé que le groupe parlementaire le plus important propose un ou une Premier ministre. Nous avons plusieurs noms à proposer : Manuel Bompard, Mathilde Panot, Clémence Guetté…" a-t-il déclaré sur LCI. Le fondateur du parti ne s'est pas cité dans la liste et assure qu'il "ne [sera] jamais le problème, toujours une partie de la solution" après les remous qu'avaient faits ses précédentes déclarations sur sa propre "candidature" à Matignon, mais il a refusé de s'exclure définitivement de l'équation. Alors, les noms avancés seront-ils bien accueillis et auront-ils le soutien de la majorité des élus du Nouveau Front populaire ? Que ce soit le sien ou celui de ses proches collaborateurs insoumis, Jean-Luc Mélenchon estime qu'on "ne peut pas dire sans raison 'pas lui ou pas elle'" et qu'un refus des alliés de gauche devra être justifié, sous-entendu par autre chose que par son appartenance politique.

Évoqué par le boss des Insoumis, le nom de Clémence Guetté, députée du Val-de-Marne et présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale entre 2017 et 2022 semble justement faire des émules chez les sympathisants du parti. En effet, des centaines de militants insoumis appelaient à sa nomination dès lundi soir. Pour rappel, elle fait partie des personnalités politiques de gauche à avoir activement participé aux négociations avec EELV, le PCF et le PS concernant le programme commun du Nouveau Front populaire. Le député LFI de la 4e circonscription de Haute-Garonne (réélu dès le premier tour des élections législatives le 30 juin dernier) François Piquemal postait même un message sans équivoque sur son compte X (ex-Twitter) ce lundi, "Et si c'était elle ?" écrit-il en légende d'une photo sur laquelle sont présents Clémence Guetté, et lui-même.

Des déclarations, louanges et autres recommandations qui font de Clémence Guetté une candidate sérieuse pour représenter le NFP en tant que Première ministre. La première secrétaire d'EELV Marine Tondelier dressait le profil idéal du prochain locataire de Matignon - de gauche - au lendemain du second tour des législatives en évoquant une "figure qui doit apaiser et réparer le pays". Deux cases que Clémence Guetté semble cocher en ces temps de fracture dans la société française. Aujourd'hui, son profil, malgré l'hostilité des autres forces de l'alliance de la gauche à l'idée d'un Premier ministre LFI, apparaît nettement moins clivant que celui de Jean-Luc Mélenchon. "Pour la majorité des représentants des forces politiques dans ce Nouveau Front populaire, il ne sera pas et ne peut pas être Premier ministre" indiquait le patron du Parti communiste français Fabien Roussel ce mardi sur RTL au sujet de Jean-Luc Mélenchon. Clair, net et précis.