"19 000 euros à rembourser au fisc" : une règle des impôts piège certains retraités français

"19 000 euros à rembourser au fisc" : une règle des impôts piège certains retraités français De nombreux retraités font face à un redressement des impôts en raison d'une méconnaissance de certaines règles fiscales.

C'est un tableau qui fait rêver. Imaginez un peu vous lever le matin, dans une maison de pierre typique, sur les hauteurs de la Méditerranée, avec vue imprenable sur un horizon bleu, agrémentée d'une douceur ambiante et d'une tranquillité de vie certaine. Le tout sans se ruiner avec des prix de l'immobilier parfois équivalents à la Lozère. Ce n'est pas un mirage mais bien une réalité que certains retraités français ont décidé de ne pas laisser passer. 

Exit l'Hexagone, ciao la dolce vita italienne. Ils seraient environ 70 000 Français à s'y être installés (34 664 inscrits au registre des Français de l'étranger mais "on estime qu'environ la moitié ne s'inscrit pas au registre"). Parmi eux, une petite partie est paisiblement venue couler ses vieux jours de retraite.

Mais derrière le cadre de vie idyllique de l'Italie, qui offre des services publics semblable à la France, se cache une autre réalité, fiscale. Un piège dans lequel nombre d'expatriés sont tombés. Et la facture est bien plus corsée qu'un ristretto. 

Lorsque l'on réside plus de 183 jours par an en Italie, on devient résident fiscal italien. En d'autres termes, on doit payer des impôts à "la Botte". Si ces revenus viennent de France (retraite, location immobilière par exemple), ils sont alors imposés en France puis en Italie. Heureusement, il ne faut pas (tout à fait) payer deux fois. 

En fait, le fisc français va calculer le montant des impôts que vous devez payer et vous envoyer la note. Puis le fisc italien va faire de même. Comme les impôts sont plus élevés en Italie, le fisc italien vous fera payer l'écart entre ce que vous avez payé en France et ce que vous devez en Italie. Mais ce n'est pas tout. En Italie, tout le patrimoine, même détenu à l'étranger, est pris en compte. C'est là où le bât blesse.

"Un exemple : vous êtes propriétaire d'une maison en France et vous venez vivre en Italie. Si vous êtes résident fiscal en Italie, vous devez déclarer ce bien immobilier et payer une imposition foncière sur un bien détenu en France", illustre Gaëlle Barré, conseillère des Français de l'étranger, en Italie.

Conséquence : beaucoup, par méconnaissance, se retrouvent avec un redressement fiscal en Italie. Or, contrairement à la France, l'omission n'est pas tolérée. Tout est considéré comme une faute volontaire et les pénalités flambent très vite : "ça va de 120% à 320% de l'impôt dû, selon la gravité de l'omission, en cas de non-déclaration."

"Récemment, une Française m'a contactée à la suite d'un redressement fiscal de 19 000 euros alors qu'elle touche 44 000 euros à la retraite", raconte celle qui est également Présidente du Conseil Consulaire de Rome.

De l'extérieur, l'Italie propose des dispositifs fiscaux très avantageux pour les expatriés. Mais là aussi, gare au piège. "Le grand malentendu, c'est que ces dispositions que l'Italie a prises ne concernent pas la grande majorité des personnes, ni les retraités disposant de revenus moyens." Seuls soit les très riches, soit les étrangers prêts à s'installer dans des petites villes du Sud du pays peuvent y trouver un avantage financier mais les conditions à respecter sont très strictes.

Bref, si l'expatriation est une décision qui doit mûrir et ne pas être prise à la légère, elle nécessite surtout d'être accompagné d'un expert-comptable. D'autant plus en Italie, pour s'éviter que le rêve de dolce vita vire au cauchemar.