Les femmes sont-elles les perdantes du projet de réforme des retraites ?
REFORME DES RETRAITES ET FEMMES. Le projet de réforme des retraites devrait contraindre les femmes, en moyenne, à travailler deux mois de plus que les hommes. On fait le point.
[Mis à jour le 26 janvier 2023 à 14h33] Le débat sur l'égalité hommes femmes revient sur le devant de la scène avec la présentation du projet de réforme des retraites. En effet, le texte porté par la Première ministre Elisabeth Borne pourrait bien désavantager la gente féminine qui devrait travailler en moyenne plus longtemps que les hommes, notamment en raison l'allongement de la durée de cotisation (43 ans), à raison d'un trimestre de plus par an pour accélérer le processus. Un contre-temps dont le gouvernement se serait bien passé, au même titre que la dernière sortie médiatique du ministre chargé des relations avec le Parlement Franck Riester, lundi 23 janvier sur Public Sénat, venu enrayer la communication de l'Elysée, en reconnaissant que les femmes seront "un peu pénalisées" par cette nouvelle réforme. Et dans les faits ? Tout le monde, mis à part certaines personnes en situation d'invalidité ou d'incapacité, devra travailler plus longtemps. En revanche, la hausse moyenne de la durée de cotisation pour une femme sera de 7 mois, contre 5 mois pour un homme.
Retraites : Les femmes sont pénalisées par le report de lâge légal , reconnaît Franck Riester https://t.co/CouO9OdoBC
— Public Sénat (@publicsenat) January 23, 2023
Les femmes sont-elles pénalisées par la réforme des retraites ? Age de départ
Pour rappel, une femme peut bénéficier de "trimestres bonus" au cours de sa carrière dans deux cas bien précis. Tout d'abord, 4 trimestres sont accordés au titre de la maternité ou d'une adoption. Ensuite, 4 trimestres supplémentaires sont octroyés pour l'éducation de cet enfant. Autrement dit, deux deux de cotisation, soit 8 trimestres par enfant. Tentons d'y voir plus clair avec un exemple concret.
Aujourd'hui, Marie est salariée du secteur privé, a débuté sa carrière à 22 ans. Elle a deux enfants, et peut donc bénéficier de 16 trimestres de bonus. Avec une durée de cotisation complète (43 ans), elle pourrait espérer partir à la retraite à 61 ans, avec un taux plein à 62 ans. En revanche avec le projet de réforme des retraites, rien ne semble changer. Pourtant, le taux plein prend un sacré coup, Marie ne pourra partir à taux plein qu'à partir de 64 ans. Soit deux ans de plus qu'actuellement. Si cette dernière souhaite tout de même prendre sa retraite à 62 ans, une décote s'appliquera. L'âge d'annulation de la décote, lui, ne sera pas modifié par le gouvernement, il demeurera à 67 ans.
Les femmes vont-elles toucher davantage avec la réforme des retraites ?
Avec la réforme des retraites, les femmes devraient toucher davantage qu'aujourd'hui, la pension sera améliorée "deux fois plus que les hommes en moyenne" déclarait le ministre des Comptes publics Gabriel Attal, mardi 24 janvier sur l'antenne de LCI. L'objectif est clair pour le gouvernement : réduire l'écart des montants de pension selon le genre. D'après le rapport gouvernemental, la pension d'une femme née en 1966 sera revalorisée de 1%, et jusqu'à 2,2% pour celles nées après. Pour les hommes, "seulement" +0,2% et +0,9%. Une hausse plus importante qui peut s'expliquer par la revalorisation du minimum retraite, qui concerne davantage la gente féminine.
Quel sera l'effet de la réforme des retraites pour les carrières longues des femmes ?
Autre potentielle nouveauté, pour compenser les carrières hachées, les périodes validées au titre de l'assurance vieillesse des parents au foyer (AVPF), notamment en raison de congé parental, pourraient faire partie du système des carrières longues. Les personnes concernées pourraient donc valider jusqu'à quatre trimestres supplémentaires dans cette situation. Des périodes qui seraient aussi comptabilisées dans le calcul du minimum de pension majoré. Ce qui devrait augmenter le montant des petites retraites de certaines femmes, contraintes de mettre en parenthèse leur carrière pour s'occuper de leur(s) enfant(s).