Pesticides dans les urines et enfants contaminés : Santé publique France donne 6 consignes aux ménages pour limiter leur exposition
Ce n'est hélas pas une surprise. Les personnes qui vivent près des vignes sont plus exposées aux pesticides que celles qui vivent loin des cultures. C'est la conclusion d'une étude de Santé publique France et l'Anses (l'Agence nationale de sécurité sanitaire), dont les résultats - très attendus - ont été présentés ce 15 septembre 2025. L'étude, "inédite et d'une ampleur sans précédent" selon Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France, a été menée dans 6 régions françaises. Au total, 56 substances ont été mesurées pendant plusieurs mois dans l'air extérieur, dans les maisons et dans les urines et cheveux de près de 2 000 adultes et 750 enfants.
L'étude a notamment montré que "les pesticides recherchés ont été retrouvés dans la quasi totalité des échantillons d'urine". Les enfants de 3 à 6 ans sont particulièrement contaminés. Dans l'air, les niveaux de pesticides sont "jusqu'à 12 fois plus élevés" près des vignes que dans les zones éloignées. Aussi, elle a mis en évidence une "exposition plus élevée" pendant la période de traitement des vignes. Si les auteurs de l'étude recommandent bien sûr de "limiter l'utilisation des produits phytopharmaceutiques au strict nécessaire" pour réduire l'exposition de la population aux pesticides, il est possible d'agir individuellement.

Il n'y a en effet pas que les pratiques agricoles qui ont un impact sur l'exposition aux pesticides. D'abord, les contacts avec l'environnement sont importants dans les zones proches des cultures. "L'exposition augmente avec la durée d'aération du logement et avec le temps passé à l'extérieur", précisent Santé publique France et l'Anses. Ces deux dernières ont rappelé quelques gestes du quotidien qui "permettent de limiter l'exposition".
Il s'agit d'enlever ses chaussures en entrant chez soi, de nettoyer les sols au moins une fois par semaine avec une serpillère ou un aspirateur ou encore de faire sécher son linge à l'intérieur en période de traitement. Concernant l'alimentation, les deux agences recommandent d'éplucher les fruits et légumes du jardin avant de les manger, et de consommer le moins possible d'œufs qui proviennent de poulaillers domestiques en zones agricoles. Enfin, il est conseillé d'avoir une VMC chez soi.
Les quantités de pesticides mesurées n'ont pas été communiqués : les données "ne permettent pas, à elles seules, de déterminer les risques sanitaires associés aux expositions", rappellent les deux autorités. Globalement, les risques pour la santé des pesticides sont encore mal connus, surtout dans la population générale. Certaines maladies associées aux produits phytosanitaires sont officiellement inscrites en tant que maladies professionnelles agricoles : le lymphome, le cancer de la prostate ou encore Parkinson. D'autres études doivent donc être menées pour mieux connaître l'exposition de la population à ces substances, et les risques que cela pose pour leur santé.