Le socialiste Olivier Faure Premier ministre ? Le PS a un programme, voici ce qu'il veut appliquer
Le résultat du vote de confiance sollicité par François Bayrou laisse peu de place au doute. Le Premier ministre devrait, selon toute vraisemblance, rendre son tablier le 8 septembre. S'il venait à être renversé, Emmanuel Macron devra alors choisir un nouveau chef du gouvernement. À gauche, le Parti socialiste se verrait bien gouverner, alors, qui pourrait bien faire office de commandant de bord ? Personne n'est officiellement candidat, mais le profil d'Olivier Faure, premier secrétaire du PSn fait partie des options.
Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, le parti à la rose a déjà pensé à un programme. Une sorte de contre-projet, en cas d'accession à Matignon dans les prochaines semaines. "La bonne nouvelle dans cette période, en cette nuit, c'est qu'un autre chemin existe pour répondre à l'urgence", a déclaré le président du groupe PS à l'Assemblée, Boris Vallaud, lors du camp d'été du parti à Blois. Ce nouveau projet s'écarte sensiblement des propositions du Nouveau Front populaire lors des législatives de 2024.
Le programme du Parti socialiste
D'abord, le Parti socialiste propose de réduire de moitié l'effort de réduction du déficit. Exit les 44 milliards annoncés par François Bayrou, place à un effort de 21,7 milliards d'euros. Le PS prévoit 26,9 milliards de recettes nouvelles, pesant "d'abord sur les grandes fortunes", une réduction du déficit à 5 % en 2026, contre 4,6 % visé par le gouvernement actuel. Passer sous la barre des 3 % est aussi un objectif affiché, vers 2032 plutôt que 2029. L'ambition est également de réaliser 14 milliards d'économies "sans mettre à contribution les travailleurs et les services publics".
Dans le détail, 19,2 milliards d'euros seraient consacrés à l'investissement, au soutien au pouvoir d'achat et au financement de la suspension immédiate de la réforme des retraites, le PS promettant à nouveau le retour de l'âge de départ à 62 ans contre 64 aujourd'hui. Une baisse ciblée de la CSG (contribution sociale généralisée) pour les salaires jusqu'à 1,4 SMIC, compensée par la création d'une taxe de 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d'euros (ou taxe "Zucman") est censée rapporter 15 milliards d'euros. Des économies sur le fonctionnement de l'Etat et une régulation du système de santé sont enfin évoquées.
Le PS s'est déjà engagé, par la voix d'Olivier Faure, à ne pas utiliser le 49-3. Officiellement, ses représentants sont attendus à Matignon ce jeudi. Si le Premier ministre n'a pas manqué de discréditer le contre-projet socialiste, qualifiant ce programme de proposition qui est "la plus éloignée de nos positions" ou encore la taxe Zucman d'"inconstitutionnelle", au sein du gouvernement, tous ne sont pas de cet avis. C'est par exemple le cas du ministre de la Justice.
Justement, "ceux qui peuvent éviter une dissolution, ce sont les socialistes", indique l'entourage de Gérald Darmanin auprès de Politico. Ceux-ci "jouaient le jeu de la responsabilité", en faisant des propositions pour réduire le déficit, il faut même les "encourager à cela", apprend-on. Le PS est un "grand parti d'opposition responsable", a même lâché le garde des Sceaux, ce week-end depuis Tourcoing où il réunissait ses soutiens.
Un gouvernement de centre-gauche ? À une condition
Avec ces grandes lignes, le PS tente d'initier un dialogue et d'esquisser les contours d'un éventuel gouvernement d'ouverture, du PS jusqu'à LR comme envisagé par le bloc central ? Serait-ce suffisant pour gouverner sans être censuré par LFI ? Là est bien la principale question. Les Insoumis iraient-ils jusqu'à censurer un gouvernement dirigé par le PS, ou se contenteraient-ils de s'y opposer sans pour autant appuyer le bouton de la censure ?
Ce lundi 1er septembre, la question n'est toujours pas tranchée. La France insoumise ne soutiendra pas un gouvernement dirigé par le Parti socialiste que s'il défend "un programme de rupture", a prévenu la cheffe des députés Insoumis Mathilde Panot, sur France 2. En cas de nomination d'Olivier Faure au poste de Premier ministre, la députée Aurélie Trouvé n'exclut pas l'option de la censure : "Nous n'excluons rien, cela dépendra de la politique menée, si c'est le programme du NFP, mais manifestement ça n'est pas le cas", prévient-elle. Retour à la case départ, pour l'instant, LFI ne souhaite pas vraiment se mouiller. Vendredi dernier, déjà, Olivier Faure affirmait que son parti était "volontaire" pour succéder au locataire de Matignon. Il a également confirmé qu'il n'y aurait "pas de ministre LFI" si un Premier ministre socialiste était nommé.
Pour rappel, si François Bayrou ne bénéficie pas d'un vote de confiance favorable, Emmanuel Macron sera en mesure de procéder à une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale. Le président de la République peut aussi faire le choix de constituer un exécutif de centre-gauche, "social-démocrate". Ici, une majorité n'est pas forcément nécessaire pour survivre, une simple non-censure de LFI pourrait permettre à un tel gouvernement de perdurer jusqu'en 2027, non sans mal on l'imagine. Tout dépend donc de la position de LFI, vis-à-vis d'un gouvernement dirigé par les socialistes. L'objectif d'un gouvernement de centre-gauche pourrait être d'opter pour des compromis, de gérer les affaires au cas par cas, texte par texte, et d'arriver en 2027 de la sorte sans se faire censurer.