Pas de 49.3, du nouveau sur les retraites et une annonce sur les très riches... Ce que Lecornu a vraiment dit en jouant son va-tout
Le Premier ministre se sentait-il déjà coincé avant même la présentation de son gouvernement ? Sébastien Lecornu a fait une annonce importante ce vendredi 3 octobre, dans un discours assez inédit par la forme, face caméra, devant le perron de Matignon. Dans son allocution de quelques minutes seulement, il a déclaré qu'il ne recourrait pas à l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter les futures réformes, mais aussi le budget 2026.
Le Premier ministre assure qu'il prend cet engagement pour que "chaque député puisse avoir du pouvoir", et mise sur un mode de gouvernance plus horizontal, considérant que c'est au Parlement désormais de construire du compromis. L'abandon du recours à l'article 49.3 est une demande très ferme des socialistes pour que ces derniers envisagent une non-censure. Et le Premier ministre l'a prise en compte. "Je pense que nous sommes dans le moment le plus parlementaire de la Ve République. Mais pour cela, il faut que chaque député puisse avoir du pouvoir, puisse avoir de la responsabilité, puisse prendre ses responsabilités. Au fond, c'est ça qui nous empêche d'avancer, c'est la capacité à ce que le débat démarre", a-t-il dit.
Sébastien Lecornu a fait un autre pas vers le PS : le Premier ministre a indiqué qu'il allait proposer aux formations politiques une "amélioration du régime de retraites". On ignore ce qu'il va concrètement soumettre aux oppositions, mais il semble déjà exclu que soit remis sur la table un recul sur l'âge de départ.
Cette allocution surprise a aussi permis au Premier ministre de présenter la "rupture" qu'il compte déployer dans sa méthode de gouvernement. "Les compromis sont possibles, les discussions sont sérieuses", a-t-il dit, ajoutant : "La question aujourd'hui est de faire un geste sans se renier dans ses propres convictions pour faire avancer le pays". Matignon propose donc un mode de gouvernance et de construction des décisions à venir davantage orienté sur le "partage des pouvoirs", notamment avec les députés et les sénateurs.
Enfin, le Premier ministre a aussi indiqué qu'il comptait bien faire des propositions pour mettre davantage à contribution les Français les plus fortunés : il a évoqué les "0,1% des Français" les plus aisés en lançant l'idée qu'il faudrait se pencher sur la manière dont ils peuvent faire un effort pour le pays. Il a fermé la porte très clairemement à la taxe Zucman, mais s'est dit ouvert à un dispositif alternatif. "Le sujet, c'est comment chacun fait un pas pour faire avancer le pays. Cela ne peut pas être aussi binaire que pour ou contre la réforme des retraites, mais comment on l'améliore. Ce n'est pas la taxe Zucman ou rien, mais comment fonctionne la fiscalité pour les 0,1 % des compatriotes les plus riches, ce qui pose la question de la justice fiscale", a-t-il dit.
Le nouveau gouvernement devrait être présenté "dans quelques jours", a-t-il par ailleurs annoncé, renvoyant le sujet du casting à un élément assez accessoire dans cette séquence, qui s'articule en réalité autour de la capacité du chef du futur gouvernement à ne pas être censuré.