"Notre dernier moment ensemble était très doux" : Cléo Léonard, la femme d'Herbert Léonard, se confie après sa disparition
Un témoignage poignant, entre souvenirs intimes et dur constat sur l'oubli. Cléo Léonard, la veuve d'Herbert Léonard, fait la tournée des médias pour présenter un album posthume du chanteur, disparu le 2 mars dernier des suites d'un cancer du poumon. Mercredi, elle était l'invitée de France Info pour évoquer la sortie de "Je voudrais te parler de moi", disque qu'il avait commencé d'enregistrer avant son décès.
"C'est un travail qu'il avait commencé avec joie, avec plaisir", confie sa veuve. "Il a mis du temps à le faire, parce qu'il tenait à un technicien plutôt qu'à un autre, parce qu'il y avait des périodes où il était moins en forme... Ce n'est pas le genre d'album qu'on fait en deux mois ou en deux semaines."
L'album, qui sort chez Tempesti, la maison de disques historique du chanteur, contient huit titres inédits, dont certains particulièrement chers au cœur d'Herbert. Comme l'explique Cléo, "il a fait un mix de chansons déjà enregistrées ou d'autres plus anciennes qui n'avaient pas été exploitées, et deux trois choses nouvelles, dont un ou deux titres qu'il aimait particulièrement."
Si elle assure aujourd'hui avec énergie la promotion de ce disque, Cléo Léonard revient aussi en toute franchise sur les derniers instants de son mari. "Il est parti tellement vite… Le dimanche précédent il avait fait un gala, le lundi une chimio et ça s'est dégradé juste après", confie-t-elle aussi à Paris Match. En à peine un mois, le cancer d'Herbert est passé "d'un nodule sans métastase à quatre nodules avec métastases."

Conscients tous deux que la fin était proche, le couple a eu le temps d'évoquer ensemble ses dernières volontés. "La seule chose qui terrorisait Herbert, c'était l'agonie", explique Cléo. "Quand le médecin lui a expliqué qu'il ne lui restait plus que quelques jours à vivre, je crois qu'il a été soulagé." Quelques jours plus tard, le 2 mars, Cléo rend une dernière visite à son mari à l'hôpital, sans savoir que ce serait la dernière. "L'après-midi a été délicieux, il m'a charmée en me chambrant, a fait rigoler notre fille. Mais ça me va, notre dernier moment ensemble était très doux."
Au fil des interviews, celle qui a partagé 57 années de la vie d'Herbert Léonard revient aussi sur leur rencontre en 1967, leur mariage tardif en 2004, leurs hauts et leurs bas. Avec un mélange de tendresse et de lucidité, elle évoque les infidélités de son mari à l'époque de son immense succès dans les années 80. "Je savais qu'il était infidèle. Je lui ai toujours dit 'si tu as un problème, on se sépare'. Mais sinon tu rentres à la maison et on parle d'autre chose", raconte-t-elle sans détour.
Malgré les épreuves, le couple est resté soudé, porté par un amour indéfectible et la présence de leur fille unique Éléa. Jusqu'au bout, Cléo aura été le roc d'Herbert, l'accompagnant dans son retour sous les projecteurs en 2020 après un AVC en 2017. "C'est à ce moment-là que j'ai fait mon deuil", confie-t-elle à Paris Match. "Je l'ai vu mort pendant cinq semaines puisqu'il était plongé dans un coma profond. Quand il est revenu, il n'était plus que l'ombre de lui-même."
Aujourd'hui, si elle assure avec force et détermination l'héritage artistique de son mari disparu, Cléo Léonard ne se fait guère d'illusions sur la postérité. Lors de son passage sur France Info, elle lâche ce constat glaçant : "Je pense qu'on oublie forcément les gens, une fois que ceux qui les aimaient meurent".