"Il est temps de rendre ce vaccin obligatoire" : l'appel de la Ligue contre le cancer pour "mettre un terme" à un cancer fréquent
Il pourrait être éradiqué, ou presque, grâce à la vaccination. Environ 6 400 cas de cancers pourraient ainsi être évités chaque année en France. "Nous pourrions (y) mettre un terme dès demain grâce à une solution simple et sûre", appelait au début du printemps Philippe Bergerot, le président de la Ligue contre le cancer.
Ce virus qui touche 80 % des femmes et des hommes dans leur vie peut être à l'origine de cancers du col de l'utérus, mais aussi du vagin, de la vulve, du pénis, de l'anus et de l'oropharynx (une partie du pharynx située dans la gorge). "Pourtant, ces cancers pourraient être évités grâce à une vaccination dès l'adolescence", rappelle la Ligue contre le cancer. Cette solution, c'est le vaccin contre le papillomavirus humain (HPV).

La vaccination contre le papillomavirus est recommandée en France chez les filles et garçons entre 11 et 14 ans. Les adolescents jusque 19 ans peuvent également se faire vacciner en rattrapage, et jusqu'à 26 ans pour les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes. Une campagne de vaccination gratuite dans les collèges est organisée depuis l'année scolaire 2023-2024. Cette vaccination des élèves de 5e "a permis une amélioration importante de la couverture vaccinale", d'après l'Assurance maladie. Près de 420 000 adolescents de 12 ans ont en effet été vaccinés, portant la couverture vaccinale à près de 50 % en France.
Mais cela ne suffit pas. "La couverture vaccinale reste insuffisante et inégalitaire selon les territoires", regrette la Ligue contre le cancer. Alors que les objectifs de couverture vaccinale sont de 80 %, en Corse, en Île-de-France en Provence-Alpes-Côte-d'Azur, elle atteint à peine 46 %. La situation est encore plus inquiétante dans les DROM, où moins de 25 % des adolescents sont vaccinés en Martinique et à la Réunion.
Pour la Ligue contre le cancer, la solution est simple : "Il est temps de rendre ce vaccin obligatoire. C'est la seule manière d'assurer une couverture universelle, d'éliminer les inégalités et d'éradiquer les cancers" liés au papillomavirus", estime Philippe Bergerot. Plusieurs pays ont prouvé que cela était possible : l'Australie et l'Angleterre ont atteint l'objectif des 80 % d'adolescents vaccinés. La couverture vaccinale a même atteint près de 90 % au Danemark, qui a récemment annoncé que le cancer du col de l'utérus devrait y être éradiqué d'ici 2040.
La vaccination n'est pas le seul moyen d'éviter le cancer du col de l'utérus : le dépistage joue également un rôle majeur. Il reste nécessaire, à partir de 25 ans, même chez les femmes vaccinées contre le papillomavirus. En France, le dépistage est lui aussi loin des objectifs fixés. Des efforts sont donc encore à faire, tant pour augmenter la vaccination contre les papillomavirus que le dépistage du cancer du col de l'utérus, pour espérer éradiquer ces infections et ce cancer au cours des prochaines décennies.