Karol Nawrocki : qui est le nouveau président de la Pologne, pro-Trump et blacklisté par Poutine ?
Karol Nawrocki est le nouveau président de la Pologne. Soutenu par le parti nationaliste conservateur Droit et justice (PiS), il s'est imposé face au maire libéral de Varsovie, Rafal Trzaskowski, selon les résultats officiels publiés ce lundi, avec 50,89 % des voix contre 49,11 % pour son adversaire pro-européen. Cet historien spécialiste du monde criminel et âgé de 42 ans est également un admirateur de Donald Trump.
Il l'avait rencontré à la Maison Blanche avant le premier tour et affirmait que le président américain lui a déclaré "Vous allez gagner". Une rencontre qui avait soulevé en Pologne des accusations d'ingérence américaine dans l'élection. Par la suite, la secrétaire à la sécurité intérieure des Etats-Unis, Kristi Noem avait ouvertement affiché son soutien à Karol Nawrocki : "Il faut qu'il soit le prochain président", déclarait-elle à la conférence des conservateurs américains (CPAC), organisée dans le sud de la Pologne.
Hostile à l'Union européenne et Zelensky
Né à Gdansk et issu d'un milieu populaire, Karol Nawrocki est un passionné de boxe et obtient un MBA en stratégie et gestion de projets et un doctorat en histoire. Par la suite, il dirige le Musée de la seconde guerre mondiale de Gdansk (2017-2021), avant de prendre la présidence de l'Institut de la mémoire nationale. L'an passé, ses démarches destinées à déboulonner des monuments de l'ère soviétique en Pologne ont incité la Russie de Vladimir Poutine à l'inscrire sur sa liste de personnes recherchées. Ses travaux sur le rôle de l'URSS dans la Pologne post-1945 n'y ont pas été étrangers non plus.
Avec un slogan "La Pologne d'abord, les Polonais d'abord", le natif de Gdansk annonçait la couleur lors de sa campagne. Pourtant, jusqu'en 2024, il était un illustre inconnu en Pologne. Le PiS l'avait présenté au public le 25 novembre 2024 pour tenter d'insuffler un nouveau souffle dans sa branche traditionaliste et présenter un candidat plus jeune. Dix ans en arrière, la mécanique était la même avec Andrezj Duda, un juriste très peu connu qui totalise désormais deux mandats.
Karol Nawrocki, lui, avait notamment ciblé l'Union européenne et le million de réfugiés ukrainiens qui vivent dans en Pologne, membre de l'UE et de l'Otan pendant sa campagne. Les prestations sociales sont "avant tout destinées aux Polonais" et "dans les files d'attente chez les médecins et dans les hôpitaux", les Polonais devraient avoir "la priorité", avait-il déclaré. Il avait également accusé le président ukrainien Volodymyr Zelensky "d'insolence" vis-à-vis de la Pologne, par manque de gratitude pour "ce que les Polonais ont fait".
Prostituées, bagarres, néonazis... Plusieurs scandales
Pendant la campagne, une part d'ombre a été révélée sur celui qui a désormais remporté l'élection présidentielle polonaise. En effet, plusieurs médias ont révélé qu'il avait acquis un appartement auprès d'un homme âgé à l'issue d'une transaction jugée opaque par des observateurs et ses opposants politiques. Lui, assurait n'en posséder qu'un, "comme la majorité des Polonais". Mais ce n'est pas tout. Le site Onet publiait une enquête sur la potentielle introduction de prostituées dans un hôtel à Sopot - une station balnéaire située sur la mer Baltique - lorsqu'il y travaillait comme garde il y a vingt ans. Le principal intéressé parle lui d'un "tas de mensonges".
Karol Nawrocki a aussi été accusé d'entretenir des liens avec des gangsters et des néonazis. Il s'agit selon lui d'une "manipulation profonde (...) Personne n'a jamais entendu un mot positif de ma part sur le nazisme", assure-t-il. Il concède toutefois avoir eu des contacts rares et limités avec ces organisations, à des fins professionnelles. Ce dernier a également participé en 2009 à une bagarre organisée entre hooligans, alors qu'il travaillait à l'Institut polonais de la mémoire nationale. Certains participants ont été condamnés à de lourdes peines dont l'un d'eux pour meurtre à la machette. Selon ses termes, il s'agissait davantage d'un "combat noble et viril". Il n'a jamais nié sa présence à ce règlement de compte.
Enfin, l'homme de 42 ans a été vivement critiqué pour son rôle d'auteur. Il a écrit écrit plusieurs livres sous deux noms différents. En 2018, signant Tadeusz Batyr, il a publié un ouvrage consacré à un gangster de l'ère communiste, Nikodem Skotarczak. Ce fameux Tadeusz Batyr était apparu le visage flouté à la télévision d'Etat. Plus tard, Karol Nawrocki indiquait que Karol Nawrocki lui avait demandé des conseils pour la rédaction de son livre, "il m'a remercié en m'offrant un livre intéressant que je recommande", abondait-il. Finalement, Batyr et Nawrocki n'étaient qu'une seule et même personne.