Budget 2025 : les macronistes râlent, le RN menace... Pourquoi Barnier tape du poing sur la table
Le top départ de l'examen du budget 2025 est donné ce lundi soir à l'Assemblée nationale. Un texte qui ne convient pas à la coalition gouvernementale elle-même, ce qui pourrait coincer le Premier ministre Michel Barnier.
L'examen de la partie "recettes" du budget 2025 débute ce lundi à 21h30 en séance plénière à l'Assemblée nationale. Les députés ont 40 jours pour se mettre d'accord sur ce pan du projet de loi de finances (PLF) censé faire 60 milliards d'euros d'économies pour ramener le déficit public à 5 % l'an prochain. Le gouvernement Barnier devra se heurter à un hémicycle plus divisé que jamais, et des débats agités comme en commission des Finances la semaine passée. Dans ces conditions, impossible de dire si cette séquence de plus d'un mois consacrée au PLF ira à son terme.
S'il y a bien une force politique qui a intérêt à ne pas faire durer les débats, c'est bien le Nouveau Front populaire (NFP). En effet, l'alliance de la gauche - vainqueur aux dernières élections législatives anticipées - doit faire corps et tenter de mettre sa patte sur ce budget 2025. "C'est jouable", estimait Eric Coquerel, député NFP de Seine-Saint-Denis ce dimanche sur BFMTV.
À l'inverse, si les discussions s'éternisent, et dépassent le délai imparti de 40 jours, le Premier ministre Michel Barnier pourrait changer de braquet et décider d'activer un autre levier de la Constitution, à savoir l'article 47. Ce dernier permet au gouvernement de saisir le Sénat pour "statuer dans un délai de quinze jours (...) si l'Assemblée nationale se s'est pas prononcée en première lecture dans un délai de quarante jours". Une catastrophe pour la gauche, et un avantage certain pour la coalition gouvernementale, le Sénat étant majoritairement de droite.
Michel Barnier va "appeler à la mobilisation" dans ses rangs
Dans les rangs de la majorité présidentielle (Ensemble, La Droite républicaine, MoDem, Horizons), la séquence parlementaire qui s'annonce n'apparaît pas comme la plus simple, loin de là. D'abord, parce que Michel Barnier ne peut s'appuyer que sur une toute petite majorité relative, d'à peine plus de 200 députés, loin de la majorité absolue fixée à 289 députés. Ensuite, car le budget du gouvernement ne semble pas faire l'unanimité, même dans ses propres rangs.
Sur les 3 496 amendements déposés par les onze groupes parlementaires, 728 sont issus de la Droite républicaine et 516 proviennent d'Ensemble pour la République (le camp Macron). Autrement dit, l'alliance gouvernementale qui peut également être définie par le terme de "socle commun" a visiblement de nombreux ajustements à apporter, du moins à proposer sur un budget qu'elle est censée soutenir.
Alors, quelle solution pour Michel Barnier ? Tout d'abord, resserrer les rangs et mobiliser son camp sur les bancs de l'Assemblée nationale. D'après un conseiller du locataire de Matignon pour Politico, ce dernier va "appeler à la mobilisation" les députés du "socle commun" sur le budget 2025 en insistant sur le "sens du collectif et de la responsabilité (...) il est important que les députés soient à ses côtés", peut-on également lire. La consigne est claire : il faut se mobiliser en nombre lors des premières séances d'examen du PLF. Dans les faits, Michel Barnier n'a plus vraiment le choix s'il souhaite mobiliser les fidèles macronistes, dont certains n'adhèrent pas vraiment à son discours. "Beaucoup ne se sentent pas respectés et pas considérés par le Premier ministre, et pensent que ça ne sert à rien de se mobiliser pour un Premier ministre qui se contrefiche d'eux", explique un collaborateur du groupe auprès de Politico.
La coalition gouvernementale en ordre dispersé
Ce lundi midi, Michel Barnier et Gabriel Attal doivent déjeuner ensemble. Ce soir, avant le début de l'examen du budget, le chef du gouvernement sera également présent au cocktail organisé au ministère des Relations avec le Parlement. Le moment pour lui de faire passer un message clair, et d'appeler à la mobilisation sous peine de se faire couper l'herbe sous le pied par le NFP et/ou le RN. Pour rappel, dès lors que le Nouveau Front populaire et le Rassemblement nationale décideront de voter ensemble, il n'y aura aucun espoir pour la coalition présidentielle de rivaliser. D'autant plus si les macronistes et la Droite républicaine ne font pas acte de présence suffisant dans l'hémicycle, comme cela s'est produit lundi et mardi derniers avec le rejet de deux textes après le vote de la gauche et de l'extrême droite et des sièges clairsemés dans les rangs du socle commun.
Ce dimanche, le député RN de la Somme Jean-Philippe Tanguy - interrogé sur BFMTV - ne souhaitait "pas se prononcer à la place de son groupe" au sujet d'une éventuelle motion de censure contre le gouvernement en cas de recours à l'article 49.3 par Michel Barnier pour faire adopter le budget 2025. "Nous verrons. Ce sera une décision de Marine Le Pen avec Jordan Bardella évidemment", indique l'élu. Le Rassemblement national n'exclut donc pas totalement de voter une motion de censure pour tenter de renverser le gouvernement en place.
Un nombre d'amendements déposés extrêmement importants, un absentéisme notoire sur les bancs de l'Assemblée nationale la semaine passée... Existe-t-il un malaise dans les rangs de la coalition présidentielle ? Les différents groupes de cette coalition se sentent-ils réellement responsables de ce manque de mobilisation ? Pas vraiment à en croire les mots de l'un des quatre groupes glissés à Politico : "il faut apprendre à perdre". Comprenez que si un vote est perdu d'avance, il n'est pas nécessaire de faire des efforts substantiels pour inciter les parlementaires au vote.