Ils transforment leur lait en électricité et en gaz de chauffage, avec une technique simple

Ils transforment leur lait en électricité et en gaz de chauffage, avec une technique simple Les idées pour produire des énergies renouvelables sont de plus en plus nombreuses. Avec du lait, en étant un peu ingénieux, on ne fait pas que du fromage ou des yaourts.

Transformer du lait en électricité ou en gaz, oui, c'est possible ! Alors que les coûts de l'énergie explosent, que les problématiques environnementales sont de plus en plus importantes, toutes les initiatives et bonnes idées pour produire de l'énergie recyclable sont à regarder de près. Et les agriculteurs et les éleveurs de vaches sont de plus en plus ingénieux pour trouver des solutions concrètes.

Vous ne le savez peut-être pas, mais l'industrie laitière génère de très grandes quantités de "petit lait" chaque année. Ce produit est aussi appelé scientifiquement "lactosérum". Il s'agit tout simplement du liquide obtenu lors du caillage du lait, et c'est lui qui permet de générer de l'énergie si l'on sait comment s'y prendre.

On obtient environ neuf litres de lactosérum et un kilogramme de caillé à partir de dix litres de lait. Ce dernier est composé à environ 94% d'eau et de 4% de lactose. Ce liquide n'a quasiment pas de matière grasse, mais d'autres nutriments comme des vitamines, du calcium ou encore du phosphore.

Les fromagers ont toujours trouvé des solutions pour valoriser cette matière. Historiquement, le petit-lait est transformé en préparation laitière pauvre en matières grasses comme la ricotta. Il est surtout utilisé pour nourrir le bétail. À l'Antiquité, ce produit était perçu comme un médicament pour la digestion ou pour entretenir la peau de son visage.

Comment du lait produit-il de l'énergie ?

En Savoie, les producteurs de Beaufort ont donc misé sur une nouvelle valorisation de ce petit-lait. Ils en tirent leur énergie pour leur chauffage. Grâce au procédé de méthanisation, ce déchet laitier se transforme en gaz. "Ce gaz peut nous servir à chauffer de l'eau et les cuves pour la fabrication du Beaufort", a expliqué Didier Simon-Chautemps, responsable de l'alpage de Plan Pichu, à France 3.

À plus de 2000 mètres d'altitude, cette innovation va renforcer l'autonomie énergétique de cette entreprise. Elle assure réutiliser près de 6 000 litres de petit-lait par jour. Le liquide est envoyé dans une grande cuve. Des micro-organismes sont alors injectés. En se nourrissant des nutriments contenus dans le lactosérum, ils produisent du gaz. Le gaz est redirigé vers la chaufferie "pour être brûlé dans une chaudière à biogaz et produire de l'eau chaude".

Mais ce n'est pas tout : le biogaz sert aussi à faire tourner un cogénérateur produisant du courant. Grâce à une technologie brevetée de méthanisation, cette société épure 99% des résidus. "Une partie est rendue au milieu naturel sous forme d'eau épurée et de boues biologiques utilisées pour fertiliser nos pâturages", explique Savoie Lactée. Quant à la production d'électricité, ce n'est pas anodin, on parle de 3 000 000 kWh par an, soit l'équivalent de la consommation électrique de 1 500 habitants.

Bien sûr, vous ne pourrez pas reproduire ça chez vous, mais cette technologie est facile à mettre en place et pourrait bien inspirer de nombreux producteurs de produits laitiers dans un avenir proche, compte tenu du prix de l'énergie qui augmente d'année en année. Pour l'installateur en appareil de méthanisation Effy, "difficile de trouver des inconvénients à la méthanisation agricole ! La simplicité du processus biologique conjuguée à la technicité et la fiabilité du matériel actuel permettent aux avantages de l'emporter très largement sur ses quelques inconvénients". Il faut savoir toutefois que ce type d'investissement coûte des centaines de milliers d'euros.

Depuis 2016, l'entreprise Savoie Lactée, produit ainsi 3 000 000 kWh par an grâce au petit-lait. Grâce à ce cycle de valorisation du lactosérum, l'usine est entièrement autonome énergétiquement. Elle se targue même de revendre une partie de son électricité à un tarif préférentiel à EDF.