Prix Goncourt : le gagnant n'est pas le grand favori, qui est-il ?
Ce mardi 4 novembre à 13 heures au restaurant Drouant, l'Académie Goncourt a désigné le lauréat de son 123e prix. Le grand gagnant de cette édition 2025 est Laurent Mauvignier avec "La Maison vide". Il l'a emporté au dernier tour du scrutin des jurés avec six voix contre quatre pour "Le Bel Obscur" de Caroline Lamarche. Emmanuel Carrère faisait également office de favori.
Avant le verdict, quatre écrivains - deux femmes et deux hommes - étaient encore en lice dans le dernier carré : Nathacha Appanah avec "La nuit au cœur" (Gallimard), Emmanuel Carrère avec "Kolkhoze" (POL), Laurent Mauvignier avec "La maison vide" (Minuit) et la Belge Caroline Lamarche pour "Le bel obscur" (Seuil). C'est donc l'écrivain tourangeau de 58 ans qui est sacré.
"Une saga d'une pudeur infinie"
"La maison vide" de Laurent Mauvignier ancre la bâtisse d'un village de Touraine où ont vécu ses ascendants et retrace les joies et les peines d'une famille frappée par les deux guerres mondiales du XXe siècle. Télérama parlait d'une "saga d'une pudeur infinie" pour qualifier ce roman désormais sacré. Souvent oublié par les institutions littéraires, Laurent Mauvignier ne faisait pas figure de grand favori lors de cette édition. Pourtant, il s'est fait remarquer dès l'écriture de son premier roman "Loin d'eux" publié en 1999 chez Minuit.
Il s'est imposé comme l'un des plus talentueux de sa génération avec des textes phares comme "Apprendre à finir", "Dans la foule", "Des hommes", "Continuer" ou encore "Histoires de la nuit" entre 2000 et 2020. Né en 1967 à Tours, il passe son enfance à Descartes, en Touraine, avec ses parents, ses deux frères et ses deux sœurs.
Après une année au lycée professionnel de Descartes et une première année de BEP comptabilité, il entre, en 1984, à l'école des Beaux-Arts de Tours d'où il ressort diplômé en 1991 (DNSEP). S'ensuivent plusieurs années passées à l'université : deux ans de lettres modernes à Tours, deux ans de maîtrise d'arts plastiques à Paris 8, puis une année de CAPES par correspondance. En 1997, Laurent Mauvignier décide de se consacrer uniquement à l'écriture.
Interrogé par Le Monde à la fin de l'été 2025 sur les grands prix littéraires, Laurent Mauvignier répondait : "Evidemment, je ne serais pas mécontent d'en recevoir un", le voilà désormais exaucé. "C'est parce que je ne sais rien ou presque rien de mon histoire familiale que j'ai besoin d'en écrire une sur mesure", expliquait-il au micro de Radio France. Avec ce prix, il succède à Kamel Daoud pour "Houris" (Gallimard).