Masayuki Yamada : "nous avons condensé l'essence du manga Wingman dans cette adaptation"

Masayuki Yamada : "nous avons condensé l'essence du manga Wingman dans cette adaptation" L'annonce du projet d'adaptation du manga Wingman en live action de type Tokusatsu a surpris et ravi tout le Japon… Et le monde entier. Masayuki Yamada, le producteur de la série, nous explique les coulisses de ce passionnant et prometteur projet.

Wingman est la première série publiée au Japon du grand Masakazu Katsura. Ce manga de 13 tomes, adapté en animé en 1984 a été le premier succès d'une longue carrière couronnée de hits.

C'est aussi le premier manga qui met en avant un héros fan de Tokusatsu, genre marqué par les séries de super-héros de type San Ku Kai, X-Or, Bioman ou Kamen Rider. Toutes ces séries qui ont fait la gloire du studio Toei et assis sa réputation bien au-delà des frontières du Japon.

Wingman, c'est aussi la première œuvre de Masakazu Katsura diffusée en France via son adaptation en dessin animé (1989, dans l'émission Le Club Dorothée).

Wingman raconte les aventures du jeune Hirono Kenta, fan de tokusatsu. Ce dernier s'ennuie dans son quotidien de jeune élève, et n'a qu'un seul rêve, devenir un super-héros comme ses idoles du petit écran. Sa vie va basculer, le jour où il va - littéralement - tomber sur Aoi Yume, une jeune fille ayant fui un univers parallèle (" Powdreams " en Français, " Podrimus " en japonais) menacé par un tyran. Qui lui confiera " le livre des rêves", un cahier magique qui matérialise tout ce que l'on y dessine.

Mais la vie d'un super-héros n'est pas de tout repos…

Avec son adaptation en live action de type tokusatsu, la boucle est bouclée. Le manga hommage au genre se voit invité dans la cour des grands. Masayuki Yamada, le producteur de la série a accepté de répondre aux questions de Linternaute.com pour nous expliquer la genèse de ce projet qui a déjà conquis les fans du Japon, avant même la diffusion du premier épisode le 22 Octobre 2024. Enfin, il nous en dit plus sur le métier de producteur et sa prolifique carrière.

Wingman, une adaptation en tokusatu des plus logique

© Masakazu Katsura/SHUEISHA, "WING MAN" Film Partners

Linternaute.com : Le travail d'un producteur a beaucoup changé ces dernières années, avec l'essor de l'AVOD et l'effondrement des marchés du DVD/Blu-Ray. Qu'est-ce qui a le plus changé dans votre vie quotidienne ?

En effet, dès la planification, nous avons commencé à réfléchir aux moyens de récupérer les coûts de production en complétant par d'autres moyens les recettes provenant des ventes de produits vidéos (DVD, Blu-Ray), qui étaient jusqu'à présent notre source de revenus la plus importante et la plus stable.

Nous avons été en mesure de développer des événements et des droits de merchandising par le biais d'une gestion hybride entre la télévision et le monde du streaming, ce qui a été une très bonne initiative.

Aurons-nous droit à une nouvelle collection de jouets ?

Bien entendu. Comme les informations n'ont pas encore été communiquées, je ne peux pas entrer dans les détails, mais nous prévoyons de sortir divers articles qui plairont aux fans. J'ai hâte de voir leurs réactions.

De nos jours, lorsque vous concevez une série Tokusatsu, vous savez qu'elle ne sera pas consommée seulement sur la télévision traditionnelle. Écran d'ordinateur, smartphone, téléviseurs, vidéoprojecteur, etc. Quel est l'impact de cette situation sur votre travail de producteur ? Y a-t-il un appareil que vous privilégiez ?

Je pense que les expériences visuelles et les émotions procurées par chaque appareil et chaque média sont différentes. Ils représentent également des cibles différentes.

Il n'y a pas d'ordre de priorité particulier, car nous essayons de répondre aux besoins de chacun avec un seul projet, dans la mesure du possible.

Pour résumer : la télévision est produite pour les enfants et il y a des restrictions en termes de sponsors et selon les chaînes de télévision.

Le streaming permet d'avoir un produit plus condensé et vise un public passionné.

Les versions cinéma peuvent être réalisées pour toutes les générations et les familles en conjonction avec la télévision, ou accueillir des films plus nerveux destinés à un public de niche.

Parlons maintenant du projet d'adaptation en live action de Wingman. Comment ce projet a-t-il vu le jour ?

© Masakazu Katsura/SHUEISHA, "WING MAN" Film Partners

Lorsque j'étais responsable de la production du feuilleton télévisé Super Sentai Saikyô Battle au département télévision de Toei, j'ai rencontré le réalisateur Kôichi Sakamoto et nous nous sommes mis d'accord pour créer un nouveau projet.

Après avoir rejoint le département de planification du contenu de la distribution, j'ai proposé à DMM, la société de distribution la plus active du Japon à l'heure actuelle, d'adapter Wingman en prises de vue réelles, et ils m'ont donné leur accord.

Je suis donc allé voir Shueisha, l'éditeur de l'œuvre originale, pour lui proposer un projet hybride de diffusion télévisée sur TV Tokyo et de distribution simultanée sur DMM TV, et j'ai obtenu l'autorisation. C'est ainsi que le projet est né.

Étiez-vous fan du manga ou de l'anime de Wingman avant de travailler sur ce projet ?

Je suis un fan du manga. La version anime n'était plus diffusée à la télévision quand j'étais enfant. Je l'ai donc découverte quand j'ai envisagé ce projet.

Êtes-vous fan du travail de Katsura-sensei ?

J'ai particulièrement aimé Vidéo Girl Ai et I's et j'ai regardé à la fois le manga et les adaptations en séries télé. J'ai également vu l'anime Zetman, qui a été une grande source d'inspiration.

Il a dû être difficile de garder le secret. Qu'avez-vous ressenti lorsque le projet a finalement été annoncé publiquement ?

Le jour de l'annonce, j'étais tellement inquiet de la réaction du public que je n'ai rien fait du tout si ce n'est attendre.

Cependant, j'ai été ravi de voir que l'engouement du public, bien plus que je ne l'imaginais, lorsque Maître Katsura a partagé l'information sur son compte. 

Cela m'a rappelé que je participais à l'adaptation d'une œuvre originale ayant marqué les esprits. J'attends également avec impatience comment réagira le public après avoir vu le premier épisode et lorsque nous aurons diffusé de plus amples informations.

© Masakazu Katsura/SHUEISHA, "WING MAN" Film Partners

Cette version est-elle plus une adaptation du manga ou de l'anime ?

Il s'agit entièrement d'une adaptation en prise de vue réelle du manga. Nous n'avons pris aucun des éléments introduits par l'anime.

L'anime était un pop-up (NDLR : dans le sens d'un support d'appel, un produit publicitaire)  mais nous avons condensé l'essence du manga dans cette adaptation. C'est la grande aventure d'un garçon,nerd du tokusatsu, qui grandit en devenant un vrai héros. Nous l'avons adapté à un cadre moderne pour que afin de ne pas décontenancer les spectateurs dans une série en prises de vue réelles.

L'anime a introduit du contenu original, comme la moto " Winner II" , est-ce que la série introduit de nouveaux éléments ?

Ils ne sont pas nombreux, mais par exemple nous avons créé un sac à bandoulière pour transporter le " livre des rêves"  sous la peau (dans le manga, ce dernier est rangé en taille réduite dans la boucle de ceinture).

C'est un exemple important de la façon dont nous avons eu à cœur d'être le plus réaliste possible dans notre adaptation.

En parlant de l'anime, il a une merveilleuse OST et une des chansons d'ouverture les plus emblématiques. Nous avons vu dans l'adaptation cinématographique de City Hunter un hommage à la chanson Get Wild. Aurons-nous droit au même genre d'hommage dans ce film d'action ?

Katsura-sensei et l'équipe ont tous deux exprimé leur désir d'utiliser la chanson du thème de l'anime, car il s'agit d'une chanson célèbre et émouvante. Pour l'instant, c'est un secret, j'espère que vous apprécierez le fait qu'elle soit utilisée ou non dans la série.

© Masakazu Katsura/SHUEISHA, "WING MAN" Film Partners

Le manga est assez long, il est pratiquement impossible de faire tenir toute l'histoire dans une seule saison d'une série tokusatsu. Y aura-t-il plusieurs saisons de Wingman ?

Le réalisateur, les producteurs et les scénaristes ont soigneusement réfléchi à une structure qui satisfasse les fans de manga et les téléspectateurs du feuilleton avant de préparer un storyboard en 10 épisodes et de la présenter à Maître Katsura. Nous avons intégré ses retours dans le scénario.

 Fondamentalement, le drama est conçu pour être achevé en une saison comme une série live-action, mais il est structuré de telle manière que s'il devient un succès, une deuxième saison pourra être produite. Une suite n'est pour l'instant pas encore décidée.

Le choix de Yoshitatsu Yamada pour le scénario de cette adaptation était une évidence car il avait déjà travaillé sur l'adaptation live de Video Girl ?

Yoshitatsu Yamada a en effet écrit le scénario du drama Video Girl, mais il a surtout réussi à écrire des drames humains de grande qualité pour le cinéma et Netflix avec Naked Director et The Journalist. J'aimerais que cette œuvre puisse être appréciée non seulement comme une œuvre tokusatsu, mais aussi comme un drame humain.

Kôichi Sakamoto, reconnu comme l'un des plus grands experts des séries tokusatsu, porte la double casque de réalisateur et directeur de l'action. J'étais convaincu qu'une nouvelle œuvre pouvait être créée en les associant tous les deux, et je leur ai donc demandé de se joindre au projet.

En parlant de réalisation, comment avez-vous abordé le passage au monde en 2 dimensions de l'espace de Podolimus ?

Bien que l'espace de Podolimus soit une dimension différente de la Terre tridimensionnelle, nous ne n'avons pas pris en compte cet aspect 2D. Ainsi, nous avons pris le parti de le représenter en images de synthèse tout en y insérant un effet de lumière réfractée pour un aspect troublant et irréel.

La transformation de Wingman, avec le corps de Hirono-kun qui se se recouvre d'une grille, a été inventée dans le manga. Elle a été rapidement reprise dans les séries Super Sentai (Liveman, Jetman), jusqu'à devenir un standard de la franchise. Allez-vous conserver cet effet tel quel ?

Comme dans l'œuvre originale et l'anime, des lignes de quadrillage apparaissent sur son corps et il se transforme en homme-ailier. Les dernières avancées en images de synthèse nous ont permis de créer une séquence intéressante et de qualité.

La représentation des ailes qui poussent après l'introduction du nom est également en CGI, mais constitue un point d'attention particulier.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées lors de l'adaptation en live-action d'un manga qui a déjà fait l'objet d'une adaptation en anime et qui possède déjà des références visuelles et musicales pour l'ancienne génération ?

Cette fois-ci, il s'agit d'une adaptation en live-action basée sur le manga, et les objectifs de l'œuvre sont clairement différents de ceux de l'anime. Ce dernier n'est pas un obstacle. Le casting et les costumes ont été choisis sur la base des récentes illustrations de Maître Katsura.

À l'époque de l'anime, le nom Wingman a été changé en Yume Senshi Wingman, car il était diffusé juste avant Aishite Night (Lucille Amour et Rock n Roll) et les producteurs de Toei à l'époque voulaient éviter que le public féminin n'éteigne la télévision. Ils pensaient que malgré le fait qu'il soit publié dans un magazine destiné aux garçons (le Weekly Shonen Jump), Wingman avait la capacité de plaire à tout le monde. Est-ce que ce live action à la velléité de devenir une porte d'entrée au tokusatsu ?

Tout à fait. J'ai produit cette version en prise de vue réelle dans le but d'y parvenir. J'espère que cette série sera l'occasion de regarder du tokusatsu, et je veux que les téléspectateurs étrangers apprécient ce nouveau drama japonais.

L'annonce de Maito Fujioka dans le rôle principal, signifie-t-elle que Kenta sera au lycée et non au collège ?

En effet, ce drama est destiné à des lycéens. Lors de la réalisation d'une version live-action, l'univers des collégiens implique trop de contraintes. Des personnages trop jeunes pour être réalistes sans compter un certains nombres de restrictions sur les actions que peuvent entreprendre des collégiens comparé à des lycéens.

Le manga et l'anime s'adressent principalement aux jeunes hommes. Cependant, on sait que beaucoup de femmes, en particulier des mères qui se laissent séduire par les acteurs, regardent des séries de super-héros tokusatsu. Est-ce que cela a un impact sur le casting ?

Le rôle de Kenta est joué par Maito Fujioka, un bel acteur dont c'est le premier rôle principal. Il a une personnalité vraiment intègre et sincère, qui se reflète dans sa performance. De plus, je pense qu'il sera bien reçu par les femmes car sa relation avec Aoi et le reste de ses camarades de classe est typique de ce qu'on voit dans pas mal de drama.

 De plus, un artifice scénaristique permettra d'apprécier au mieux l'hostilité entre Wingman et Keetaklar (NdlR : Rimmel / Gédéon dans la version française).

 

Il est important de noter que le père de Maito Fujioka est Hiroshi Fujioka, l'acteur du premier Kamen Rider. Est-ce que cet héritage  a pesé dans la balance ?

Kenta, qui aspire à devenir un héros de tokusatsu, et M. Maito, dont le père est l'acteur du premier Kamen Rider, sont parfaitement en phase. Il était fait pour ce rôle.

Dans quelle mesure Maître Katsura a-t-il été impliqué dans cette adaptation ?

La première chose que nous avons faite a été d'organiser une réunion entre l'équipe principale et Maître Katsura. Nous avons discuté du du scénario de chaque épisode, des costumes, du casting, de la musique, etc.

En parlant de costume, en 2024, le costume d'Aoi Yume (un bikini) risque d'être un peu difficile à porter. Comment avez-vous géré cette contrainte ?

Ce fut une décision très difficile à prendre. Je m'excuse auprès de tous les fans de manga et d'anime qui sont des adeptes de la tenue d'Aoi, mais j'ai demandé à Maître Katsura d'en dessiner une nouvelle pour la version live-action. Et même après son premier rendu, je lui ai demandé pas mal d'ajustements. J'espère tout de même que vous apprécierez cette version d'Aoi.

Maître Katsura est très impliqué alors…

Tout à fait, pour cette adaptation, Maître Katsura a dessiné les costumes d'Aoi, de Wingman dans toutes ses versions, y compris le cosplay, Keetaklar, le visage du personnage le plus important de Podrimis, le livre des rêves, etc.

Je l'ai aussi sollicité pour vérifier tous les points du scénario, et il a supervisé les dialogues et les décors. Il est également venu sur les tournages pour voir l'ambiance qui y régnait.

Wingman, est l'histoire d'un garçon, un véritable otaku des Super Sentai et Metal Hero. Les temps ont changé, être un fan de Tokusatsu est aujourd'hui plus courant. Ces changements de paradigme ont-ils eu un impact sur l'écriture de l'adaptation en prises de vue réelles ? Kenta est-il moins ringard ?

Regarder des séries tokusatsu et collectionner des produits dérivés est devenu monnaie courante ces dernières années. Cependant, Kenta Hirono reste un excentrique dans cette adaptation : il aspire à devenir lui-même un héros, il fabrique son propre costume s'entraîne au combat tous les jours, etc.

Bref, de ce côté-là, nous sommes fidèles au manga et je me suis efforcé de rendre cet aspect clair à l'écran. Maître Katsura m'a demandé à ce que Kenta soit perçu comme une personne bizarre.

Est-ce que réaliser la chambre de Kenta a été un défi ?

Grâce à la coopération de Toei, de Ishimori Productions et Bandai, nous avons pu placer dans la chambre de Kenta de vrais jouets et posters qui avaient été vendus par le passé. Je tiens à remercier Bandai de nous les avoir prêtés.

Quel a été le plus grand défi lors de la réalisation de cette adaptation en prise de vue réelle ?

Il s'agit de la première série au long cours de Maître KatsuraPour adapter ce manga légendaire et populaire en une version live, la partie la plus difficile a été de trouver un scénario, des costumes, un casting, etc. qui satisferaient les fans de l'œuvre originale. Nous avons beaucoup discuté avec Maître Katsura, l'équipe de production et l'équipe de scénaristes, et j'ose croire que nous sommes arrivés à la meilleure série possible.

Et votre plus grande fierté ?

Produire cette série, et recevoir l'approbation de Maître Katsura pour mon travail !

© Masakazu Katsura/SHUEISHA, "WING MAN" Film Partners

Wing-Man possède de multiples transformations et attaques spéciales. Laquelle est votre préférée et pourquoi ?

J'aime particulièrement la silhouette quadrillée pour la transformation, le spiral cut et le delta end.

Le power-up classique (il ressemble au costume de Gavan) et son attaque ont vraiment été bien pensés, et je pense que personne d'autres que Maître Katsura n'aurait pu les imaginer.

Quelles sont vos attentes pour cette série, tant au Japon qu'à l'étranger ?

Nous espérons qu'elle sera appréciée par les fans de tokusatsu et les fans de séries japonaises. De plus, nous espérons qu'elle amènera un nouveau public à s'intéresser à tous ces aspects de la production télévisuelle japonaise. J'aimerais être reconnu pour mon travail dans l'animation, et le live action.

Peut-on espérer l'obtenir en France ?

Je l'espère. Nous la présenterons au MIPCOM. (NdlR : le Mipcom est un salon international de vente de droits de séries télévisé qui a lieu à Cannes tous les ans depuis 40 ans)

Vous pouvez nous dire la vérité, vous vouliez travailler sur ce projet uniquement pour assister au casting des Wing-girls, n'est-ce pas ? (rires)

Pas facile de répondre à cette question ! Cependant, nous avions seulement 10 épisodes pour cette série, ce qui signifie que nous nous sommes concentrés sur l'essentiel de l'œuvre originale : une histoire de héros tokusatsu classique, avec pour protagoniste un jeune garçon qui aspire à en devenir un et qui grandit en interagissant avec les autres. En réalité, je n'ai pas pu donner beaucoup de poids aux alliés féminins de Wingman parce que j'ai dû réfléchir à la manière de condenser au mieux l'essentiel. J'aurais voulu relever plus de défis, à vrai dire. (rires).

Lorsque cette série aura remporté le succès qu'elle mérite, cela ouvrira-t-il la porte à plus d'adaptations de manga en tokusatsu ?

Si ce projet réussit et que les ventes s'étendent à l'international, je pense que ce genre de productions pourrait connaître un véritable essor.

Avez-vous déjà des licences en tête ?

Il y a plusieurs œuvres originales que j'aimerais transposer en prises de vue réelles. Je reçois également des suggestions de créateurs que je connais. J'accumule les idées de projets afin de pouvoir les développer le moment venu. Je déterminerai alors le média le plus approprié pour les adapter.

Envisagez-vous d'adapter Zetman ?

L'anime de Zetman est déjà proche de la perfection, et je pense qu'il sera très difficile de surpasser cette qualité dans une adaptation en prise de vue réelle.

Et My Hero Academia ?

Bien sûr, il s'agit d'une œuvre que j'adorerais voir en live-action ! Cependant, j'ai lu un article indiquant que des discussions avaient déjà lieu autour de cette licence, et il semble que l'on parle d'un budget pharaonique...

Quelles sont les 3 meilleures séries à regarder après avoir apprécié wingman ?

Il est très difficile de choisir, mais j'aimerais que les gens regardent Super Sentai Saikyou Battle, Lupin Ranger vs Patranger et Space Squad. Il y a aussi le dernier Kamen Rider Gavv.

© Masakazu Katsura/SHUEISHA, "WING MAN" Film Partners

Découvrez la carrière de Masayuki Yamada

Vous êtes allé à l'université aux États-Unis (Oklahoma) pour étudier le cinéma et la vidéo. Comment êtes-vous devenu un fan du 7e art ?

Masayuki Yamada : Lorsque j'étais à l'école primaire, mon père m'a emmené au cinéma pour voir un film de monstres (Godzilla). C'était ma première expérience cinématographique. Je me souviens encore très bien d'avoir été entraînée dans l'histoire par les kaijûs terrifiants à l'écran et le son qui résonnait dans mes oreilles. Fasciné par les histoires et les personnages que je rencontrais dans les films, je voulais participer à la production cinématographique et proposer des histoires intéressantes à des personnes de cultures différentes dans le monde entier. J'ai ensuite décidé d'étudier l'anglais et le cinéma à l'université, aux États-Unis, afin de goûter à une culture cinématographique authentique. Je pense que les films offrent de nombreuses possibilités, qu'ils permettent d'apprendre des valeurs différentes des nôtres et de voir la vie à travers le regard d'autres personnes.

Quel enseignement du département cinéma utilisez-vous encore comme référence tous les jours ?

Le cours portait principalement sur l'histoire du cinéma, la théorie de la mise en scène et le genre, mais l'une des leçons les plus mémorables a été l'analyse des différents points de vue et comportements des personnages à travers les films de réalisatrices. Je ne sais pas si c'est tout à fait utile aujourd'hui, mais j'espère qu'en tenant compte des positions respectives des cinéastes et des spectateurs, ainsi que de leur diversité, dès la planification et de l'écriture des scénarios, nous pouvons satisfaire plus de monde grâce à nos films. Je travaille chaque jour dans l'espoir de rendre toujours plus de gens heureux.

Et c'est un peu évident, mais quel est votre film préféré de tous les temps ?

12 hommes en colère, Les Septs Samouraïs et The Dark Knight. Je suis désolé de ne donner que des films qui parlent d'histoires d'hommes, mais je les trouve divertissants, d'autant plus qu'ils donnent à réfléchir et traitent de tragédies et de joies humaines. Je pense que ce sont des chefs-d'œuvre dont l'influence sur le reste du cinéma a été grande. Ces dernières années, j'ai été très inspiré par l'univers et l'imagerie de Game of Thrones, dont on parle encore aujourd'hui.

Pourquoi avez-vous postulé à Toei après avoir obtenu votre diplôme ?

Bien que les œuvres d'animation japonaises soient aujourd'hui mondialement connues, lorsque j'étais étudiant, j'ai pu constater de visu le peu de films japonais distribués dans les cinémas et sur DVD aux États-Unis. J'ai donc voulu travailler pour une société avec la capacité d'apporter les premiers contenus japonais sur les marchés étrangers. Je savais depuis longtemps que Toei était l'un des principaux studios du Japon et je le voyais capable de mettre en œuvre ce projet.

Au cours des dix premières années passées à Toei, avant de devenir producteur, vous avez occupé différents postes. Pouvez-vous nous raconter quelques anecdotes de cette époque ?

L'industrie japonaise de la téléphonie mobile a connu une évolution unique avant l'avènement du smartphone. Les PHS (NdlR: Personal Handyphone System, téléphonie mobile sur une fréquence différente du GSM) ont formé à eux seul une industrie majeure et à part entière, grâce au développement de services détaillés (une grande variété d'informations, de contenus musicaux et vidéo), uniques au Japon.

Toei Video possédait une expertise dans la production de sources sonores MIDI grâce à son activité de karaoké. Elle a ensuite transféré ce savoir-faire à la production de sonneries pour téléphones portables issues de films, de dramas et de films d'animation, activité qui a connu un fort développement grâce au site de vente qu'elle avait développé. En parallèle, l'entreprise a développé une section d'information sur les films ainsi qu'une boutique en ligne. J'ai travaillé dur pour transformer tout cela en un média qui nous soit propre..Plus tard, j'ai rejoint le département de distribution de DVD et de production d'offres spéciales, en mettant à profit mon expérience dans la gestion de la boutique en ligne. J'étais aussi chargé de la planification des produits et du marketing auprès des acheteurs, afin de maximiser la promotion des ventes et la rentabilité de chaque œuvre.

J'ai également participé à la planification de vidéos et d'offres spéciales pour les fans de Dragon Ball, One Piece, Kamen Rider, Super Sentai, etc.

© Masakazu Katsura/SHUEISHA, "WING MAN" Film Partners

Quelles sont vos principales références dans le genre ?

Cela peut paraître trivial, mais Marvel, DC et les superproductions hollywoodiennes sont mes principales références, et je m'y réfère en termes de vision du monde, de mise en place d'une histoire et de distribution d'un film destiné à un public adulte.

Chers lecteurs, vous l'aurez compris, l'auteur de ses lignes n'a plus qu'une attente, que la licence soit achetée pour que la série Wingman arrive dans notre contrée. Si j'avais un livre de rêves, ce serait assurément un vœu que j'écrirais dans le cahier…