Oldelaf sans Monsieur D Un succès qui repose sur les fans

Comme bon nombre de musiciens indépendants, Oldelaf a été découvert par un public qui est aujourd'hui essentiellement composé de fans. C'est eux qui ont permis à l'artiste de se faire connaître par le biais d'Internet et de réaliser une tournée dont beaucoup de dates étaient complètes.

'je veux continuer à être insolent, impertinent, je ne veux pas rentrer dans un
"Je veux continuer à être insolent, impertinent, je ne veux pas rentrer dans un moule" © Mathilde Chevallier / L'Internaute Magazine

 L'Internaute Magazine : J'ai entendu une de vos fans dire "Oldelaf, j'aimerais que tout le monde le connaisse. En même temps, s'il devient connu, j'ai peur que sa musique ne devienne trop commerciale". Pensez-vous que vous pourriez devenir plus "commercial" ?

Oldelaf : Je pense qu'il y a des gens qui sont allergiques au fait que les choses se vendent. Si être commercial c'est que ça se vende, alors oui, autant que ça soit commercial ! Je serai très content que mes chansons se vendent. Ce qui change, c'est la manière dont tu conçois les chansons... Et j'espère le plus longtemps possible pouvoir faire des chansons comme je l'entends. Le truc, c'est que plus tu gravis d'échelons, plus tu montes et tu vends, et plus il y a de gens qui se raccrochent à ton projet. Plus ils te font confiance et aiment ce que tu fais et plus ils cherchent à te faire changer ce que tu fais. Il y a un paradoxe. En s'impliquant dans le projet, les gens veulent apporter leur touche. C'est ces compromis-là qui peuvent être dangereux. Des fois on se retrouve à blâmer l'artiste parce que des gens ont voulu lui imposer quelque chose. C'est ce qu'il s'est passé avec Tim Burton, quand il a réalisé la Planète des Singes, mais ce n'est pas lui le problème. C'est la méthode américaine, ce sont des producteurs qui sont allés le chercher pour son nom mais ils avaient déjà un projet avant son arrivée. Et ça, je ne veux pas que ça m'arrive.

'je rêve de pouvoir travailler tranquille'
"Je rêve de pouvoir travailler tranquille" © M. Chevallier / L'Internaute Magazine

Je ne sais pas de quoi l'avenir sera fait, ce dont je rêve c'est d'avoir la confiance des gens pour pouvoir travailler tranquille avec des gens de qualité pour continuer à apprendre et progresser. Mais je veux continuer à être insolent, impertinent, je ne veux pas rentrer dans un moule. C'est sûr que si c'est possible d'avoir un meilleur son ou des chansons plus léchées, si c'est ça qu'on appelle commercial, ça risque de l'être, en effet. Je ne ferai plus un album enregistré sur un coin de table avec un dictaphone. Mais je n'ai pas envie non plus de faire de la "dance", de vendre mes fesses. Que ce soit clair, par contre, je n'ai rien contre le fait de gagner de l'argent avec mes chansons ! Plus il y aura de gens qui écouteront mes chansons, plus elles seront populaires, et plus je serai content.


 L'Internaute Magazine : Vous avez lancé le financement du clip par les fans sur Internet, ce qui était assez novateur, et surtout, il y a eu un véritable engouement. Comment avez-vous réagi en voyant l'ampleur de la participation ?

Oldelaf : Bah comme on peut réagir : j'ai piqué l'argent de la caisse et je me suis acheté une nouvelle voiture. Tout le monde aurait fait pareil. Bien sûr, il n'y aura jamais ce clip, je vais partir sur une île déserte avec l'argent. Non, c'est de la fierté, c'est vraiment génial. J'ai toujours été en dehors des circuits médiatiques normaux, moi je suis un enfant d'Internet en tant que chanteur, j'ai vécu ma vie de chanteur grâce à ça. Internet, c'est un média volontaire : les gens cliquent et vont vers ce qui les intéresse. C'est pas comme la radio ou la TV qui livrent une liste toute prête. Le public m'a toujours porté sur Internet, m'a permis de faire tout ça. J'en suis très fier, ils se sont battus pour m'aider à passer les échelons, c'est le cas avec le financement du clip, la somme est incroyable (ndlr : un peu plus de 16 000 € laissés par 500 personnes). Tous ces gens misent parfois beaucoup d'argent, parfois pas trop, ce qu'ils peuvent. Mais ce "pas trop" nous aide énormément, 100 personnes qui mettent 2€, c'est vraiment une somme conséquente pour pouvoir lancer le tournage du clip. C'est vraiment génial et moi je dois tout aux gens, à mon public. C'est eux qui ont fait le succès de mon bazar...

le projet a été lancé sur le site kiss kiss bank bank : plus de 16 000 € ont été
Le projet a été lancé sur le site Kiss Kiss Bank Bank : plus de 16 000 € ont été récoltés pour le tournage d'un nouveau clip. © Oldelaf / Kiss Kiss Bank Bank