Maxime Picat : "Peugeot doit être le meilleur des constructeurs généralistes"
C’est un large et riche entretien qu’a accordé Maxime Picat, le PDG de Peugeot, à Linternaute.com. A la tête du Lion depuis près de trois ans, l’ancien directeur général de la joint-venture Dongfeng-Peugeot Citroën Automobiles, a fait un tour d’horizon très large de l’actualité de la marque à quelques semaines d’un salon de Francfort très attendu. Nouveautés, restructurations de la gamme dans le cadre du plan "Back in the Race" lancé en 2012 pour relancer Peugeot, implantation à l’étranger (Iran et Maroc notamment), évolutions technologiques comme les aides à la conduite, l’hybride ou le 100% électrique, Maxime Picat donne la ligne de Peugeot.
Linternaute.com : Quel bilan faites-vous de la restructuration de la gamme Peugeot ?
Maxime Picat : Nous arrivons au bout de notre simplification. Il fallait que ce soit plus clair pour le client. Aujourd’hui, les modèles avec un 0 sont les berlines, ceux avec deux 0 sont les SUV. Nous sommes revenus à 13 modèles, sans compter les utilitaires. Ce choix avait été accueilli avec scepticisme mais beaucoup de constructeurs ont fait le même choix ensuite. Le client se perd dans une gamme trop importante. On ne va pas s’inventer premium dès demain. On ne peut pas être schizophrène mais on veut être le meilleur des généralistes. Prenons la RCZ, un modèle que j’adore au demeurant mais sur lequel on a investi beaucoup, que ce soit en énergie, en épargne ou en homme. Le reste de la gamme en a pâti. J’ai dit à mes équipes : faisons d’abord une belle 208, faisons la meilleure des 308.
Selon vous, quelle est la force aujourd’hui des modèles Peugeot ? Quel argument donneriez-vous à nos lecteurs tentés d'acquérir un de vos modèles ?
"Je ne crois pas à une plus grande berline que la 508"
Nous avons fait un vrai pas en avant au niveau de la qualité perçue. L’exigence de qualité est au centre des préoccupations. L’objectif d’être le meilleur des généralistes passe par là. L’i-cockpit est également un vrai plus, il ajoute de la personnalité à nos modèles. On a fait un bond important sur la qualité des matériaux. Et je constate une explosion des ventes des véhicules les plus hauts de gamme de Peugeot avec une très bonne qualité perçue.
Etes-vous tenté de lancer une nouvelle berline plus grande ?
Je ne crois pas à une plus grande berline que la 508. Ce n’est pas la place d’un constructeur généraliste. Ce n’est pas le sens de l’histoire, pas le sens de notre histoire. Ce ne sont pas les mètres qui font le haut de gamme mais la qualité de finition. Je ne crois pas à un fléchissement du SUV demain, ce n’est pas la tendance.
(Ndlr : Peugeot pourrait prochainement dévoiler le nouveau 3008).
L’essor et la généralisation des aides électroniques asseptisent-elles la conduite, notamment des modèles plus dynamiques ou sportifs ?
"Nous avons fait un vrai pas en avant au niveau de la qualité perçue"
Ce n’est pas incompatible avec le fait de posséder un modèle sportif. Chaque moment de la journée ou chaque type de réseau routier correspond un type de conduite ou de pilotage qui peut engager ou non l’intervention des systèmes électroniques. Je peux être satisfait de les trouver en ville et les désactiver quand j’aborde une route agréable où j’ai envie de me faire plaisir au volant.
L’hybride air, où en est-on ?
La technologie marche, elle fonctionne parfaitement. Mais les conditions ne sont pas favorables actuellement à son développement. La réglementation est aujourd’hui plus tournée vers l’hybride électrique et le tout électrique. Les conditions ne sont pas réunies pour lancer des investissements conséquents nécessaires à son développement.
Que représente aujourd'hui la Chine pour Peugeot ?
La Chine, c’est 25% de nos ventes mondiales. Peugeot doit le prendre en compte pour sa stratégie de véhicules au niveau mondial. Mais Peugeot doit envisager d’autres horizons. C’est le cas du Maroc où nous ouvrons une unité de production.
(Ndlr : Maxime Picat évoquera aussi l’Iran avec la levée des sanctions internationales. Peugeot disposait avant ces sanctions d’une belle présence dans le pays. Il avoue également qu’un retour en Inde est en réflexion mais doit bien se préparer car il s’agit d’un marché très spécifique.)