Même dans les stades de foot, les Anglais ne font rien comme les autres - cette règle unique leur permet d'écraser la France

Même dans les stades de foot, les Anglais ne font rien comme les autres - cette règle unique leur permet d'écraser la France Tout n'est pas qu'histoire d'argent : la domination des clubs anglais sur le football français et même européen est aussi liée à une culture du ballon rond, préservée par une règle méconnue.

L'Angleterre aime entretenir ses particularités : comme le Boxing Day, ce fameux lendemain de Noël où la Premier League est le seul championnat d'Europe à proposer des matchs, d'autres traditions font le prestige du football britannique. L'une d'entre elles est même fondamentale pour comprendre la domination des clubs anglais sur le football européen : le "3pm blackout" (la "coupure de 15 heures"). 

L'origine de cette règle remonte à la fin des années 1950, lorsque les autorités du football anglais ont décidé de mettre en place une période de "blackout" pour les matchs. Cette règle interdit les diffusions télévisées des rencontres entre 14h45 et 17h15 le samedi. Ainsi, les matchs qui commencent le samedi à 15h ne sont jamais retransmis en direct au Royaume-Uni. Entre deux et cinq matchs de haut niveau sont concernés chaque week-end, mais aussi tous les matchs étrangers qui se déroulent pendant ce créneau !

Cette tradition, qui diminue pourtant les droits TV que pourraient percevoir les clubs anglais, est en réalité une aubaine pour l'image et la santé économique du championnat. L'objectif premier est de garantir que les fans se rendent au stade plutôt que de regarder les matchs à la télévision et cela assure de superbes ambiances et des stades pleins - y compris l'hiver.

Les retombées financières sont en réalité énormes, notamment en termes de billetterie. Les ambiances spectaculaires du championnat anglais assurent en outre des droits TV décuplés à l'étranger. Une autre conséquence positive de cette règle est le renforcement du football amateur et des divisions inférieures. En offrant un créneau horaire dédié aux matches de l'après-midi, les petits clubs locaux attirent en effet un public plus nombreux, favorisant ainsi le développement de la culture du football.

Les clubs de Football League One, troisième division anglaise, accueillent ainsi en moyenne 10 611 spectateurs par match, soit presque cinq fois plus que le National, la troisième division française (2240 spectateurs en moyenne). L'écart est même de plus en plus grand en descendant les divisions : la Football League Two (4e division) accueille 5712 spectateurs en moyenne par rencontre, contre à peine plus de 500 en National 2 (4e division française). Même si ce "blackout" n'est pas l'unique raison de ces écarts vertigineux, il explique en partie les affluences inégalées des petits clubs anglais par rapport à la France mais aussi à d'autres pays.

Cette tradition, bien qu'ancienne, est restée solidement ancrée dans la culture du football en Angleterre et renforce aussi la cohésion sociale, la solidarité et la vie de quartier. En dépit de l'essor de la télévision, de la diffusion en continu et de la demande croissante pour des créneaux horaires flexibles pour les matchs, les clubs de foot anglais continuent de respecter cette règle du "blackout" du samedi à 15 heures.

Cette tradition n'est toutefois pas exempte de controverses au Royaume-Uni. Certains estiment que la règle du "blackout" à 15 heures le samedi après-midi est obsolète et que les diffuseurs devraient être autorisés à diffuser ces matches, pour augmenter les revenus des droits TV. La règle a ainsi été assouplie récemment pour certains matches de la Premier League.