Shutdown aux Etats-Unis : un grand plan de Trump pour évincer des fonctionnaires évoqué

Shutdown aux Etats-Unis : un grand plan de Trump pour évincer des fonctionnaires évoqué Faute d'accord budgétaire entre républicains et démocrates, les Etats-Unis ont basculé dans le "shutdown". Une particularité qui entraîne la mise à l'arrêt d'une partie de l'administration fédérale, voire pire pour les fonctionnaires.

Coup de tonnerre aux Etats-Unis. Républicains et démocrates ne sont pas parvenus à se mettre d'accord sur le texte du budget de la nation avant minuit, ce mardi 30 septembre. Conséquence : le pays vient d'entrer dans un "shutdown", une particularité du système politique américain qui survient lorsque le Congrès échoue à voter le budget fédéral ou une loi de financement temporaire. Si l'on ne connaît pas encore la durée de cette période d'instabilité, elle aura à coup sûr de lourdes conséquences pour l'économie américaine. 

Sans autorisation de dépenser, le gouvernement doit désormais cesser toutes les activités "non essentielles" de l'Etat fédéral américain. Sans surprise, chaque camp se rejette la faute de l'échec des négociations. Les démocrates "veulent tout fermer, nous ne le voulons pas", lance Donald Trump. De leur côté, les démocrates dénoncent le manque de volonté de négociation : "Ce n'est pas une question d'orgueil", a pourtant affirmé lors d'un point presse, le chef de la minorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer.

Vers des licenciements en masse ?

Plus qu'une phase de négociation avec l'opposition, ce "shutdown" pourrait être l'occasion de transformer l'appareil d'Etat en profondeur pour le camp républicain. Selon le directeur du budget de la Maison Blanche, Russell Vought, la menace d'un "shutdown" n'est pas une crise, mais plutôt une chance "d'étrangler la bête", avait-il déclaré. Il avait donné consigne aux autorités de préparer des licenciements définitifs massifs. Son idée ? Utiliser l'état d'urgence administratif pour supprimer des postes, fermer des programmes et remodeler les effectifs à sa guise, selon les objectifs du "Project 2025" et des désidérata de Donald Trump. Tout cela, sans que le Congrès n'ait à voter.

Le Washington Post parle de 114 000 postes menacés, ainsi que cinq agences fédérales dont celles qui viennent en aide aux sans-abris. Une dizaine de ministère pourraient licencier un tiers de leur personnel. La Défense et la Sécurité intérieure seraient épargnées. Plus qu'un rapport de force entre la gauche et la droite américaine, ce "shutdown" pourrait constituer un tournant historique dans l'histoire des Etats-Unis et de la constitution de son appareil d'Etat. Pour l'heure, une chose est sûre : la situation est déjà critique pour les "victimes" de ce "shutdown". 

750 000 fonctionnaires au chômage partiel

Majoritaires au Congrès, les républicains devaient tout de même bénéficier de 60 voix sur 100 pour qu'un texte budgétaire soit adopté au Sénat. Or, ils ne sont que 53. Les voix de 7 démocrates sont donc vitales, et les choses ne se sont pas passées comme prévu pour le parti en place. En échange de leurs votes, les démocrates réclament des mesures en faveur de la couverture santé des plus précaires aux Etats-Unis. Ces derniers demandent le rétablissement de centaines de milliards de dollars en dépenses de santé (notamment dans le programme d'assurance-santé "Obamacare"), ce que refuse pour l'instant l'administration Trump et conduit à cette paralysie.

Concrètement, quelles pourraient être les conséquences du "shutdown", démarré ce mardi 30 septembre ? 750 000 fonctionnaires devraient se retrouver au chômage partiel dans les jours à venir, selon une estimation du bureau budgétaire du Congrès. Les musées, les parcs nationaux, et la plupart des agences de l'Etat pourraient fermer, à l'inverse, la justice devrait pouvoir fonctionner quelques jours avant de réduire la voilure. Les fonctionnaires ne toucheront donc plus de salaire mais devraient les récupérer quand le blocage sera levé. En outre, les forces de l'ordre, l'armée ou les contrôleurs aériens - fonctions jugées vitales pour le fonctionnement de la nation - sont maintenues.

Une paralysie à 3 milliards de dollars en 2018

Depuis 1976, année du tout premier "shutdown", les Etats-Unis en ont connu 22. Le dernier remonte à 2018, sous la première présidence de Donald Trump : il s'agit du plus long "shutdown", d'une durée de 35 jours entre décembre 2018 et janvier 2019. À l'époque, les divergences entre Donald Trump et les démocrates portaient sur le financement de la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique.

Le Congressional Budget Office estime qu'en 2019, la paralysie de plus d'un mois avait coûté 3 milliards de dollars au pays, comme indiqué dans les colonnes de Reuters. Aujourd'hui, d'après certains analystes de la compagnie d'assurance Nationwide, chaque semaine de "shutdown" pourrait réduire la croissance annuelle du PIB américain de 0,2 point de pourcentage.

Derrière ce pays à l'arrêt, se cache également une échéance majeure outre-Atlantique : les élections de mi-mandat 2026 ou "midterms". Elles remettront en jeu le contrôle du Congrès et sont traditionnellement défavorables au parti du président en exercice. La gestion de ce "shutdown" pourrait donc être décisive pour le chef de l'Etat, tout comme pour l'opposition.