Coupure d'électricité : le chiffre qui fait froid dans le dos

Coupure d'électricité : le chiffre qui fait froid dans le dos Les derniers chiffres ce jeudi sont éloquents. Alors que la pénurie guette, la production et la consommation d'électricité dans le pays décrochent depuis la mi-novembre, obligeant la France à acheter massivement de l'énergie chez ses voisins.

S'il fallait un chiffre pour alimenter un peu plus les inquiétudes sur la pénurie d'électricité en France, il s'agirait sans doute de celui-là. Hier jeudi 8 décembre, alors que les températures ont commencé à chuter drastiquement dans le pays et que la journée s'est achevée par une panne d'ampleur à Paris, la France a importé au total près de 286 500 mégawatts d'électricité (cumul). Un record depuis le début de la saison, qui illustre le déficit chronique qui s'installe depuis l'automne. Alors qu'on salue les efforts des Français en terme de consommation, avec un usage réduit de 6 à 7% ces dernières semaines par rapport aux moyennes selon Réseau de transport d'électricité (RTE), la production, elle, ne suit pas, plombée par un parc nucléaire en maintenance et souffrant de problèmes de corrosion.

Ce jeudi donc, la France a consommé au total 1,6 million de mégawatts (MW) d'électricité (donnée mise à jour à 23:45) avec un pic enregistré à 19:00 à 75 666 MW. Cette consommation était plus élevée que la production, qui s'élevait ce jeudi à 1,35 million de MW. C'est cet écart qu'il a fallu combler en achetant de l'électricité à nos voisins, alors que ces dernières années, la France était plutôt exportatrice.

Si on compare aux moyennes du 8 décembre sur les cinq dernières années (2017 à 2021), le constat est plus préoccupant encore : les températures étant en forte baisse, on a enregistré ce jeudi une consommation exceptionnellement en hausse, de l'ordre de 43 899 MW en plus, tandis que la production était beaucoup plus basse, de 259 197 MW. En tenant compte de ces deux écarts, la France était donc en réalité en déficit de 303 096 MW hier par rapport à un 8 décembre 'normal' sur ces cinq dernières années.

 

Les redémarrages des centrales attendus

EDF a annoncé début novembre que dix de ses 56 réacteurs seront toujours déconnectés du réseau en janvier, soit deux fois plus que prévu début septembre (ils étaient jusqu'à 32 à l'arrêt à la rentrée). 42 tranches devraient être disponibles courant décembre et 46 en janvier. EDF a aussi revu sa prévision de production, annonçant 275-285 térawattheures d'électricité d'origine nucléaire sur l'année 2022, contre 280-300 TWh prévus précédemment.

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Dans un courrier envoyé le 4 novembre à EDF, la ministre de la Transition Agnès Pannier-Runacher a demandé "de tout mettre en œuvre pour dégager de nouvelles marges de manœuvre pour le passage de l'hiver", notamment en boostant la production issue des barrages hydroélectriques et des éoliennes. Une augmentation de la puissance de ces installations, jusqu'ici limitée par la loi, était en question.

Une redevance pesant sur les barrages hydroélectriques devait être supprimée via la nouvelle loi de finances. Concernant les éoliennes, bridées notamment pour éviter les nuisances, les "possibilités de débridage" devaient être analysées "site par site", mais de manière prioritaire.