"The Fabelmans" : l'histoire raconte-t-elle vraiment l'enfance de Steven Spielberg ? Voici le vrai du faux Dans cette autobiographie filmée sortie le 22 février 2023, Steven Spielberg se livre comme jamais et raconte sa découverte du cinéma et la séparation de ses parents.

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France 2 Mercredi 15 janvier à 01h00
16/9 | Tous publics

Le cinéma de Steven Spielberg a façonné l'imaginaire de nombreux cinéphiles. De Jurassic Park à Indiana Jones, en passant par E.T.Minority Report, Les Dents de la Mer ou encore La Liste de Schindler, le réalisateur de 76 ans a signé certains des plus grands films de ces dernières années et reste l'un des cinéastes les plus prolifiques de sa génération. Pour la première fois, il se raconte : The Fabelmans était la grosse sortie cinéma du 22 février 2023. Spielberg y revient sur sa construction personnelle de ses 6 à 17 ans, marquée par la lente séparation de ses parents et sa construction de cinéaste fasciné par les images.

Le cinéaste a choisi de mettre une distance en changeant les noms de ses personnages, qui deviennent "Les Fabelman" et non les "Spielberg". Mais The Fabelmans raconte de manière très personnelle l'enfance de Steven Spielberg, avec des événements inspirés de sa propre histoire : sa découverte du cinéma, sa vie quotidienne avec ses soeurs (ils ont bel et bien eu un singe de compagnie), l'antisémitisme dont il a été victime, sa rencontre avec John Ford, mais surtout le divorce de ses parents après qu'ils aient quitté l'Arizona pour la Californie.

Comme dans le film, sa mère, Leah Adler, est tombée amoureuse du meilleur ami de son mari, Bernie Adler. Le couple s'est finalement marié, comme on peut le voir dans le film. Steven Spielberg avait découvert la liaison de sa mère alors qu'il avait 16 ans et avait gardé le secret. En revanche, contrairement à ce que The Fabelmans montre, Steven Spielberg n'était pas au courant des raisons qui ont poussé ses parents au divorce, alors qu'il avait 19 ans.

Dans un documentaire sur le cinéaste sorti en 2013, Arnold Spielberg raconte avoir pris la responsabilité de cette séparation pour "protéger" son épouse. En conséquences, Steven Spielberg en a voulu à son père pendant 15 ans et ne lui a pas parlé pendant de nombreuses années : "Je ne lui ai jamais dit que j'étais fâché contre lui, ce souvient le cinéaste, je n'ai jamais eu un mot plus haut que l'autre, mais j'ai mis une distance entre nous." Mais cette relation père-fils conflictuelle a parsemée l'oeuvre du réalisateur, de Rencontre du troisième type à E.T., en passant par Indiana Jones et la Dernière Croisade. En revanche, ses parents sont restés très proches jusqu'au décès de Leah Adler, en 2017.

Ce film étant hautement personnel, Steven Spielberg a attendu la mort de ses parents avant de commencer à travailler sur le long-métrage. Son père, Arnold Spielberg, est décédé en août 2020, sa mère, Leah Adler, est morte en 2017. L'épidémie mondiale de coronavirus a également été un catalyseur créatif pour le réalisateur : "Tandis que la situation sanitaire empirait, je me demandais ce que je souhaiterais laisser derrière moi et à quelle problématique centrale je voulais absolument m'attaquer", peut-on lire sur Allociné. Il a alors écrit le scénario avec Tony Kushner, dramaturge et écrivain avec lequel il a également pensé Munich, Lincoln et West Side Story.

Synopsis - Sammy Fabelman grandit dans l'Arizona dans les années 1950 et 1960. Il tombe amoureux du cinéma après avoir découvert The Greatest Show on Earth. Avec sa caméra, le jeune homme commence à créer ses propres films chez lui et rêve de devenir réalisateur. Il découvre alors des secrets familiaux bouleversant, alors qu'il observe le couple que forme ses parents se déliter. Réalisé par Steven Spielberg, le film s'inspire de la jeunesse du cinéaste.

Notre critique de The Fabelmans

En 2h31, qu'on ne voit presque pas passer, Steven Spielberg nous plonge avec émotion dans ses souvenirs d'enfance. The Fabelmans est, sans l'ombre d'un doute, l'une de ses œuvres les plus personnelles, dans laquelle il exprime tout en justesse et sans jamais tomber dans le pathos : l'antisémitisme qu'il a pu subir à l'adolescence, le rêve américain poursuivi par son père, sa relation avec ses parents et ses sœurs mais, surtout, la douleur d'un enfant qui voit sa famille unie se déliter. Paul Dano (The Batman, Little Miss Sunshine) et Michelle Williams (Dawson, Blue Valentine) incarnent ici les parents Fabelmans et se révèlent touchants de sincérité. Le trublion Seth Rogen est ici étonnant de tendresse et livre peut-être l'une de ses meilleures partitions.

Steven Spielberg raconte son cinéma

Au-delà de la mise à nue personnelle, The Fabelmans est une réelle lettre d'amour au cinéma. Pas une ode à son histoire et à ces films qui ont façonné sa cinéphilie, ou, en tout cas, pas que. Steven Spielberg revient ici sur sa découverte du pouvoir de l'image, la manière dont elle raconte une histoire, la transforme ou dévoile des vérités cachées. Le nom de cette famille, qui évoque directement l'univers de la fable, est ainsi évocateur du propos du film. Pour la première fois, Spielberg décortique son langage de cinéma et ses codes, se dévoilant ainsi comme aucun réalisateur n'avait pu le faire auparavant. Cinéaste de la métaphore visuelle, servi par la superbe bande-originale de John Williams, Spielberg use ici de son talent inégalé de conteur pour nous confronter à notre propre rapport au cinéma. Marcher dans les pas de ce jeune homme qui, on le sait, deviendra l'un des réalisateurs les plus prodigieux de sa génération, n'en est que plus grisant.

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Les critiques conquises par The Fabelmans

La presse française est dithyrambique au sujet de The Fabelmans. Sur l'agrégateur de critiques Allociné, la note moyenne de la presse est de 4,9/5 pour 41 titres de presse recensés, une note rarement atteinte par les films. Il s'agit d'"un très grand film" pour le média spécialisé Cinemateaser, un long-métrage "déjà inoubliable" pour Elle, "l'un des plus beaux" films de Spielberg pour Le Figaro, un long-métrage "magistral et bouleversant" pour Télérama, ou encore "un magnifique récit autobiographique" selon Le Parisien. Un sans faute, en somme.

Aux Etats-Unis, le film The Fabelmans est également acclamé. L'agrégateur de critiques internationales Rotten Tomatoes a certifié le film "frais", puisqu'il cumule une note de 92% d'avis positifs sur 362 critiques recensées. Du côté du public, c'est également un succès : le long-métrage a reçu 83% de critiques positives des spectateurs sur plus de 1000 avis vérifiés. Cependant, The Fabelmans, qui a d'ailleurs reçu le Golden Globe du meilleur film dramatique et celui de la meilleure réalisation, a été un échec au box-office américain : du 25 novembre 2022 au 2 janvier 2023, le film a cumulé seulement 12,1 millions de dollars de recettes.