Accusé d'agressions sexuelles et suspendu, l'élu Joël Guerriau continue d'être payé par le Sénat
Un nouveau rebondissement dans l'affaire Joel Guerriau. Le sénateur de Loire-Atlantique, soupçonné d'avoir drogué la députée Sandrine Josso en novembre 2023 dans le but de commettre une agression sexuelle, est désormais visé par une seconde accusation.
Dans une enquête sur les coulisses du Sénat diffusée jeudi 19 juin dans Complément d'enquête sur France 2, l'émission revient sur cette affaire qui a conduit le parquet de Paris à requérir un procès à l'encontre du sénateur en avril dernier. L'élu est accusé d'avoir administré une substance à son insu à Sandrine Josso lors d'une soirée dans son appartement parisien. Le sénateur, membre du centre droit, nie toute intention criminelle et évoque une "erreur de manipulation". Sandrine Josso (MoDem) a porté plainte. Joël Guerriau risque jusqu'à cinq ans de prison et 75 000 euros d'amende.
"Je n'étais pas dans mes vêtements"
Le reportage donne également la parole à une autre femme, qui témoigne à visage couvert et avec la voix modifiée. Elle affirme que Joël Guerriau aurait "abusé" d'elle après une soirée passée au domicile parisien du sénateur de Loire-Atlantique en mai 2022. Tous deux se connaissaient du milieu politique et avaient, selon elle, un contentieux judiciaire. Elle raconte avoir eu "la tête qui tournait", puis avoir repris ses esprits dans la chambre du sénateur.
"Je n'étais pas dans mes vêtements" (à son réveil ndlr) déclare-t-elle. Elle dit avoir observé de nombreuses similitudes avec le récit de Sandrine Josso. "J'ai décidé de l'enterrer au plus profond de mon être", ajoute-t-elle, expliquant avoir eu un déclic en entendant parler de l'affaire de novembre 2023. Selon Complément d'enquête, cette femme a contacté les enquêteurs mais n'a, à ce jour, pas déposé plainte.
Sollicité par l'émission, l'avocat du sénateur a indiqué que Joël Guerriau "dément(ait) avec la plus grande fermeté ces nouvelles rumeurs", qu'il qualifie d'"extravagances qui ont pour seul objectif de conduire Joël Guerriau à l'échafaud de l'opinion publique".
Un sénateur suspendu, mais toujours payé
Depuis sa mise en examen, le parlementaire, placé sous contrôle judiciaire, a été suspendu de son parti Horizons et de son groupe parlementaire Les Indépendants-République et Territoires. Il s'est également mis "en retrait de la participation aux travaux parlementaires", invoquant le besoin de "préserver la sérénité" du Sénat. En septembre 2024, il estimait toutefois "totalement injuste" de démissionner tant que la justice n'avait pas "tranché".
Absent de l'hémicycle depuis dix-neuf mois note France Info, l'élu affirme pourtant aux journalistes être passé la veille "à la buvette du Sénat", où il aurait été "très bien reçus par les collègues". "Personne ne peut m'interdire de rentrer au Sénat" – pas même Gérard Larcher, président du Sénat, qui selon lui "n'est pas [s]on employeur" affirme-t-il, arguant de la présomption d'innocence.
Et malgré son absence prolongée, Joël Guerriau continue de percevoir son indemnité parlementaire, a-t-il confirmé à l'émission. Une situation rendue possible par le cadre légal explique Benjamin Morel, constitutionnaliste et maître de conférences à l'université Paris Panthéon-Assas à 20 Minutes : le mandat parlementaire étant accordé par les électeurs, il ne peut être suspendu ou retiré par le Sénat, même en cas de mise en examen. "Pour ne plus être parlementaire, il faut soit ne plus avoir la capacité d'exercer son mandat, en étant placé sous tutelle par exemple, ou alors être battu par les électeurs." développe-t-il. Les indemnités, elles aussi, sont automatiques tant que l'élu conserve son mandat.