La liste confidentielle des armements livrés par la France à Israël dévoilée
"La France ne vend pas d'armes à Israël. Point." C'est avec un discours ferme prononcé devant les sénateurs le mercredi 11 juin que le ministre des Armées a voulu mettre fin aux accusations répétées des derniers mois. Pour lutter contre cette campagne de "désinformation", Sébastien Lecornu a décidé de déclassifier un document qui prouve, selon lui, que la France ne livre aucune arme offensive destinées à être utilisées dans la guerre contre le Hamas à Israël.
Le document en question, censé rester confidentiel jusqu'en septembre prochain, a été remis aux présidents des commissions de Défense de l'Assemblée nationale et du Sénat plus tôt que prévu, sur décision du ministre avec l'autorisation du Premier ministre François Bayrou. Il contient "la liste exacte des livraisons" d'armements français à destination d'Israël en 2024. Des exportations dont le montant s'élève à 16 millions d'euros.
Deux types de matériels militaires sont envoyés par la France à l'Etat hébreu selon cette liste décrite dans les grandes lignes par le ministre des Armées. D'abord, "des composants qui sont utilisés dans le cadre du 'dôme de fer'" qui est le dispositif de défense aérienne d'Israël. Il s'agit "d'armes strictement défensives et protégeant les populations civiles israélienne", a assuré Sébastien Lecornu devant le Sénat. Les autres livraisons concernent "des pièces détachées à des fins de réexportation, dont souvent la France est le pays destinataire final", a ajouté le ministre. Parmi les composants cités dans cette liste de livraisons figurent des "maillons et accessoires pour munitions", des "éjecteurs de munitions" ou encore des "potentiomètres pour missiles défensifs" détaille l'AFP.
En communiquant cette liste normalement confidentielle, le ministre entend décrédibiliser le rapport publié le mardi 10 juin par le réseau militant Progressive International qui accuse la France de livrer des armes à Israël de manière "régulière et continue" depuis octobre 2023. Selon ce rapport militant, qui dit s'appuyer sur des données de l'Autorité fiscale israélienne, les livraisons françaises comprennent du matériel servant à fabriquer des "bombes, grenades, torpilles, mines et missiles" et d'autres composants comme des "lance-roquettes" ou des "fusils militaires".
Non seulement de confier la liste des livraisons d'armements français à Israël aux parlementaires, Sébastien Lecornu s'est défendu de fournir des armes offensives à l'Etat hébreu, comme sous-entendu dans le rapport du réseau Progressive International, en assurant "qu'Israël est un des grands concurrents des industries de défense françaises et que, par définition, il n'attend pas les armes françaises" pour s'équiper.
Les exportations d'armements ont-elles augmenté ?
Si le ministre des Armées est revenu sur le contenu des livraisons militaires faites par la France à destination d'Israël, il n'a pas fait mention de la quantité de ses livraisons. D'après le rapport annuel sur les exportations d'armements français présenté au Parlement, la France a reçu des commandes pour 19,9 millions d'euros de la part d'Israël en 2023. Un montant moins important qu'en 2022 et ses 25,6 millions d'euros de commande, mais équivalent à celui de 2021 quand 19,4 millions d'euros d'armements avaient été commandés.
Mais selon un autre rapport, le montant des exportations de biens à des fins civiles et militaires faites à destination d'Israël a significativement augmenté en 2023 passant à 192 millions d'euros, contre 34 millions en 2022. Ces exportations concerneraient pour l'essentiel du matériel électronique.