Les prisons pour narcotrafiquants choisies : même le roi de l'évasion ne s'en est pas échappé

Les prisons pour narcotrafiquants choisies : même le roi de l'évasion ne s'en est pas échappé Les prisons de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et Condé-sur-Sarthe (Orne) ont été choisies par Gérald Daranin pour accueillir les plus gros narcotrafiquants du pays. Même le redoutable Redoine Faïd n'est pas parvenu à s'en évader.

Les 200 "plus gros narcotrafiquants" seront incarcérés dans les prisons les plus sécurisées de France : Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) et Condé-sur-Sarthe (Orne). Une information confirmée par Gérald Darmanin, jeudi 6 mars. Endiguement physique sévère, visio-conférence pour les échanges entre détenus et juges, pas de contact physique avec les visiteurs, installation de portails à ondes millimétriques... Les conditions de détention seront dures. Il s'agit tout simplement d'une "révolution carcérale", selon les mots du ministre la Justice. D'autant plus que ces deux établissements ont déjà un profil à "haute sécurité" comme souhaité par le garde des Sceaux : elles accueillent des détenus au profil extrêmement sensible, comme Redoine Faïd, dit le "roi de la belle".

Un temps spécialisé dans l'attaque de fourgons blindés et désormais considéré comme le détenu le plus surveillé de France, Redoine Faïd avait pris la direction du centre pénitentiaire de Condé-sur-Sarthe, après son incarcération à Fleury-Mérogis. Il se trouvait alors sous le statut de détenu particulièrement surveillé et avait été placé à l'isolement. Mais ici, aucune trace d'évasion le concernant, preuve, déjà, de l'efficacité du centre pénitentiaire, bien avant sa désignation comme l'une des deux prisons phares choisies par l'Etat pour accueillir les narcotrafiquants les plus dangereux du pays.

Le cas de la prison de Vendin-le-Vieil - où se rend ce vendredi matin Gérald Darmanin - est assez similaire. Le braqueur multirécidiviste Redoine Faïd est justement incarcéré dans cette prison. Le 10 décembre 2024, ce dernier avait entamé une grève de la fin d'après les secrétaires locaux de l'UFAP et de Force Ouvrière, des informations révélées à l'époque par France Bleu Nord. En cause ? Ses conditions de détention et un refus de la levée de son isolement. Preuve, une nouvelle fois, des sévères conditions de détentions dans ce second établissement qui ont aussi contribué à éviter une éventuelle évasion, au delà du caractère sécuritaire de la prison nordiste en elle-même.

"Les détenus ne pourront plus du tout sortir"

En revanche, le 13 avril 2013, Redoine Faïd évadé du centre pénitentiaire de Lille-Loos-Sequedin (Nord) grâce à des explosifs et à la prise d'otage de quatre personnes. Cinq ans plus tard, le 1er juillet 2018, il s'évade cette fois de la prison de Réau (Seine-et-Marne) aidé par trois complices cagoulés et armés de kalachnikov. Les caméras de surveillance sont brouillées à l'aide de fumigènes et les portes qui menaient au parloir découpées à l'aide d'une disqueuse. S'en suivra une des évasions les plus spectaculaires de France, Redoine Faïd s'enfuit en hélicoptère piloté par un otage des complices du braqueur. Des scènes pour l'instant impossible à imaginer dans les prisons de Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe, sélectionnées par le garde des Sceaux pour accueillir les détenus dangereux. Des établissement à la pointe de la technologie qui font partie du plan de lutte de Gérald Darmanin contre le narcotrafic et la criminalité organisée.

Dans ces deux prisons, les tentatives d'évasion ont donc été rares, et surtout infructueuses pour les plus téméraires qui s'y sont essayés. Le 3 novembre 2022, un détenu du centre pénitentiaire de Vendin-le-Vieil réussissait à grimper à mains nues jusqu'au toit de l'un des bâtiments de la prison. Une fois sur le toit et l'alerte déclenchée, il n'avait finalement aucune ambition de s'évader. Il souhaitait en réalité manifester sa colère contre une promesse non tenue par la direction au sujet du versement de mandats à sa famille, d'après des sources proches du syndicat pénitentiaire des surveillants (SPS) auprès du quotidien Le Parisien.

Dans le détail, les narcotrafiquants concernés seront emprisonnés dans la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil, à partir du 31 juillet, suivie mi-octobre de celle de Condé-sur-Sarthe. "Les détenus ne pourront plus du tout sortir, même pour aller chez un juge d'instruction", a assuré Gérald Darmanin. Au total, le coup des travaux pour les deux établissements est estimé à environ dix millions d'euros.