Les grands moments de l'histoire de la photographie Pictorialisme et Straight Photography

 Le mouvement pictorialiste (1890 - 1920)

Né en Angleterre, le pictorialisme est le premier mouvement artistique construit autour de la photo. Il va prendre une dimension internationale. L'idée est de développer l'aspect artistique et technique de la photo par un travail à partir des objectifs et des procédés alternatifs (tirages au charbon, tirages platines, à la gomme bichromatée, au bromol, virages...) pour obtenir un rendu unique, comme en peinture. 

L'ambition de ce mouvement n'est pas de faire émerger la photographie comme une nouvelle discipline avec une finalité propre, mais de faire reconnaître sa proximité avec la technique de la peinture, art respecté et reconnu par excellence. On cherche ainsi à flouter les images pour masquer le surplus d'information, on crée des mises en scènes symboliques dignes des plus grands tableaux, on divulgue enfin une vision du romantisme photographique.

Les grands tenants du pictorialisme sont l'américain Edward Steichen, René le Bègue, Robert Demachy, Constant Puyo, Ernst Juhl, Alfred Stieglitz et Clarence Hudson White, Peter Henry Emerson.

Une époque en total bouleversement artistique

Au début du XXe siècle, l'art est en pleine effervescence : nihilistes, formalistes, cubistes, dadaïstes, et surréalistes ne manquent pas d'influencer la pratique photographique. La photographie apparait comme un médium que l'on peut manipuler à souhait pour transfigurer le réel. Man Ray expérimente toutes sortes de choses : surimpressions, solarisations (fait d'exposer un tirage non encore fixé à la lumière pendant un temps très bref pour faire griser les blancs), collages, photogrammes (action directe de la lumière sur le papier), rayogramme...

La Straight Photography, mouvement initié par l'américain Paul Strand, s'inspire de cette liberté pour s'opposer au pictorialisme et glorifier une image nette, dynamique, objective et résolument moderne, à l'image du constructivisme.

Paris et New-York deviennent des capitales artistiques qui attirent un grand nombre de photographes étrangers comme les hongrois Robert Capa, André Kertész, et Gyula Halász Brassaï... 

Deux numéros spéciaux de la revue "Arts et Métiers" sortent sur la photographie. La photo acquiert enfin ses lettres de noblesse.