Résultat de la Nupes aux législatives 2022 : déjà la zizanie entre les partis politiques, l'alliance menacée ?
NUPES. Elle n'est pas encore installée à l'Assemblée que déjà la Nupes rencontre des difficultés. Alors que Jean-Luc Mélenchon appelle à former un seul groupe dans l'hémicycle, le PS, le PCF et EELV refusent de se fondre en une seule force.
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[Mis à jour le 20 juin 2022 à 16h04] Non, il n'y aura pas de groupe Nupes à l'Assemblée nationale. Le proposition formulée par Jean-Luc Mélenchon en début d'après-midi au lendemain des élections législatives n'a pas rencontré le succès escompté. A peine l'insoumis a-t-il estimé que "la Nupes devrait se constituer comme un seul groupe au Parlement, de manière à ce que sans aucune discussion possible, il soit établi qui mène l'opposition dans le pays", que les autre partis de gauche membres de la coalition se sont opposés à l'idée. Socialistes, communistes et écologistes tiennent à rester identifiables sous leurs couleurs à l'Assemblée nationale et s'accrochent à l'accord électoral de la Nupes qui prévoit uniquement un "intergroupe pour nos positions communes", rappelle la direction d'EELV à BFMTV. La proposition du leader des insoumis "n'est pas du tout ce qui a été convenu dans notre accord, il n'a jamais été question qu'on se fonde dans un seul groupe", s'est emportée pour sa part le direction du parti communiste.
Cet accrochage traduit-il la fragilité de la Nupes maintenant que les législatives sont passées ? Force est de constater que l'alliance de la gauche ne sera pas toujours unanime à l'Assemblée nationale, mais c'est une autre crainte que révèlent à la fois la proposition de LFI et les réactions des autres forces de gauche : la crainte d'une hégémonie des insoumis, déjà majoritaires. Une peur qu'il ne fait pas bon d'alimenter, aussi Jean-Luc Mélenchon a reprécisé la teneur de sa proposition sur Twitter. Il espère rassurer en expliquant ne pas souhaiter "la dissolution des partis mais la formation d'un groupe parlementaire commun". Et Jean-Luc Mélenchon d'ajouter : "Chacun pourra bien sûr constituer une délégation distincte à l'Assemblée nationale comme nous le faisons déjà chacun au Parlement européen".
Je n'ai pas proposé la dissolution des partis mais la formation d'un groupe parlementaire commun. Chacun pourra bien-sûr constituer une délégation distincte à l'Assemblée nationale comme nous le faisons déjà chacun au Parlement européen. pic.twitter.com/OG76DUr4Q7
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 20, 2022
N'en déplaise à Jean-Luc Mélenchon et à LFI, il y a peu de chances de voir les 131 députés de la Nupes siéger sous cette bannière. De quoi questionner la viabilité de l'alliance mais aussi la force de l'opposition qu'elle constituera face à la majorité présidentielle. Pourtant au départ, l'accord écrit noir sur blanc semblait convenir à tout le monde. "On aura chacun notre groupe et on se réunira dans un intergroupe pour peser plus fort sur des projets de lois très emblématiques", rappelait encore Antoine Léaument, le communicant numérique de Jean-Luc Mélenchon sur BFMTV hier. Alors pourquoi ce changement de dernière minute ? En plus d'illustrer les désaccords qui persistent entre les partis de gauche, il donne du grain à moudre à la majorité, à la droite et aux dissidents de gauche dont un critiquait déjà auprès de la chaine d'information en continu, les volontés des élus Nupes de "tous vouloir tirer la couverture à eux".
Une motion de censure déjà promise par la Nupes
A l'Assemblée nationale, la Nupe sera composée des différents groupes de députés insoumis, socialistes, écologistes et communistes. Ils ne sont pas encore installés dans l'hémicycle que déjà les députés LFI promettent de déposer une motion de censure contre le gouvernement Borne le 28 juin, jour de la première séance de la nouvelle Assemblée. Le but n'est autre que de destituer Elisabeth Borne de ses fonctions de Première ministre et contraindre Emmanuel Macron à désigner un nouveau chef du gouvernement. Le départ de la Première ministre de Matignon est le premier objectif du camp insoumis. Le 20 juin, au lendemain des élections législatives, le député des Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard estimé sur BFMTV : "Normalement, Madame Borne devrait partir. Le gouvernement tel qu'il était constitué ne peut plus fonctionner. [Sa démission], serait la logique politique. Elle n'a plus la légitimité politique pour gouverner".
Quel résultat pour la Nupes aux élections législatives 2022 ?
Selon les résultats définitifs publiés dans la nuit par le ministère de l'Intérieur, 131 députés issus de la Nupes siègeront désormais à l'hémicycle. A l'inverse, Ensemble !, coalition présidentielle, obtient 245 sièges... Dans le détail, on compterait parmi les députés Nupes 75 députés en provenance de LFI, 30 du PS, 15 d'EELV et 10 du PCF.
La dualité entre l'exécutif et la gauche aura rythmé la campagne des législatives. La stratégie de la Nupes a été de faire valoir son programme par rapport aux propositions et aux politiques de président de la République. Une opposition qui donné lieu à des vifs échanges sur le pouvoir d'achat et la hausse de la TVA envisagée par le gouvernement selon l'insoumis ou sur les enjeux face au réchauffement climatique face à "l'inaction climatique" d'Emmanuel Macron dénoncée par la Nupes. Une façon d'apparaître aux yeux des électeurs comme la meilleure alternative pour ces législatives. Jean-Luc Mélenchon a d'ailleurs durant l'entre-deux-tours appelé tous les électeurs qui ne voulaient pas de la politique d'Emmanuel Macron pendant cinq ans de plus à faire le choix de la Nupes comme opposition. Un appel relativement entendu mais diminué par le poids surprise du RN au 2e tour avec 89 députés pour le parti de Marine Le Pen.
Qui sont les députés Nupes ?
La gauche avait déjà réussi à faire élire quatre de ses candidats dès le premier scrutin, tous sont des insoumis : Alexis Corbière en Seine-Saint-Denis et Danièle Obono, Sophie Chikirou et Sarah Legrain à Paris. En face, la majorité présidentielle n'a obtenu qu'un député issu du parti philippiste Horizons, Yannick Favennec, à l'issue du premier tour. La Nupes était également déjà certaine de qualifier trois autres candidats, seuls en cours dans leur circonscription après le désistement de leur adversaire : Soumya Bourouaha, Clémentine Autain et Elie Califer.
Au deuxième tour, la Nupes a notamment réussi son pari de faire élire de nouveaux visages comme la figure du conflit des femmes de chambre de l'hôtel Ibis des Batignolles, Rachel Kéké dans la 7e circonscription du Val de Marne mais aussi des figures montantes de LFI comme Clémence Guetté dans la circonscription de Créteil et des cadres du parti comme Adrien Quattenens (1ere circonscription du Nord), Clémentine Autain (11e circonscription de Paris), Ugo Bernalicis (2e circonscription du Nord), Raquel Garrido (5e circonscription de Seine-Saint-Denis) ou Mathilde Panot (10e circonscription du Val de Marne), devenue l'hiver dernier pendant la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon présidente du groupe LFI à l'Assemblée.
Du côté d'EELV, à noter les élections de Julien Bayou et Sandrine Rousseau suite à leurs succès à Paris, Sandra Regol n°2 du parti et vainqueur dans le Bas-Rhin et de Delphine Batho dans les Deux-Sèvres. Au PS, Jérôme Guedj a pris sa revanche sur Amélie de Montchalin dans la 6e circonscription de l'Essonne et Olivier Faure a été réélu en Seine-et-Marne. Valérie Rabault, qui était à la tête du groupe parlementaire PS à l'Assemblée lors de la dernière mandature, s'est également imposée dans le Tarn et Garonne. Enfin, au PC, à noter les réélections de Fabien Roussel (20e circonscription du Nord) et André Chassaigne (5e circonscription du Puy de Dôme).
La Nupes est-elle un parti politique ?
La Nouvelle union populaire écologique et sociale ou Nupes, est la coalition de la gauche qui a bousculé les élections législatives. Réunissant les insoumis, porteurs et majoritaires au sein de l'alliance, les socialistes, les écologistes et les communistes, elle redonne vie à la gauche plurielle des législatives de 1997. La Nupes espère réaliser le même exploit qu'il y a 25 ans en obtenant la majorité absolue à l'Assemblée nationale ce dimanche 19 juin. Attention toutefois à ne pas considérer la Nupes comme la fusion des partis politiques de gauche car aucune formation ne souhaite se dissoudre dans cette nébuleuse. Manuel Bompard, insoumis et négociateur pour la conclusion de l'alliance a répété le 14 juin sur RFI que la Nupes n'était pas un parti politique mais bien une coalition : une fois à l'Assemblée, chaque député siégera dans le groupe de son parti. Toutefois, la gauche espère rester solidaire longtemps après les législatives car la coalition "a vocation à durer", selon Bompard.